Sécurité IT : un thème porteur pour former les futurs ingénieurs à l'hybridation des compétences
A Laval, l'école d'ingénieurs ESIEA accueille pour deux semaines un programme Erasmus visant à préciser les obligations des entreprises européennes en matière de traçabilité et d'archivage des données.
Le projet est ambitieux. En deux semaines, avec 70 étudiants de six pays européens et leurs enseignants, préparer pour le compte de la Commission européenne, une « check-list d'e-discovery ».
A savoir : un vade-mecum de l'obligation faite aux entreprises d'être capable de fournir les données numériques exploitables en cas de litige et d'enquête judiciaire. Tel est l'un des thèmes soutenus par le programme Erasmus qui permet à une poignée de futurs informaticiens, élèves-ingénieurs de l'ESIEA de se confronter à l'approche d'étudiants d'autres disciplines et d'autres cultures. En l'occurrence, des futurs juristes et experts en archivage.
A l'université de Nice-Sophia Antipolis, le même genre d'opération – deux semaines de cours mêlant théorie et pratique – amène 140 étudiants et enseignants de sept universités européennes à travailler sur la prévention des crues, modélisation numérique à l'appui. A chaque pôle universitaire, sa thématique : à Bordeaux, la bioélectronique/bioinformatique, à Grenoble, les nanotechnologies, etc. Point commun de ces regroupements studieux, intitulés « programmes intensifs Erasmus », au delà du financement européen : la pluridisciplinarité. « Une occasion à saisir », selon Susan Loubet, directrice des relations internationales de l'ESIEA, tant il est vrai que le cloisonnement entre filières est encore trop souvent prégnant.
A cet égard, la sécurité informatique, de par la transversalité des problématiques abordées, est un thème particulièrement propice à la collaboration entre disciplines. Et ce, sur fond d'études de cas comme ne manque pas d'en fournir l'actualité des entreprises.
Analyse des données et impératifs juridiques
Ainsi, lors des deux semaines de cours et travaux dirigés, du 25 février au 8 mars organisées sur le campus de Laval, auquel contribue une vingtaine d'enseignants d'Espagne, d'Angleterre, de Suède, de Croatie, des Pays-Bas et de l'équipe de recherche en sécurité informatique de l'ESIEA, les étudiants de diverses origines devront élaborer un rapport d'enquête basé sur l'analyse de données et sur l'organisation de l'archivage. Que garder ? Que supprimer ? Comment organiser les données pour les rendre exploitables lors d'une enquête judiciaire ? Tout en veillant aux aspects de propriété intellectuelle et autres impératifs juridiques (dont fait état la Cnil), tels que le respect du secret professionnel, le respect des droits et information des personnes, la prise en compte des conditions de transferts internationaux de données, etc. D'où l'intitulé de cette formation accélérée: « E-discovery : detectives in the digital age ».
Selon le cadre prévu par la Commission européenne pour chacun de ces programmes intensifs, les échanges entre universités sont financés pour trois ans (séjour une fois par an dans un des établissements impliqués et préparations entre périodes de regroupements). Chacune des universités ou écoles impliquées délègue une dizaine d'étudiants chaque année. Pour l'ESIEA qui compte un millier d'étudiants, élèves de « prépa » intégrée inclus, sur les sites de Paris et de Laval, c'est donc une trentaine d'étudiants qui en a bénéficié entre 2011 et 2013.
Autant dire que la sélection (sur dossier et sur motivation) est stricte. Aussi stricte que pour la possibilité d'effectuer un semestre d'études à l'étranger, l'autre volet beaucoup plus connu du dispositif Erasmus. Les candidats à l'expérience ne manquent pas. Pour le prochain cycle de programme intensif Erasmus (à partir de 2014), forte de la spécialisation « réalité virtuelle et systèmes embarqués » et de ses collaborations internationales, l'ESIEA est déjà partante pour un regroupement pluridisciplinaire sur le thème de l'internet des objets.