HP annonce 7 milliards de pertes et se dit victime de fraude lors du rachat d’Autonomy
Lors de la publication de ses résultats annuels, HP a mis en cause les comptes la sincérité des comptes d'Autonomy avant son rachat indiquant qu'une fraude comptable l'avait conduit à sur-évaluer le prix de l'éditeur racheté pour plus de 10 Md$. Le groupe de Meg Whitman se voit ainsi contraint d'inscrire une provision pour écart d'acquisition de près de 8,8 Md$ dans ses comptes qui vient plomber un peu plus les résultats de son 4e trimestre et de son année fiscale.
Comme nous l’avions pressenti à la publication des résultats du troisième trimestre, HP a confirmé qu’il avait bien sur-payé son rachat d’Autonomy - un éditeur anglais racheté pour plus de 10 milliards de dollars.
Mais pas sans raison : à la publication des résultats annuels du groupe, HP a révélé qu’une enquête interne avait mis le doigt sur des fraudes comptables qui ont conduit à une sur-évaluation d’Autonomy au moment du rachat par HP.
Dans un communiqué, HP explique avoir obtenu des informations portant sur des « pratiques comptables discutables » d’un ancien cadre d’Autonomy, à la suite du départ de Mike Lynch, l’ancien CEO de la société britannique.
Des informations qui ont conduit le groupe de Meg Whitman à ouvrir un audit. Selon les résultats de cette enquête, Autonomy aurait gonflé ses chiffres. HP évoque notamment « des déclarations inexactes » d’Autonomy en matière de performance financière. Des revenus, des taux de croissance et des marges artificiellement dopés aux stéroïdes, qui ont tiré vers le haut la valeur d’un Autonomy lors de sa vente.
HP a également confirmé avoir informé la SEC de la fraude dans sa division Autonomy et se prépare à engager des poursuites devant les tribunaux.
Le rachat d’Autonomy avait été l’un des faits d’armes de Leo Apotheker, le prédécesseur de Meg Whitman à la tête du groupe. Le PDG avait été vivement critiqué par les observateurs - Oracle s’en était frotté les mains -, ces derniers jugeant le montant de l’acquisition exorbitant.
Le rachat du Britannique était censé contribuer à ré-orienter HP vers le logiciel et lors du rachat, Leo Apotheker avait également annoncé un désengagement du groupe des activités de PC. Cette annonce avait été la dernière de Leo Apotheker à la tête du groupe, avant son limogeage et un sérieux rétropédalage sur la cession des activités PC.
Une perte de 12,65 Md$ en 2012
Le moins que l'on puisse dire est que les supposées fraudes chez Autonomy ont laissé des traces lors de la publication des résultats du 4e trimestre du groupe. Le groupe a en effet annoncé avoir passé une provision pour écarts d'acquisition de 8,8 milliards de dollars pour le seul Autonomy (dont 5 milliards liés directement à la fraude comptable évoquée par HP).
Dans la pratique, cela signifie que pour le nouvel HP dirigé par Meg Whitman, Autonomy ne valait en fait que 1,5 Md$ au lieu des 10,3 Mds qu'a accepté de payer Leo Apotheker, le précédent CEO.
De quoi plomber un peu plus les résultats d’un groupe qui essaie de se reconstruire.
Sur les trois derniers mois de son exercice 2012, HP a ainsi publié une perte nette de 6,9 milliards de dollars pour un CA de 30 milliards de dollars, en chute de 7%. Sur l’ensemble de l’exercice, le CA du groupe recule de 5% à 120,4 milliards de dollars.
Mais plus inquiétant, le bénéfice de l'an passé s'est transformé en une lourde perte annuelle de 12,65 milliards de dollars en 2012, sous la pression des multiples provisions pour restructurations. Il y a un an, le groupe avait dégagé un bénéfice net de 7,1 milliards de dollars.
Dans le détail, en 2012, à l’exception des activités logicielles et services financiers, les autres lignes budgétaires du groupe affichent des courbes descendantes.
Les activités PC avec un CA de 35,6 milliards de dollars perdent 10% et les imprimantes, avec des revenus de 24,4 milliards de dollars fléchissent de 6%. A elle seule, la division PPSG (Printing and Personal Systems Group) recule de 9%. La division Enterprise Servers, Storage and Networking, quant à elle, chute de 7% sur l’ensemble de l’exercice et son CA s'établit à 20,4 milliards de dollars. Les services reculent de 2% à 34,9 milliards de dollars.
Le logiciel progresse de 21% à plus de 4 milliards de dollars - un chiffre qui inclut la contribution d'Autonomy mais qui cache sans doute un recul du CA si l'on comparait les performances agrégées d'HP et d'Autonomy sur un an - tandis que HP Financial Services croît de 6% à 3,8 milliards de dollars.
« 2012 a été la première année d’un voyage sur plusieurs années qui vise à redresser HP », a commenté Meg Whitman dans un communiqué. Les anomalies repérées dans les comptes d’Autonomy risquent pourtant de plomber quelque peu le calendrier du groupe.