Big Data Paris 2013 : l'incubateur Big Data est attendu
A l’occasion de la 2e édition du congrès Big Data à Paris, LeMagIT a tenté de comprendre quelles étaient les interrogations ainsi que les attentes de certaines start-up du secteur vis-à-vis de la création de la filière Big Data souhaitée par Fleur Pellerin.
Deuxième édition et déjà salle comble. Ce matin, l’ouverture de la seconde édition du congrès Big Data, qui ouvre ses portes jusqu’au 4 avril, a confirmé l'intérêt pour la thématique. Avec plus de 2 000 inscrits, l’événement est devenu une manifestation clé du IT en France, révélateur d’une tendance forte du marché.
Il faut dire également que cette tendance est en vue dans l’Hexagone, surtout depuis l’annonce par Fleur Pellerin de la création d’une filière Big Data dans le cadre du projet de quartier Paris Capital du numérique - susceptible d’être hébergé au sein de la halle Freyssinet. Cette filière, dont les contours ont été esquissés par Bertrand Diard, le Pdg de Talend (missionné via l’Afdel), vise notamment à donner à la France une place de choix sur l’échiquier Big Data mondial. Histoire de ne pas rater ce virage-ci, comme l’avait indiqué Bertrand Diard.
Ce matin, Tariq Krim, missionné également par Fleur Pellerin pour le projet global Paris Capitale du numérique - qui devrait inclure cette filière Big Data ,rappelons le -, et vice-président écosystème et innovation du Conseil National du Numérique, a confirmé lors de l’événement la nécessité « d’une vraie vision industrielle » autour du Big Data. L’écosystème en place est donc dans l’expectative, attendant de savoir ce qui se cache derrière cette filière et cette fameuse vision.
« Qu’entendons-nous par le terme filière. Aujourd’hui cela est quelque peu nébuleux car il existe déjà des entrepreneurs installés sur ce créneau qui n’ont pas attendu le gouvernement pour agir », explique Olivier Rafal, principal consultant au sein du cabinet Pierre Audoin Consultants, présent lors de l’événement. La France bénéficie en effet d’un terreau fertile avec quelques jeunes entreprises en vue, à l’image de Captain Dash, Dataiku, BIME, Virtual Scale côté éditeurs, ou encore Ysance et Keyrus côté prestataires de services.
« La France dispose déjà de spécialistes dans la gestion des données et dans le marketing opérationnel qui ont exploité le Big Data, sans la création d’une filière. D’un point de vue général, ce qui manque, c’est un cadre moins contraignant pour favoriser les développements d’activités, notamment autour de l’usage de la donnée », explique le consultant. Le décor est planté.
La filière, « c’est maintenant »
Evidemment, du côté des start-up, le discours se veut positif, parfois interrogatif. « On espère que cette filière facilitera l’accès aux subventions, explique Marc Batty, Chief Customer Officer de Dataiku, qui édite une plate-forme de création d’applications à base de composants Open Source et est actuellement basé au sein de l’incubateur parisien Agoranov. C’est surtout cela qui est difficile aujourd’hui : naviguer dans les méandres des les aides. Si cela permet de mettre en lumière les projets et les start-up Big Data et d’accéder plus rapidement aux aides, c’est un bon point. » Selon lui, les start-up hexagonales ont « besoin de confiance. Elles savent qu’il sera plus dur de lever des fonds qu’aux Etats-Unis, que la culture du risque n’est pas la même. Je trouve que cette initiative est positive, y compris si cela n’était pas relié directement au Big Data. »
Pour lui, le timing est également le bon. « Ils ne s’y sont pas pris trop tard. On voit que les start-up qui marchent aux Etats-Unis ont 2 ou 3 ans d'existence. Et 2 ou 3 ans de retard sur les US, c’est comme ne pas avoir de retard pour la France. […] On est dans le bon mouvement. »
Un timing clé
Reste à détailler la mise en application, nuance de son côté Sofiane Ammar, fondateur de Virtual Scale (qui édite notamment Datazoomr, présenté comme la première plate-forme Hadoop as a service en France), présent lors du Congrès Big Data à Paris. « Quel est le time-to-market pour monter cette filière : parlons-nous de 18, 24 ou 36 mois ? […] Si dans les douze prochains mois, les choses se mettent en place en matière de financement et de fiscalité, ça permettrait de crédibiliser cette approche de la filière de start-up », souligne-t-il rappelant qu’il s’agit ici de ne pas rater « l’étape créative de l’écosystème », comme cela a notamment été le cas dans le cloud.
Si, selon lui, « une filière s’est déjà créée autour d’une quinzaine d’entrepreneurs », il existe aujourd’hui « un écart important entre ces start-up et l'existence d'un marché Big Data en France, industriellement parlant. Il s’agit à terme de passer d'une poignée de early adopters à une phase industrielle », nous explique-t-il, estimant cet éco-système encore très fragile.
La filière promise devra en quelque sorte en être le ciment : « On espère que cette filière apportera une démocratisation de ces enjeux pour permettre à ces start-up de croitre » et éviter ainsi de retomber « dans un cycle classique avec une logique reposant sur de grands opérateurs », ajoute-t-il.
Un lieu qui favorise les synergies
Enfin, l’emplacement de cette filière pose également question pour les start-up interrogées dans le cadre du congrès Big Data. « Il faut essayer de massifier tous les incubateurs. Cette filière pourra également permettre de dédier des incubateurs aux start-up Big Data, et de créer des synergies entre projets, de partager des cas clients ainsi que des développements de produits. On sent déjà une émulation et un dynamisme dans les start-up parisiennes. Si, en plus, cela est dédié au Big Data, la dynamique devient très intéressante », ajoute Marc Batty.
« Au delà des éditeurs et des équipementiers traditionnels de l’IT, s’il faut créer une filière de start-up, il faut que cet écosystème puisse créer des modèles économiques qui soient conjoints, mais pas concurrents », ajoute de son côté Sofiane Ammar. Rapprocher les différentes briques du Big Data, de l’infrastructure au marketing en somme, pour réussir cette précieuse alchimie.