Cloud : Anaplan met la France sur ses plans
Spécialisé dans les applications de planification en mode Saas, Anaplan débarque en France. La start-up californienne, qui compte déjà plusieurs contrats significatifs auprès de grands comptes, vise tant les financiers que les opérationnels.
Un nouvel acteur du logiciel professionnel en mode Saas s'implante dans l'Hexagone. Lancé en 2010, après quatre ans de développement, par l'Anglais Michael Gould, déjà à l'origine du spécialiste de la planification Adaytum racheté par Cognos en 2003, Anaplan fournit une plate-forme de planification opérationnelle et financière aux entreprises. Un concurrent des solutions d'EPM traditionnelles (SAP BO, IBM Cognos TM1 ou Oracle Hyperion Planning notamment).
Co-fondée par ce mathématicien aujourd'hui architecte en chef au sein de la société, cette start-up qui a déjà connu deux levées de fond (en 2010 et 2011) s'attaque désormais au marché français, avec l'ouverture de bureaux à Paris et le recrutement d'un directeur général pour l'Europe : Laurent Lefouet, un ex-SAP France, en charge dernièrement des ventes aux grandes entreprises au sein de la filiale française de l'éditeur d'ERP. Pas réellement une surprise puisque Anaplan est désormais aussi dirigé par un ex-SAP, Frédéric Laluyaux, qui a rejoint la start-up mi-2012 après avoir dirigé au niveau mondial les applications dédiées à la finance, à l'EPM (Enterprise Performance Management) et à la GRC au sein de l'éditeur allemand. Anaplan prévoit de recruter 4 ou 5 personnes supplémentaires dans la capitale d'ici l'été.
"Ne plus revenir à Excel"
De passage à Paris, Frédéric Laluyaux explique que cette implantation s'inscrit dans le plan de développement du jeune éditeur en 2013. Un plan ambitieux mêlant recrutements, ouvertures de bureaux en Suède et à Singapour (en plus de Paris), ouverture prévue d'un datacenter en Europe, développement d'une nouvelle interface pour le produit ou encore lancement d'une place de marché permettant aux partenaires de commercialiser leurs modèles analytiques, etc... "Depuis 15 ans, le marché de la planification a peu évolué", explique Frédéric Laluyaux. Développé sur des bases techniques nouvelles, Anaplan joue donc une stratégie de rupture. Misant sur une intégration native du multi-dimensionnel, du décisionnel et du transactionnel. "Un des autres objectifs du produit est de répondre à la fois aux besoins des financiers et des opérationnels", ajoute le Pdg. Le produit, qui fonctionne totalement en mémoire, propose une vision repensée de la gestion des cubes, permettant par exemple l'ajout d'une dimension à la volée, ou encore une centralisation des règles de gestion, facilitant leur réutilisation. Ces dernières sont par ailleurs écrites dans un langage "proche du langage naturel", selon la société. "L'objectif majeur est de donner aux utilisateurs non experts la capacité à faire des simulations en temps réel sur de gros volumes de données sans repasser par Excel", résume le Français, également passé par ALG et BO.
Dans les faits, Anaplan s'est fait un nom auprès de sa cinquantaine de clients actuels essentiellement grâce à la planification financière et surtout à la gestion des quotas et territoires commerciaux. Mais il veut croire que ces portes d'entrée lui permettront de se propager naturellement à d'autres applications de simulation opérationnelle (ressources humaines, supply-chain...). Exemple emblématique cité par la société : l'éditeur McAfee, qui utilise la solution Saas pour ses plans stratégiques, la définition de ses territoires commerciaux, le calcul des commissions des commerciaux ou encore la vérification de la conformité des propositions commerciales.
"Big deal" en vue
Au total, Anaplan a déjà signé 4 contrats supérieurs à 1 M$ annuel. Et doit prochainement lever le voile sur son plus gros contrat à ce jour, qui verra 3400 nouveaux utilisateurs rejoindre le Cloud maison. Un accord mondial avec un très grand compte portant sur la gestion des quotas, des territoires et des commissions de 30 000 commerciaux. Un deal qui devrait installer Anaplan dans une nouvelle dimension. Jusqu'à présent, la start-up ne comptait en effet que 2 200 utilisateurs. "Sur ce très gros contrat, nous avons rencontré pour la première fois ce client en septembre dernier, raconte Frédéric Laluyaux. Les tests utilisateurs se dérouleront en avril, pour une mise en production en juin. Sur un projet de cette taille, moins d'un an, c'est du jamais vu."
Reposant sur une facturation combinant nombre d'utilisateurs et volume de données, Anaplan mise sur une croissance de 400 % en 2013. La société, contrôlée aujourd'hui par les fonds Granite Ventures et Shasta Ventures, s'apprête à annoncer une troisième levée de fonds. Pour Frédéric Laluyaux, l'objectif à moyen terme est d'amener la start-up en bourse.