Le secteur public, nouvel eldorado des SSII indiennes
Très présentes sur le secteur des services financiers, les SSII indiennes chercheraient activement à se développer sur le secteur public, afin d’y trouver un relais de croissance sur leurs marchés historiques des Etats-Unis et du Royaume-Uni. Des efforts qui ne porteront pas leurs fruits instantanément.
C’est un pari risqué que les SSII indiennes prennent là, comme le souligne le Financial Times. Celles-ci entendraient en effet développer leurs activités dans le secteur public, non seulement sur leur marché domestique mais aussi sur leurs marchés traditionnels que sont les Etats-Unis et le Royaume-Uni, notamment. Un pari risqué parce qu’extrêmement sensible dans une période marquée par la crise économique et un marché de l’emploi en berne.
Mais cela ne suffit semble-t-il pas à décourager les SSII indiennes. Natarajan Chandrasekaran, Pdg de TCS, a ainsi expliqué à nos confrères que la SSII entend réaliser, d’ici 5 ans, plus de 400 M$ de chiffre d’affaires annuel sur le secteur public : «un marché potentiellement très vaste », explique-t-il à nos confrères, marqué par des systèmes vieux de «10 à 20 ans» et nécessitant d’être renouvelés.
Au troisième trimestre, TCS a réalisé 356 M$ de CA sur le secteur de la banque, des services financiers et de l’assurance (BFSI), contre 180 M$ dans «autres», une dénomination qui recouvre notamment le secteur public. Le BFSI comptait au final pour près de 43 % de son CA en roupies au troisième trimestre. Fin novembre, TCS a annoncé avoir remporté un contrat de plusieurs «millions de livres» sur 5 ans (renouvelable) avec le ministère de l’Intérieur britannique pour «gérer les besoins technologiques et les services de support du nouveau service Disclosure and Barring Service (DBS) ».
Le contrat porte notamment sur le lancement et l’amélioration de services au public en ligne et sur la modernisation des processus métiers. Infosys et Wipro auraient adopté la même stratégie. Le premier a notamment souligné, lors de la présentation de ses derniers résultats trimestriels, s’être associé à «des organisations majeures du secteur public aux Etats-Unis et au Canada pour les aider à mettre à profit des solutions et services technologiques ». C’est d’ailleurs au cours de son exercice fiscal 2010 qu’Infosys a fondé une division dédiée au secteur public aux Etats-Unis : Infosys Public Services.
Mais dans son dernier rapport au gendarme des marchés boursiers américains, la SSII reconnaissait des difficultés, soulignant par exemple que le gouvernement de l’état de l’Ohio a interdit «aux entités gouvernementales de dépenser des fonds publics pour des services fournis offshore ». Surtout, Infosys précise que «[son] activité croissante avec des administrations est susceptible de [l'] exposer à des risques additionnel », soulignant que «les contrats gouvernementaux sont souvent sujets à une attention et à une publicité plus grandes que d’autres contrats. Une publicité négative [...] est susceptible de pénaliser [ses] activités ou [sa] réputation ».
Ces efforts surviennent alors que les SSII indiennes font l’objet d’une pression accrue. Nos confrères de l’Economic Times of India anticipent ainsi qu’Infosys révise à la baisse ses prévisions de chiffre d’affaires «alors que ses clients aux Etats-Unis reportent leurs dépenses ou rechignent à signer de nouveaux contrats ». Des craintes qui ne lui sont pas exclusives et qui s’expriment sur les marchés boursiers indiens, aussi bien pour Infosys que pour TCS, HCL, ou encore Wipro.