ST-Ericsson : les maisons mères sonnent le démantèlement et les licenciements
STMicroelectronics et Ericsson se sont entendus sur le démantèlement de leur co-entreprise ST-Ericsson. Un partage d’une partie des activités ainsi que la fermeture d’autres qui devrait entrainer la suppression de 1 600 postes.
Faute de repreneurs, STMicroelectronics et Ericsson ont pris la décision de démanteler leur co-entreprise ST-Ericsson, créée il y a quatre ans et dédiée à la conception de puces pour le marché de la mobilité, ont confirmé ce lundi 18 mars les deux maisons mères dans un communiqué commun. A la clé, les deux partenaires entendent désormais se partager les activités de leur ancienne co-entreprise et de fermer le reste, après avoir échoué dans un plan de revente, ont affirmé nos confrères de Bloomberg citant des sources proches du dossier. « Après des mois d'intenses travaux en commun, les sociétés mères ont choisi l'option stratégique qui maximise pour chacune leurs perspectives d'avenir et leurs projets de croissance », soutiennent ainsi officiellement les deux sociétés dans ce même communiqué.
Selon les modalités de ce démantèlement, le Suédois Ericsson reprendra le design, le développement et les ventes du modem fin LTE multimode, tandis que STMicroelectronics, quant à lui, s’est engagé à reprendre les produits restants de la co-entreprise, « ainsi que certaines installations de test et d’assemblage », ont souligné les deux partenaires, qui espèrent boucler cette séparation au troisième trimestre 2013.
En avril dernier, STMicroelectronics avait déjà entrepris de rapatrier les activités de R&D de ST-Ericsson portant sur les processeurs avec pour objectif de ré-organiser une co-entreprise très déficitaire, plombant fortement ses résultats. Au premier trimestre de son exercice 2012, ST-Ericsson avait en effet publié une perte de 312 millions de dollars, contre une perte de 178 millions à la même période en 2011. Cette re-structuration des activités avait été associée à l a suppression de 1 700 postes dans la co-entreprise ainsi que par la fermeture de certains sites en Europe. Didier Lamouche, à l’époque président de la co-entreprise, avait évoqué une baisse de ventes à son principal client, le Finlandais Nokia, alors en difficulté.
Des reprises et des licenciements
Une fois cette séparation consommée, les deux ex-partenaires se sont également entendus sur le partage d’une partie des effectifs de la co-entreprise. Ainsi Ericsson devrait reprendre 1 800 employés et sous-traitants dont la majeur partie en Suède, en Allemagne, en Inde et en Chine. De son côté, ST doit s’engager sur la reprise de 950 salariés « principalement en France et en Italie »; sur les sites de Grenoble, Le Mans, et Rennes, a affirmé la CGT, dans un communiqué séparé. L’avenir de 200 autres employés, ceux travaillant au sein des activités liées à la connectivité, est actuellement en suspend. La phase de transition sera dirigée par Carlo Ferro, qui assurera les fonctions de Pdg de ST-Ericsson, en remplacement de Didier Lamouche. Celui-ci a annoncé sa démission le 11 mars dernier, évoquant « poursuivre d’autres opportunités », officiellement.
Le fermeture de ST-Ericsson devrait ainsi entrainer une importante vague de licenciements portant sur la suppression de 1 600 employés dans le monde, a également annoncé ST-Ericsson, dont entre 500 et 700 en Europe - entre 400 et 600 en Suède et 50 à 80 postes en Allemagne. Pour la CGT, cette restructuration relève du « gâchis » et d’un « désastre social et économique ». « Renoncer à la téléphonie mobile, c'est affaiblir toute l'activité numérique à Grenoble, et l'outil industriel, notamment Crolles. Mais c'est aussi par ricochet affaiblir les autres sites de ST, qui seront mis à contribution pour limiter les dégats en Isère. C'est au total perdre des milliers d'emplois et de fortes richesses qui pourraient être produites en France et en Europe », précise le syndicat dans communiqué.
Une réunion publique aura lieu de 9 avril prochain à Grenoble.