L’armée de l’air américaine perd un milliard de dollars dans une intégration logicielle ratée
Comment passer six ans à moderniser son infrastructure logicielle pour jeter l’éponge et laisser une ardoise d’un milliard de dollars. C’est la question que le Sénat américain pose par courrier au Secrétaire de la Défense Leon Penetta, au sujet de la modernisation de l’US Air Force.
Il était une fois une armée voulant moderniser son infrastructure. Celle-ci, l’US Air Force pour ne pas la nommer, décida alors de ne pas se doter d’un système interne, mais d’adopter des solutions commerciales couramment utilisées en entreprise. En 2006, l’US Air Force lance le programme Expeditionary Combat Support Systems (ECSS) pour confier sa logistique sur le terrain à des logiciels conçus par Oracle, et dont Computer Sciences Corporation devait être l’intégrateur principal.
Quatre ans plus tard, selon le New York Times qui nous narre l’histoire, seules deux bases de l’armée de l’air avaient des programmes pilotes dans le cadre d’ECSS. Deux ans plus tard, le projet n’est guère plus avancé. En avril dernier, Jamie A Morin, assistant au secrétaire de l’US Air Force était une première fois entendu par le comité aux affaires militaires du Sénat américain: «Le coût total du système a désormais dépassé le milliard de dollars. Je suis personnellement très étonné par les améliorations limitées qu’a apporté ce programme en regard des investissements.» Finalement, en novembre dernier, l’US Air Force abandonne et retourne à ses anciennes méthodes logistiques, en réactivant certaines datant des années 70 au passage!
Pas de responsable unique
Dans une lettre envoyée au secrétaire de la Défense, John McCain, sénateur républicain de l’Arizona et ex-candidat à la présidentielle, et Carl Levin, sénateur démocrate du Michigan, demandent des explications sur la façon dont ce programme a été mis en place, avant d’être abandonné pour repartir de zéro. « De ce que nous savons à l’heure actuelle, ce cas apparaît comme l’un des exemples les plus flagrants de mauvaise gestion de mémoire récente.»
La lettre poursuit en rappelant que l’armée de l’air a reçu en six ans des logiciels et matériels valant 150 millions de dollars pour mener à bien ECSS, et que le principal intrégrateur a lui reçu 527 millions de dollars. Elle demande également un compte-rendu clair et détaillé sur les dépenses engagées et les raisons de cet échec.
Une première piste est peut être à chercher du côté de l’organisme indépendant, Institute for Defense Analysis qui, dans un rapport de 2011 pointait déjà du doigt la désorganisation totale sur ce type de projet avec notamment l’absence d’un responsable unique pour mener à bien le projet et prendre les décisions nécessaires (et en assumer la responsabilité).