Le logiciel européen a bien résisté à la crise en 2011
La 7e édition du Truffle 100 Europe dépeint une industrie du logiciel qui a progressé en 2011, malgré un climat économique difficile. Avec un CA cumulé de 37,2 Md€, les 100 premiers éditeurs européens font figure de force vive qui ne rechigne pas à investir en R&D.
En 2011, le logiciel européen a su naviguer par gros temps. C’est une des conclusions que l’on pouvait tirer à la lecture de la 7e édition du Truffle 100 Europe, qui classe les 100 premiers éditeurs de logiciels du Vieux Continent. Alors que l’Europe traverse une grave crise économique, menaçant une industrie du IT et du logiciel fortement liée à l’innovation, les éditeurs semblent braver la tempête. Chiffres à l’appui : en 2011, l’industrie a ainsi vu son chiffre d’affaires total progresser de 20 % en un an à 37,2 milliards d’euros.
Mieux, serait-on tenté d'écrire : en cumulé, les profits générés par les 100 premiers éditeurs européens ont bondi de 14 % pour s’établir à 6,6 milliards d’euros en 2011. «Cette force vive», comme la qualifie Máire Geoghegan-Quinn, Commissaire Européenne pour la Recherche, l'Innovation et la Science - Bruxelles a soutenu la réalisation de cette étude - a redistribué ces profits dans l’un de ses moteurs principaux : l’innovation.
Les dépenses en R&D, qui atteignent au total 5,7 milliards d’euros (+ 28 % en un an), représentent 86 % des bénéfices. Un gage «d’optimisme et un engagement clair et indiscutable pour la croissance», lance Bernard-Louis Roques, Directeur Général et co-fondateur de Truffle Capital, dans un communiqué de presse. Le Truffle 100 anticipe une nouvelle hausse des investissements en R&D en 2013 (c’est le cas chez 61 % des éditeurs répertoriés).
Le Top 5 : plus de 50 % du total
«Les fournisseurs de logiciels européens emploient 60 000 développeurs, programmateurs et ingénieurs, bien plus qu'il y a 6 ans » Le hausse atteint 60 %. « La majorité d'entre eux travaillent en Europe et ne sont pas sous une menace à court terme de délocalisation», indique-t-il, alors que l’innovation et sa fiscalité sont l’objet de nombreuses controverses - notamment en France. Ce classement, établi avec l’aide d’IDC et du CXP, montre également que l’industrie tend de plus à plus en se concentrer. En 2011, 76 % des revenus totaux du Truffle 100 ont été créés par le Top 25 des éditeurs du classement.
Ce taux était de 60 % en 2010. Surtout, et c’est un point important, plus de la moitié des revenus de l’industrie du logiciel en Europe est entre les mains des 5 premiers du classement. A eux seuls, ils comptent pour 53 % du CA total. Sans surprise, SAP domine. L’Allemand, avec un CA total logiciel et services associés de 13,9 milliards d’euros en 2011, surclasse ses rivaux européens. Le second, le Français Dassault Systèmes, affiche des revenus de 1,78 milliard d’euros, devant le Britannique Sage (1,4 Md€), l’Allemand Wincor Nixdorf (1,16 Md€) et le Suédois Hexagon (1,15 Md€). Ces cinq «pépites» européennes affichent toutes des CA supérieurs au milliard.
La France à la 3e place
En 2011, la France était représentée par 17 éditeurs dans ce classement, contre 18 en 2010. Ils comptent pour 10,9 % (avec plus de 4 Md€) du CA de l’industrie en Europe, de quoi positionner l’Hexagone à la 3e place derrière la Grande-Bretagne (5,4 Md€, 14,8 % du total) et surtout l’Allemagne (18,1 Md€, 48,8 % des revenus totaux). Cegedim (14e place), Murex (18e), Sopra Group (29e), Cegid (31e), Axway (34e) figurent parmi les 50 premiers du classement - le dernier ayant un CA de plus de 217 M€.
Alors une bouffée d’air frais dans un contexte morose ? Oui et non. Car, tout en se félicitant de cette santé de l’industrie logicielle en Europe, Bernard-Louis Roques estime également qu’elle pourrait faire mieux, à condition d’être plus soutenue par les gouvernements en place. Il regrette ainsi que la coordination des politiques industrielles pour renforcer l'industrie du logiciel en Europe ne soit pas une priorité politique sur le continent.
« Elle devrait être la première au monde si on se fie aux résultats commerciaux et aux PIB, pourtant elle se retrouve loin derrière celle des Etats-Unis». A titre de comparaison, en 2011, le CA de Microsoft (48,5 Md€) était supérieur à celui cumulé des 100 éditeurs du classement.