Emploi informatique : l'étale de l'embauche pressentie pour 2013 tend à se confirmer
Au baromètre de l'emploi des cadres, l'offre d'embauche en informatique au premier trimestre 2013 est un léger repli (-2%) par rapport à l'an dernier. Même tendance prévue pour le second trimestre. Avec cependant 85% des employeurs du secteur IT qui envisagent de recruter avant l'été.
Au mieux 38 000 recrutements dans l'année, au pire 33 500. Soit ni plus ni moins qu'en 2012. Telle était, en début d'année, l'évolution de l'embauche d'informaticiens prévue pour 2013 par le panel d'entreprises suivi par l'Apec. Le point d'étape (note de conjoncture trimestrielle et relevé mensuel des offres d'emploi) publié cette semaine tend à confirmer le second scenario, celui du statu-quo.
Certes, 85% des employeurs du panel déclarent vouloir embaucher au moins un informaticien (toutes catégories confondues) au second trimestre. Mais c'est six points de moins que l'an dernier même période. Le contraste reste entier avec les relevés concernant l'ensemble des cadres, pour lequel le taux d'intentions d'embauche est presque deux fois moindre, à 46 %, en recul lui aussi de quatre points. Selon l'Apec, ce constat de repli général reflète la fragilité de la situation de l'emploi des cadres, d'autant plus qu'il touche plus particulièrement les secteurs locomotives et les plus concernés par l'embauche de jeunes diplômés, c'est-à-dire les activités informatiques (-6 points) et l’ingénierie & R&D (-9 points).
Mois après mois, la tendance au repli (léger pour l'instant) de l'embauche d'informaticiens se confirme. En mars, avec 14 464 annonces recensées par l'Apec pour la fonction informatique, le volume de l'offre d'emploi est de 6 % inférieure à celui de l'an dernier même mois. En tendance annuelle (d'avril 2012 à mars 2013), la progression de l'offre reste néanmoins positive (+4 % sur douze mois glissants). Le même relevé en février donnait un recul mensuel de -4% et une progression annuelle de +6%. Mais en janvier, la tendance était encore à la progression tant pour le relevé mensuel (+5%) que pour la progression annuelle (+8%).
Recul du turnover et manque de visibilité
Comme pour l'ensemble des catégories de cadres, l'explication donnée au recul des intentions d'embauche pour le trimestre en cours est, en premier lieu, l'absence de départs. La baisse du turnover est certes sensible dans les activités informatiques comme ailleurs. Mais trois employeurs sur dix de ce secteur l'expliquent surtout par la mauvaise conjoncture économique. Dans l’ingénierie-R&D, c'est clairement l'absence de perspectives de développement de l’activité qui est mis en avant.
Ce manque de visibilité (voire absence de perspective) se devine également derrière le différentiel du volume d'annonces entre les différents domaines d'emploi IT. Au premier trimestre, l'offre d'emploi en informatique, tous métiers confondus accuse un léger repli (-2%) et seuls les métiers du web (sites, portails et autres développements internet) continuent de susciter une progression de l'offre à deux chiffres. Pour la catégorie informatique de gestion, la progression est de 9 % pour le trimestre, de 4 % en cumul sur douze mois glissants. Du côté des systèmes, de l'exploitation/maintenance ou de l'informatique industrielle, c'est déjà l'étale. Et – signe probable d'une baisse de lancement de projets – , l'offre est en net recul pour les métiers des catégories « maîtrise d'ouvrage et fonctionnel » et « direction informatique ».
De ce fait, le nombre de postulants par offre d'emploi est lui aussi en hausse (de 19 candidats à 26 cette année). Et, paradoxe habituel, les difficultés à recruter signalées par les employeurs ne s'atténuent pas pour autant. L'état des lieux de l'Apec montre en effet que deux-tiers des recruteurs (toutes catégories de cadres confondus) disent rencontrer des difficultés à pourvoir les postes ouverts à l'embauche, là où, en informatique, 81% des chargés de recrutement confirment la persistance de cette tension (contre 79% l'an dernier même période). « 30% des recrutements d'informaticiens sont même jugés très difficiles », précise l'Apec.
Par ailleurs, 39 % des entreprises qui recrutent au deuxième trimestre 2013 se déclarent ouvertes à l’embauche de jeunes diplômés; mais la proportion est en baisse de quatre points par rapport au deuxième trimestre 2012. Et ce, du fait du recul des prévisions d'embauches de secteurs qui les recrutent directement au statut de cadre – en particulier l’ingénierie-R&D et les activités informatiques – mais aussi parce que, dixit l'Apec, « dans un contexte économique difficile, les entreprises ont souvent davantage d’appréhension à recruter des jeunes diplômés qu’il faudra former ». Là encore, récurrence du paradoxe, entre appréhension à miser sur du sang neuf, et difficulté à attirer les candidatures voulues !