Oracle va dévoiler ses nouveaux serveurs Unix
C'est demain soir, à l'occasion d'un webcast mondial que Larry Ellison et John Fowler, le patron des serveurs du groupe US, devraient lever le rideau sur la dernière génération de serveurs Sparc à base de puce T5. Oracle pourrait aussi avoir un as supplémentaire dans sa manche et discuter de ses serveurs Sparc M5 destinés à remplacer l'actuel haut de gamme Sparc Enterprise.
En septembre dernier, à l’occasion de la conférence HotChips, Sun a largement levé le voile sur les caractéristiques et les performances de ses puces Sparc T5, laissant espérer une annonce des serveurs motorisés par la nouvelle puce lors d’OpenWorld, en octobre. Las. Les mois ont passé, et les Sparc T5 semblaient ne pas vouloir venir. C’est finalement le 26 mars 2013, que le constructeur lévera le voile sur les nouvelles machines. Larry Ellison et John Fowler (curieusement sans Mark Hurd) devraient en effet annoncer les nouveaux systèmes
lors d’un webcast qui se tiendra en Californie entre 13h et 14 h 30 (soit entre 21h et 22 h 30 en France). Oracle promet notamment d’y dévoiler des systèmes motorisés par la puce la plus rapide du monde.
Sun Sparc T5 : une refonte complète de l'offre de serveurs Solaris d'entrée/milieu de gamme Nul n’a d’idée précise sur les performances de la puce T5. L’engagement d’Oracle dans ses roadmaps se borne à fournir une bande passante 3 fois supérieure à celle des systèmes T4. La nouvelle puce est une évolution des Sparc T4 actuels. Elle embarque deux fois plus de cœurs qu’un Sparc T4 (16 contre 8) et adopte un processus de gravure plus fin (28 nm contre 40 nm). Le nombre de threads par cœur reste en revanche le même (8 par cœur). Selon Oracle, la bande passante mémoire devrait faire un bond important du fait de l’utilisation de 4 contrôleurs mémoire intégrés contre 2 précédemment. De même, les capacités d’entrées sorties devraient largement profiter du support du PCI-express 3.0 (contre PCI-e 2.x pour les Sparc T4). Selon plusieurs sources de LeMagIT, la fréquence de fonctionnement des processeurs devraient aussi faire quelques progrès pour atteindre les 3,6 GHz, contre 3 GHz pour le Sparc T4. Enfin, Oracle a dopé les capacités du bus système afin de permettre d’assembler des systèmes comprenant jusqu’à 8 processeurs (soit 1 024 threads). En dopant autant les capacités de ce qui est officiellement sa puce d’entrée de gamme, Oracle fait un pari intéressant, celui de concevoir des systèmes « économiques » capables de répondre à une large part des besoins de sa base installée. Ainsi, les nouveaux serveurs Sparc T5 - appelons les T5-2, T5-4 et T5-8, pour nous conformer à la nomenclature actuelle – devraient offrir des performances telles qu’ils satisferont non seulement les besoins de l’entrée de gamme mais aussi ceux d’une bonne partie du milieu de gamme Unix.
Pas de Sparc M10 au catalogue… Restera dès lors à Oracle à régler la question du haut de gamme. À l’occasion du lancement par Fujitsu de ses Sparc M10, LeMagIT, faute de réponse d’Oracle à la question de savoir si le constructeur commercialiserait ces machines, avait malicieusement titré son article en évoquant
les serveurs "Oracle Sparc M10". Il est vrai que les machines de Fujitsu sont affublées d’un logo Oracle plus gros que celui du constructeur japonais (la boutade n’a vraisemblablement pas été comprise au Japon, un responsable du planning produit de Fujitsu nous ayant remercié par mail de l’article, tout en soulignant notre « méprise » : les serveurs nous expliquait-il s’appellent bien Fujitsu Sparc M10 et non Fujitsu Oracle Sparc M10). En fait, si l’alliance entre Fujitsu et Oracle s’était poursuivie sur le même mode que celui discuté avec Sun, les Sparc M10 auraient figuré au catalogue d’Oracle et seraient venus remplacer les actuels Sparc Enterprise à base de puces Fujitsu Sparc 64 VII+. Mais là encore, Oracle a fait des siennes. Il a, semble-t-il, concocté une puce UltraSparc utilisant des cœurs un peu plus musclés que ceux du T5 (ressuscitant ainsi des concepts théorisés il y a plus de cinq ans, pour les systèmes Supernova, à base de puces UltraSparc Rock, finalement jamais lancés par Sun). Cette nouvelle puce baptisée Sparc M5 pourrait aussi être dévoilée lors de l’annonce de demain. Larry Ellison, lors de la présentation des résultats d’Oracle a en effet évoqué le lancement imminent des Sparc T5 et celui des M5, dont il n’avait jusqu’alors jamais parlé en public - la seule fuite jusqu'alors était venue lors de la publication de l'update 11 de Solaris 10 qui mentionne le support des puces Sparc T5, M5 et M10…Ainsi va la vie dans le monde Oracle. Le lancement des M5 pourrait être une bonne surprise en matière de performances et pourrait déclencher une vague de mise à jour bénéfique à l'écosystème Sparc, d'autant que les Sparc Enterprise actuels commencent à dater. Mais on peut se demander si cette n-ième surprise d'Oracle n'est pas non plus de nature à décourager certains clients : dans le monde des serveurs critiques, les clients préfèrent souvent les roadmaps stables et prévisibles aux surprises, fussent-elles bonnes… C'est d'ailleurs largement sur la méfiance et les doutes des clients qu'IBM a capitalisé pour laminer les parts de marché d'HP et Oracle avec ses serveurs Power. Big Blue s'est ainsi emparé de plus de la moitié du marché mondial alors qu'il n'en contrôlait qu'un tiers avant le rachat de Sun par Oracle et avant l'offensive de déstabilisation d'Itanium/HP-UX menée par ce dernier contre HP. Comme bon nombre de clients de la firme, nous suivrons l'annonce par webcast demain pour en savoir plus. Nous avons par ailleurs demandé à Oracle de pouvoir nous entretenir après le webcast avec des responsables de la firme afin de disposer de plus d'informations. Cette demande est restée sans réponse à ce jour. Avouons-le, ce n'est guère une surprise : toutes les demandes similaires depuis trois ans sont restées sans réponse. Par comparaison avec Oracle, même la division mainframe d'IBM, pourtant pas la plus communicante du groupe d'Armonk, en viendrait presque à faire figure de pipelette…