Google StreetView franchit la porte des commerces
Intégré à la recherche, à StreetView et aux cartes de Google, le service Visite virtuelle pour les pros, qui permet aux commerçants d'exposer l'intérieur de leur boutique, prend son essor dans l'Hexagone. Via la mise en place d'un réseau de photographes agréés, comptant aujourd'hui près d'une centaine de professionnels.
Disponible depuis près d'un an dans plusieurs pays dont la France, le service Visite virtuelle pour les pros atteint sa vitesse de croisière dans l'Hexagone avec près d'une centaine de photographes agréés sur tout le territoire. Ce service permet aux petits commerçants d'ouvrir leurs portes aux internautes, directement depuis les différents services de Google.
Le service de visualisation StreetView évidemment, pour lequel Visite virtuelle permet de franchir le pas de porte des commerces, mais aussi le service de cartographie (Maps), la recherche ou encore Google+ Local, le service de recommandation du réseau social maison. La société précise que le développement de ces vues panoramiques permet d'améliorer le classement d'une enseigne dans ses résultats de recherche. Sans, évidemment, donner davantage de précisions.
Pour mettre en place ce service, Google mise sur un maillage de photographes agréés ; plus de 90 professionnels à ce jour, couvrant les principales villes du pays. Leur choix passe par des sessions de formation théoriques et pratiques, sanctionnées par un examen online. "Il faut compter entre 10 et 15 jours pour se former", témoigne Olivier Guérin, qui développe cette activité en région lyonnaise et a réalisé la visite virtuelle d'une trentaine de commerces depuis septembre dernier.
La production des visites virtuelles passe par des prises de vue chez les commerçants (intérieur mais aussi extérieur afin de créer une expérience fluide depuis StreetView), clichés qui sont ensuite assemblés par les photographes via des outils fournis par le géant de la recherche. "Google effectue un test qualité avant chaque publication", précise Jonathan Baret, un photographe opérant dans la région d'Orléans qui a reconstitué virtuellement près d'une trentaine de boutiques depuis quatre mois et demi.
PagesJaunes tente de barrer la route de Google
En dehors de l'aspect novateur, les tarifs proposés sont également très attractifs. En fonction de la taille du commerce, la prestation coûte entre 250 et 500 euros, selon les indications données par Google. Ce dernier précise toutefois que ses partenaires-photographes sont libres de pratiquer les tarifs qu'ils souhaitent. "Je fonctionne avec un forfait de base, incluant les clichés pour recoller la visite virtuelle à StreetView. S'y ajoute 10 euros par panorama supplémentaire", détaille par exemple Jonathan Baret, qui cite une fourchette de prix allant de 300 à 600 euros.
Surtout, le commerçant n'a plus rien à payer par la suite. "Le service est ensuite disponible sans abonnement, explique Olivier Guérin. Pour de petits budgets de communication comme ceux des commerçants, cela reste très accessible. Surtout que certains paient jusqu'à 2 000 euros par an pour une présence dans l'annuaire des PagesJaunes".
Avec son service de navigation immersive UrbanDive (disponible dans 310 villes en France), le groupe PagesJaunes tente - sans grand succès jusqu'alors - d'ailleurs de barrer la route à Google StreetView. Développé par Mappy (filiale à 100 % de PagesJaunes), UrbanDive a lancé en septembre dernier une initiative à Bordeaux en photographiant l'intérieur de 900 boutiques ; initiative qui suivait un premier pilote à Saint-Germain-en-Laye (400 commerces photographiés).
Si la production des images de Visite virtuelle pour les pros est confiée à des partenaires - qui signent donc les contrats avec les commerçants locaux -, Google leur impose de transférer la propriété des clichés à leurs clients. Tout en se conservant la liberté "d'utiliser ces images de façon innovante dans d'autres produits et services". Une fois online, la visite virtuelle reste accessible pendant toute la vie du commerce. En principe, la disparition d'un commerce se traduit par celle de sa fiche Google+, entraînant le retrait de la visite virtuelle. Un processus que Google gère seul.
Une ambiance, pas un site de e-commerce
Au-delà de la visibilité qu'il amène aux petits commerces, notamment aux bars, restaurants et hôtels pour lesquels il a été pensé à l'origine, le service ouvre bien des perspectives en matière de e-commerce et de marketing : informations techniques, informations sur les prix, coupons de réduction, voire ventes en ligne. "Un concessionnaire moto souhaitait par exemple associer des informations techniques aux modèles exposés, témoigne Olivier Guérin. On pourrait très bien taguer des objets photographiés et y associer des informations."
Une piste qui ne figure pas encore dans les plans de Mountain View, qui planche plutôt sur des accès plus rapides à certaines parties d'une visite (comme une chambre d'hôtel directement accessible depuis le hall). "L'objectif est très clair : il s'agit de permettre aux internautes de s'imprégner de l'ambiance d'un commerce. Pas de réaliser des vitrines virtuelles", tranche Jonathan Baret. Une étape supplémentaire qui nécessiterait en effet un saut quantique important en terme de mise à jour de données. Un saut quantique que ne sont pas prêts à faire les petits commerçants. Pour l'instant ?