NoSQL : des entreprises américaines affûtent leur stratégie en Europe
Sentant un trouble dans le modèle relationnel, DataStax, 10Gen et Coucbase avancent leurs pions sur le Vieux Continent, espérant s’engouffrer dans une tendance propice à l’adoption de nouvelles technologies et de nouvelles architecture en matière de bases de données.
DataStax, CouchBase et 10Gen, des spécialistes de bases NoSQL, ont décidé de monter d’un cran leurs activités en Europe et de s’établir sur le Vieux Continent. Tous sentent un fléchissement du modèle relationnel et de ses colonnes et lignes trop nettes. DataStax, dont l’activité repose sur une distribution de la base de données en colonne Open Source Cassandra, vient ainsi d’ouvrir ses bureaux européens à Londres.
Matt Pfeil, co-fondateur et vice président de DataStax, considère les derniers résultats d’Oracle, qui a manqué ses objectifs, comme un signe révélateur d’une rupture sur le marché traditionnel des bases de données relationnelles.
« La rupture est venue du Cloud et de nouveaux arrivants, comme nous, à l’origine de projets fondamentalement différents par rapport à la base Oracle, des projets plus efficaces pour de vraies applications en ligne, où les performances et la disponibilité comptent plus que le reste, surtout sur des serveurs de commodité », explique-t-il. Selon Pfeil, Cassandra, utilisée à l’origine chez Facebook, « a été développée d’abord comme une base de données en ligne, avec un niveau de disponibilité de 100%, Que vous perdiez un serveur ou un datacenter, le système reste accessible dans son ensemble ».
« Il est ici question de millisecondes. Amazon dirait que pour chaque 100 millisecondes de latences dans l’expérience utilisateur, vous perdez 1% de vos revenus. Google dirait également que pour 500 millisecondes de latences, ce sont 20% des revenus qui s’envolent. Ainsi, l’indisponibilité est néfaste, et ce, de façon incrémentale. » Pfeil fait ensuite référence aux 25 millions de dollars, rassemblés par Google en 1998. « Poue indexer Internet avec si peu d’argent, il a dû s’appuyer sur du hardware de commodité. Cette approche est aujourd’hui utilisée partout », ajoute-t-il.
Une base de données qui répond aux besoins
DataStax est l’entité commerciale derrière Cassandra et propose des fonctions de sécurité de classe entreprise dans DataStax Enterprise (DSE) 3.0. Cassandra est une base de données online avec une architecture distribuée en pair-à-pair, utilisée par des entreprises, comme Netflix, Spotify, William Sonoma et Pearson Education.
Pfeil soutient que « Netflix a décidé de passer à AWS. Ils souhaitaient une base de données qui pouvait répondre à leurs exigences en matière de disponibilité et de performances sur Amazon, qui n’est pas le plus stable des environnements ». Ils ont choisi Cassadra par rapport Oracle, qui « aime le hardware très couteux ». Pour Pfeil, «la force de Cassandra réside dans sa disponibilité et ses performances. Son architecture P2P la différencie des autres acteurs NoSQL. Ils sont sur une architecture Master / Slave, ce qui rime avec temps d’indisponibilité ».
NoSQL = une nouvelle ère selon le CEO de Couchbase
Bob Wiederhold, CEO de Couchbase - dont les bureaux européens ont ouvert en mars 2012 à Londres -, semble lui aussi sonner le glas du modèle relationnel. « Cette époque qui a duré 40 ans où les bases de données relationnelles dominaient le mode, est en train de passer », explique-t-il.
« La question était alors : « quelle base relationnelle allons-nous utiliser ? cela a changé il y a trois ou quatre ans. […] Nous voyons aujourd’hui de plus en plus de NoSQL, et cette tendance va se poursuivre. Les développeurs d’applications auront à piocher dans plusieurs technologies de base de données - chacune faisant des compromis en terme d’architecture. »
Bob Wiederhold présentesa base orientée documents open source, Couchbase, comme particulièrement performante « pour les applications Web déployées sur des infrastructures virtualisées ou cloud ainsi que pour les applications mobiles nécessitant une synchronisation des données en temps réel entre le terminal et le cloud. »
Il se dit de plus sceptique quant au fait que la dernière version de MySQL, la 5.6, soit réellement portée vers le monde NoSQL et joue la surenchère sur le mouvement. NoSQL est populaire, affirme-t-il, « car il fait des choix architecturaux radicalement différents que les développeurs d’applications préfèrent utiliser pour leurs applications. Ajouter une fonction à une base de données relationnelle comme une forme de réponse à ce que les gens disent aimer, ne va pas changer ces différences fondamentales ».
Chaque technologie a ses avantages et ses inconvénients, ses forces et ses faiblesses et propose différents compromis, selon Wiederhold. « Parfois une technologie relationnelle comme MySQL est préférable. ».
Il soutient alors que « dans les mondes Big Data, de la mobilité et du jeu en ligne, les entreprises doivent être capables de dimensionner la base très facilement et dynamiquement. Vous pouvez avoir un million de nouveaux utilisateurs dans la nuit et avec MySQL, il est bien plus difficile de se mettre à l’échelle ». Bob Wiederhold affirme que « l’infrastructure derrière chaque application actuelle et future sera basée sur des technologies Open Source, que ce soit MySQL ou NoSQL ».
Une vision plus flexible d'autant que « l’approche Freemium » permet aux développeurs de télécharger et de tester en un clin d’oeil. « C’est très différent du modèle propriétaire. »
Parmi les clients européens de Couchbase, on retrouve Experian, Sky, Adidas, The Hut Group, Betfair, Unibet, Orange, SkyScanner, Navteq (une division de Nokia), Gamegos en Turquie et Scoreloop en Allemagne.
10Gen voit NoSQL comme un moteur de croissance
De son côté, Joe Morrissey, vice président EMEA de 10Gen, est un ancien cadre d’Oracle, qui a dirigé les activité MySQL en Europe. Il est aujourd’hui à la tête d’une entreprise dont le modèle économique s’adosse à MongoDB. Il reste confiant quant aux perspectives de croissance.
« Nous avons beaucoup progressé en 2012, de part l’adoption en entreprise. On trouve de nombreuses opportunités dans les services financiers, les télécoms, les médias et dans le gaming. Les entreprises réalisent que l’approche "taille unique" (one size faits all) est révolue. Le modèle relationnel est encore un puissant outil, adapté à de nombreux usages, comme une approche à double entrée. Mais la scalabilité, la flexibilité et l’agilité du modèle NoSQL font que la croissance sera de ce côté. »
MongoDB est une base de données orientée documents. Morrissey affirme que « lorsqu’un client regarde au delà de modèle relationnel, le premier déclencheur est d’abord la scalabilité. En général, ils ont atteint le maximum de leur performance. »
Souvent, poursuit-il, ils considèrent rapidement l’approche document. Cela résout le problème de scalabilité, mais vous ne perdez pas les fonctions de requête du relationnel avec le système clé valeur », explique-t-il. « Les entreprises doivent être de plus en plus agiles et ainsi les modèles de données doivent suivre. »
Le schéma des modèles de bases relationnelles est trop rigide, indique-t-il. Cela nécessite trop de travail. Le modèle orienté document, en comparaison, ne stocke pas les données en ligne ou en colonne, il ne comporte pas de schéma et vous pouvez dimensionner plus rapidement. »
« Nous assistons à une grande transformation de l’industrie des technologies », conclut-il.