Avec sa version 4.0, LibreOffice se libère de l'héritage OpenOffice.org
Une version symbolique. La Document Foundation annoncé la disponibilité de LibreOffice 4.0, une mouture qui cherche à s’éloigner de ses racines OpenOffice.org en proposant de nouvelles API et qui sera la dernière à se reposer sur la base de code d’Apache.
La Document Foundation a officiellement annoncé la mise à disposition de la version 4.0 de LibreOffice, la suite bureautique Open Source née d’une séparation de la communauté OpenOffice.org. Une version, qui certes apporte le traditionnel lot de corrections de bugs et de nouvelles fonctionnalités. Mais une version qui se veut surtout symbolique, du fait de la rupture volontaire avec ses sources, le projet OpenOffice aujourd’hui placé dans le giron de Fondation Apache. Cette version 4.0 est ainsi la dernière à s’adosser sur la base de code d’Apache OpenOffice. C'est « la toute toute dernière fois » indique ainsi Charles Schulz, membre du conseil d'administration de la Document Foundation et par ailleurs responsable du marketing de Mandriva - dans un billet de blog.
Il s'agit à l'avenir de couper les ponts avec les origines de libreOffice, qui, rappelons le, est née d'un désaccord entre la communauté du projet Openoffice.org et Oracle, alors que celui-ci venait de racheter Sun. Ce désaccord à poussé les dissidents à créer The Document Foundation afin d'encadrer les développements de LibreOffice, derrière laquelle une grande partie de la communauté s’était rangée. Depuis, OpenOffice a atterri à la fondation Apache et a essuyé nombre de critiques suite à la lenteur de son intégration au sein d'Apache mais aussi au rithme de progression glaciaire des développements. De longs mois se sont ainsi écoulés avant qu’OpenOffice devienne enfin un projet de premier niveau de la fondation - un statut prouvant que son assimilation a été finalisée - et il a fallu du temps avant que la suite bureautique connaisse sa première mise à jour, la 3.4.
C'est sans doute pour marquer un peu plus sa distance vis à vis d'Apache OpenOffice, que la Document Foundation a tenu à affubler la dernière version de LibreOffice d'une étiquette 4.0. Pourtant pour cette mouture, la suite s'appuie encore sur la base de code d’OpenOffice. Cela permet à « LibreOffice d’avoir une histoire claire et irréprochable sur le terrain des licences », explique Charles Schulz. Et aussi de préparer la transition depuis la licence LGPL vers un code sous licence GPL3+ ou MPL 2.0 (Mozilla Public License).
La rupture semble toutefois consommée entre les deux projets : dans ce que Schultz appelle « le plus important nettoyage des API depuis les débuts d’Openoffice 1.x », LibreOffice 4.0 apporte des changements majeurs en matière d'API, une évolution qui entérine une rupture avec le socle technique d’OpenOffice qui ne devrait que se renforcer avec le temps. LibreOffice devient un « animal différent » explique Schultz, avec ses propres spécificités. Cette évolution a pour but d'améliorer la performance des API, offrant de « nouvelles possibilités aux développeurs ». Mais elle va aussi réduire les possibilité de réutilisation de code entre les deux frères ennemis. Comme le confirme Schultz, « ces modifications illustrent également un éloignement plus radical de la base de code OpenOffice.org et il devient difficile d'assumer que si OpenOffice.org / Apache OpenOffice se comportent d’une certaine façon, LibreOffice fera de même ».
Meilleure interopérabilité avec DOCX et XLSX
Côté améliorations fonctionnelles, cette version 4.0 de LibreOffice supporte désormais le standard CMIS (Content Management Interoperability Services ), permettant de se connecter directement aux outils de gestion documentaire d’entreprise comme Alfresco, Sharepoint, Nuxeo, Filenet, pour n’en citer que certains.
Autre amélioration notable, la Document Foundation met en avant une compatibilité renforcée avec les documents au format DOCX (Microsoft Office) et RTF. Le manque d’interopérabilité avec les formats Office est souvent évoqué comme la cause des échecs de projets de migration Office vers LibreOffice dans les administrations européennes. Les opérations de sauvegarde de gros fichiers XLSX et RTF auraient également été optimisées pour en augmenter les performance.
Côté interface utilisateur, LibreOffice 4.0 supporte désormais les thèmes de Firefox pour personnaliser l’interface de la suite. Enfin, les développeurs ont également travaillé à un nouveau socle graphique, qui réduit la complexité du code et facilite le redimensionnement des boites de dialogue. Selon the H Open, ce dispositif reposerait sur GTK+3.