Coup de buis pour Oracle qui s'auto-flagelle
Un trimestre à oublier pour le troisième éditeur mondial, qui voit ses ventes de licences se tasser. Non pas en raison d'un regain d'attentisme chez les donneurs d'ordre. Mais plutôt du fait de la difficulté à former les 4 000 commerciaux récemment recrutés, avance Oracle.
Un gadin de 8 % pour l'action Oracle. Ce matin, les investisseurs ne cachaient pas leur déception au regard des derniers résultats trimestriels d'Oracle. Pour son troisième trimestre 2013, clos en février, le troisième éditeur mondial a vu son chiffre d'affaires reculer de 1 % en un an, à 9 Md$. Ce sont surtout les ventes de nouvelles licences qui détonnent. Celles-ci reculent de 2 % sur un an (à 2,3 Md$), très loin des attentes des analystes financiers. Selon l'éditeur, cette relative contre-performance ne résulte toutefois pas d'un attentisme renforcé des donneurs d'ordre, mais plutôt de problèmes d'exécution internes, selon Safra Catz, la directrice financière d'Oracle qui
s'exprimait hier devant les analystes. Et cette dernière d'avancer des difficultés nées de l'intégration de nouvelles équipes commerciales (Oracle a recruté quelque 4 000 nouveaux commerciaux au cours des 18 derniers mois). La firme promet un retour à des jours meilleurs, avec une progression attendue des ventes de nouvelles licences (entre +1 et +11 %) au cours du trimestre qui a démarré (et qui se terminera fin mai). Autre bonne nouvelle pour l'éditeur : malgré sa difficulté à signer des contrats sur le trimestre écoulé, sa profitabilité reste intacte. Sur ces trois mois, la société a généré un bénéfice net de 2,5 Md$, inchangé sur un an.
Le Saas en forte croissance, mais une petite activité Si les ventes de licences sont à la peine, les souscriptions d'abonnement Saas sont, selon Mark Hurd, l'ex-Pdg de HP devenu président d'Oracle, au beau fixe. "Au troisième trimestre, notre chiffre d'affaires Saas a connu une croissance bien supérieure à 100 % en raison de l'adoption de nos offres Sales, Service, Marketing et Human Capital Management par de nouveaux clients". Reste que, comme l'a reconnu le Pdg Larry Ellison, il s'agit là pour l'instant d'une petite activité. Globalement (avec les offres d'infrastructures donc), le Cloud pèse 238 M$ au cours du troisième trimestre (en recul de 1 % sur un an). Soit environ 2,6 % du chiffre d'affaires de l'éditeur, malgré les rachats qu'Oracle a opéré sur ce créneau au cours des derniers mois. Au-delà de cette déception dans le logiciel, Oracle n'a toujours pas touché le fond dans les serveurs. En décroissance trimestre après trimestre depuis le rachat de Sun, la vente de matériels ne pèse plus que 671 M$, contre 869 M$ un an plus tôt (-23 %). Certes, comme l'a expliqué Larry Ellison devant les analyses, la firme va pouvoir compter sur le lancement des processeurs Sparc T5, attendus la semaine prochaine. "Le nouveau système M5 fait tourner la base Oracle 10 fois plus vite que le M9000 qu'il remplace", a défendu Larry Ellison. Et de promettre la publication de 17 records la semaine prochaine (dont le TPC benchmark - performances des bases de données - et le SPECjEnterprise - performances sur les middleware Java -).
800 systèmes "exa" vendus Autre motif de consolation pour l'éditeur : ses appliances (Exadata, Exalogic...) se vendent bien. La société met en avant une activité en progression de 30 % par rapport au trimestre précédent, avec 800 systèmes écoulés au cours de la période, dont plus de 400 Exadata X3. De grandes entreprises comme Dow Chemical et Office Depot ont récemment opté pour des systèmes de ce type. Lors de son dernier exercice fiscal annuel, Oracle est parvenu à hisser l’activité « exa » au dessus de la barre du milliard de dollars (sur un total de plus de 37 Md$ de chiffre d’affaires). Et ambitionne de doubler ce chiffre au cours de son année fiscale en cours, comme
l'avait confirmé Mark Hurd, lors de son passage à Paris en octobre dernier. Malgré ces quelques rayons de soleil, Oracle prévoit un nouveau recul de son activité matérielle au cours de son quatrième trimestre (qui se terminera fin mai), un recul compris entre 13 et 23 %. Ce qui fait dire à Rick Sherlund, analyste chez Nomura Securities, interrogé sur GigaOm : "Le retournement de cette activité, anticipé depuis longtemps, reste flou". Rappelons qu'en décembre dernier, Larry Ellison avait estimé que cette activité pourrait repasser dans le vert au cours du quatrième trimestre fiscal de sa société, soit avant mai. C'est donc raté. La patron de l'éditeur anticipe désormais un retour de la croissance au premier trimestre 2014 (de juin à août 2013), sous l'effet de la nouvelle génération de machines.