Les géants du datacenter s'engagent derrière le projet Open Compute
A l'occasion de l'Open Compute Summit qui se tenait du 16 au 17 janvier à Santa Clara, les géants de l'industrie informatique ont multiplié les annonces de designs conformes aux spécifications OCP.
Le projet OCP (Open Compute Project) initié par Facebook est en train de devenir une force à laquelle il faut compter, du fait du soutien actif de plusieurs géants de l'industrie de l’informatique développant de nouveaux produits autour de la spécification.
Lors du 4 e Open Compute Summit qui s’est tenu la semaine passée à Santa Clara, en Californie, Intel et Advanced Micro Devices (AMD), ont tous deux montré de nouveaux produits livrés basées sur les spécifications Open Compute Project (OCP) - des spécifications de design de serveurs et de datacenter publiées en open-source il y a 18 mois par Facebook.
À la demande de deux géants des services financiers, Fidelity et Goldman Sachs, AMD et Intel ont chacun développé une carte mère modulaire à même de s'intégrer dans l'infrastructure OCP Open Rack, ainsi que dans des environnements en racks standards.
L'idée pour les cartes mères modulaires est née après le premier Sommet Open Compute en octobre 2011. A cette occasion, les ingénieurs d'AMD et Intel ont rencontré des dirigeants de grandes banques qui ont exprimé leur intérêt pour des équipements Open Compute - mais seulement s’ils étaient capables de fonctionner dans leurs centres de données existants. «Ils nous ont dit être contraints par leur infrastructure existante, et vouloir voir des équipements Open Compute capables de fonctionner dans leur infrastructure rack existante parce qu'ils n'ont pas le luxe de réaménager leurs centres de données », se souvient Bob Ogrey, un évangéliste cloud et « AMD Fellow » spécialisé dans les architectures de serveurs.
Les plates-formes qui en découlent, Roadrunner d'AMD et Decathlete d’Intel, sont pour l’instant disponibles en évaluation entreront en production ce trimestre.
En outre, la carte mère développée par AMD peut être configurée pour être utiisée comme plate-forme cloud, HPC ou comme base d’un serveur de stockage, selon les options serveur, réseau et management retenues. C'est important pour les sociétés de services financiers qui cherchent à réduire leur coût de calcul en bâtissant de grands clouds privés internes, en plus leurs clusters de calcul existants. « Ils veulent être en mesure de construire des clouds et des grilles de calcul sur la même plate-forme», explique Ogrey.
Open Compute en liberté
Les designs Open Compute ne sont plus limités aux datacenters de Facebook, comme l’a montré le récent sommet Open Compute. Le fournisseur de jeux en ligne Riot Games a ainsi expliqué qu’il va achter des serveurs construits par l’équipementier Hyve Solutions tandis que l’hébergeur Rackspace a indiqué qu’il modifie des designs OCP pour son environnement.
Rackspace s’est ainsi appuyé sur la spécification Open Compute Open Rack conçue à l'origine par Facebook, et l'a modifiée pour son centre de données. Le design qui en résulte maximise la puissance crête, abandonne l’usage du courant continu, supporte des commutateurs classiques et inclut un système de gestion des câbles.
Travailler avec des fournisseurs tels que Quanta, Delta et Wiwynn pour produire des designs OCP modifiés a permis de réduire les coûts et d'accélérer les délais de commercialisation, a expliqué Mark Roenigk, directeur opérationnel de Rackspace, lors d'une keynote. Les économies en Capex sont de près de 40% par rapport aux modèles existants, et les économies d'exploitation devraient être de 50% à 52%, at-il indiqué. Ces économies sont importantes, « mais la vitesse à laquelle nous avons été en mesure de les mettre en œuvre est tout aussi importante ».
Le développement de l’écosystème et des projets font grossir le projet Open Compute
La portée de l'OCP a également augmenté. À ce jour, le projet a supervisé les travaux sur les serveurs, le design des racks (Open Rack), le stockage (Open Vault), l’énergie et la gestion du matériel. Récemment, le groupe a ajouté un groupe en charge de la conformité et de l'interopérabilité pour tester et certifier les solutions OCP.
Lors du sommet, Intel s'est également engagé à contribuer des designs pour sa prochaine technologie photonique sur silicium, une technologie de réseau qui permettra des interconnexions à 100 Gbps à l'intérieur des racks et entre les racks.
Mais fidèle aux racines de l'OCP, c'est toujours Facebook qui mène la charge avec de nouvelles contributions: modifications à Open Rack et Open Vault pour un usage dans des environnements de stockage « froids », un nouveau serveur de base de données 100% flash ("dragonstone"), et la version la plus récente de son serveur web "Winterfell". Facebook a également apporté sa carte mère «Group Hug », une architecture sur base de socket commun pour cartes mères pouvant accueillir jusqu'à 10 « systems-on-a-chip » ou SoC, provenant de multiples fournisseurs.
L'absence d'un socket commun a longtemps été un problème irritant pour les concepteurs de matériel, a déclaré Frank Frankovsky, directeur du design matériel et de la chaîne logistique de Facebook : « Cela m’a toujours rendu fou que nous ne puissions pas concevoir un socket commun ».
Adapté d'un texte original en anglais d'Alex Barrett, SearchDatacenter.com, par Christophe Bardy, LeMagIT