RIM joue son va-tout avec BlackBerry 10
Le Canadien RIM vient de lancer son système d’exploitation BlackBerry 10. Un lancement d’une importance capitale que souligne un peu plus le choix pour le constructeur de prendre pour nom la marque de ses terminaux.
RIM vient finalement de lancer sa nouvelle plateforme logicielle pour terminaux mobiles, BlackBerry 10. Présentée en mai dernier, celle-ci n’est autre que celle que le Canadien nommait précédemment BBX, largement fondée sur QNX, un Unix du domaine de l’embarqué que le groupe avait racheté à Harman International en avril 2010.
Alors que son offre s’était retrouvée prise en tenaille entre iOS et Android, RIM a notamment misé sur des innovations logicielles pour tenter de séduire : clavier prédictif plus évolué que celui de ses concurrents, «hub» de centralisation de tous les éléments de messagerie - SMS, messages instantanés, messages Facebook et LinkedIn, courriers électroniques, tweets, etc. -, le tout cherchant un équilibre entre monde de l’entreprise et grand public (en intégrant notamment une solution technique de séparation des applications et données personnelles et professionnelles).
Et l’on ajoutera à cela le concept Flow qui permet, par des gestes, de naviguer entre applications sans passer par l’intermédiaire d’un quelconque bouton d’accueil. Pour mettre toutes les chances du côté d’un lancement réussi, BlackBerry 10 s’ouvre sur une boutique applicative riche de 70 000 titres, dont certains venus d’Android.
Un défi difficile
Alors que Lenovo et IBM lorgneraient sur certaines activités du Canadien, le lancement de BlackBerry 10 sera probablement décisif pour la société. Peu avant celui-ci, Jan Dawson, analyste télécoms en chef chez Ovum, se montrait assez circonspect. Dans un communiqué, il indiquait ainsi que ce lancement devrait fournir un «bref» coup de fouet à RIM mais guère plus : «nous nous attendons à la poursuite de son déclin à plus long terme.» Pourquoi ? Parce que BlackBerry 10 devrait «significativement séduire les utilisateurs existants» mais pas lui s’attirer «des nombres significatifs de convertis venus d’autres plateformes».
À l’issue du lancement, Adam Leach, analyste principal du même cabinet, n’est guère plus optimiste. Il ne cache pas un certain enthousiasme - «la plateforme BlackBerry 10 offre une expérience utilisateur différenciée dans le marché du smartphone actuel, bien rempli et homogène.» - mais «malgré une plateforme bien conçue», l’attrait pour celle-ci ne devrait être que de courte durée, confinant le Canadien à un rôle d’acteur de niche.
Chez Analysys Mason, le ton est moins tranché mais la réserve est bien là : les deux smartphones chargés du lancement de BlackBerry 10, les Z10 et Q10, «sont conçus pour séduire des utilisateurs de smartphones, pas de nouveaux utilisateurs» et ils seraient «trop chers pour les nouveaux utilisateurs de smartphones». Surtout, «Apple est très bien établi dans les entreprises et Android à la base installée la plus vaste dans le grand public ».
Et pour ABI Research, c’est bien simple : RIM ne retrouvera pas son lustre passé, mais BlackBerry 10 consolidera sa position «de numéro 3 des fournisseurs de terminaux d’entreprise ». Après, tout dépendra de l’attrait du grand public pour ses produits, alors que «la tendance du BYOD a une grande influence sur les stratégies de mobilité des entreprises ».
Un nouveau départ
Les retours des premiers testeurs sont plutôt mitigés. Si le smartphone tactile Z10 présente de nombreux atouts, de même que la plateforme BlackBerry 10, rien dans l’ensemble ne leur permettrait véritablement de se démarquer de la concurrence. Et certains observateurs d’estimer déjà que le renouveau de RIM survient trop tard.
Qu’à cela ne tienne, RIM mise gros. Et comme pour une renaissance qu’il souhaite réussie, le Canadien a changé de nom, reprenant celui de sa marque de terminaux autrefois à succès : BlackBerry. Dans un communiqué, il explique qu’alors que «nous lançons BlackBerry 10 dans le monde entier, le temps est venu d’adopter le nom emblématique BlackBerry.»