Pôles de compétitivité : la phase 3 fléchée sur les débouchés et l'aide aux PME
Le conseil des ministres du 9 janvier entérine, pour six ans, l'orientation « usine à produits d'avenir » prescrite aux pôles de compétitivité un mois plus tôt – lors de leur assemblée du 4 décembre – par les ministres Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin.
Huit ans après leur lancement, les pôles de compétitivité ont jusqu'à l'été prochain pour peaufiner
le rôle d'usines à produits d'avenir qui leur est désormais assigné par le gouvernement. Marchés-cibles, objectifs quantifiés, évaluation des retombées économiques à l'appui. Selon le
communiqué issu du conseil des ministres de ce mercredi 9 janvier, d'ici à fin juin, chacun des 71 pôles est tenu de présenter sa copie au ministère du redressement productif en vue de la signature d'un contrat d'objectif à valoir pour les six ans à venir. Contrat assorti d'un bilan à mi-parcours. Au coeur de ce contrat, l'accompagnement des PME et des ETI innovantes, depuis la R&D jusqu'à la commercialisation de leurs produits, doit être particulièrement souligné. Ce qui, par ailleurs, pourrait conditionner le financement des initiatives des pôles et de leur écosystème. « Les investissements d’avenir seront mobilisés dès 2013 pour soutenir l’industrialisation des projets des pôles », précise le communiqué. Sans que pour l'instant ne soit précisé ce qu'il adviendra de la mécanique de financement (Fonds unique interministériel, notamment) jusqu'alors fléchée vers l'amont (le R de R&D) au rythme des appels à projets. Une chose est sûre : dans la continuité de la phase de lancement du dispositif (de 2005 à 2008),
l'évaluation de la phase 2 (de 2009-2012) a démontré que ce positionnement vers l'amont ne favorisait guère les créations d'entreprises ni ne boostait l'emploi des PME adhérentes. Le bilan est bien loin du solde de 500 000 emplois cadres généré par l'effet pôles (dont le tiers dû aux projets des pôles) que prévoyait, à l'horizon 2015, une étude prospective publiée en 2007 par l'Apec. Et ce même si, selon l'évaluation de l'été 2012, la dynamique de collaboration autour de projets de R&D (près de 900 projets soutenus entre 2008 et 2011) est désormais suffisamment éprouvée. Les PME qui ont rallié le mouvement en nombre (plus de 7500 au total, 57% des structures adhérentes selon
le profil moyen des pôles) ont encore et toujours du mal à trouver leur compte (voire à prendre leurs marques) dans un dispositif d' « usines à projets ».
L'accès au financement en exergue Dans la phase 3, lancée cette fois pour six ans, le renforcement de l'accompagnement des PME doit s'articuler autour de quatre axes : faciliter l'accès au financement (capital investissement), à l'internationalisation (export), aux compétences et au conseil. Autre ajustement : l'implication renforcée des régions dans la gouvernance. Là encore dans l'idée de « se tourner davantage vers les débouchés économiques » en relation avec le tissu local et les filières industrielles, tout en jouant autant que possible la carte d'une prise de position à l'international. Ce à quoi les directeurs de pôles applaudissent. Le Club des 18 pôles mondiaux (*) souligne, dans un communiqué, avoir « constamment rappelé que les projets stratégiques naissent dans la proximité, là où la confiance entre les acteurs se noue ». Et de se réjouir du rapprochement « avec les collectivités, en particulier les régions, tant au sein de la gouvernance et de la politique des pôles, qu'à travers la BPI (banque publique d'investissement). Sachant par ailleurs que la « transition numérique » (c.à.d. le très haut débit) est l'une des trois priorités (avec le logement et la transition énergétique) avancées par la feuille de route gouvernementale pour les investissements d'avenir présentée ce jeudi 10 janvier par le Premier ministre. Et qu'à l'égard du soutien à l'international, « les pôles les plus stratégiques, une vingtaine au maximum », précise le communiqué du 9 janvier, devraient être privilégiés. (*) Parmi les 18 du club des pôles mondiaux (World Class Clusters), le secteur IT est représenté par les pôles Systematic Paris-Region, Cap Digital, Minalogic, Solutions communicantes sécurisées, Images & Réseaux, Aerospace Valley (à forte composante IT). Ainsi que, au delà de ce club, par TES (transactions électroniques sécurisées, Normandie), Imaginove (Lyon), S2E2 (sciences et systèmes de l'énergie électrique), Industries du commerce (e-commerce à Lille), CapEnergies (Guadeloupe), Pegase (aéronautique, Aix-Marseille), etc.