Consumérisation, BYOD : une radiographie de la France difficile à établir
Au-delà des discours virulents et des affirmations péremptoires, la réalité du BYOD et de la consumérisation en France semble difficile à établir. Ou à tout le moins semble-t-elle plus complexe que certains voudraient le laisser entendre.
Les entreprises françaises ont ouvert timidement la porte au BYOD. C’est du moins ce que l’on peut être tenté de supposer - plus que véritablement déduire - d’une étude conduite par Vanson Bourne Omnibus pour Ping Identity auprès de 200 personnes entre la France et le Royaume-Uni. Selon celle-ci, 26 % des employés de l’Hexagone auraient déjà accès à leurs applications métiers via leurs appareils mobiles. Toutefois, 43 % estiment qu’ils pourraient le faire, au moins pour certaines d’entre elles. L’accès serait particulièrement contrôlé pour les applications liées aux données financières (impossible pour 42 % des sondés), un peu moins pour les applications de GRC (type Salesforce, pour 38 %), et pour les applications partenaires (13 %). Dans plus de 50 % des cas, la sécurité est invoquée. Un argument qui ne prendrait pas totalement : 18 % des sondés seraient plus enclins à mettre ça sur le compte de difficultés de l’entreprise à contrôler les accès...
Une petite frange d’insoumis ? S’appuyant sur un panel plus nombreux (382 personnes) mais centré sur les salariés mobiles connectés à Internet (appelés là
iWorkers), une étude Forrester pour Unisys s’alarme de ce que «les départements IT doivent faire face à une utilisation ‘sauvage’ de technologies grand public par des employés hyper-connectés ». Une «mobile élite» en butte avec sa DSI sur l’utilisation de ces technologies et qui représenterait 22 % des iWorkers français. Cette nouvelle caste se verrait ainsi plus productive - à 65 % - grâce à ses outils et applications personnels. Pour 46 % de ses représentants, les outils personnels faciliteraient la résolution de problèmes personnels. Et pour 45 %, c’est la collaboration qui est facilitée. Reste qu’ils sont peut-être révélateurs d’un malaise plus grand. Ainsi, selon l’étude, 66 % des employés français utiliseraient leurs appareils et applications personnels pour pallier à des lacunes de leur entreprise. Mais seulement 25 % des patrons l’entendraient ainsi. C’est bien la communication qui semble au coeur du sujet : 81 % des iWorkers français ignoreraient les interdits pour échanger avec leurs clients et collaborateurs. De quoi alimenter les argumentaires des tenants de l’expérience «
consumer grade» et du «syndrôme Dropbox».
Une population difficile à cerner .. et peut-être d’autant plus que le panel étudié est restreint. Ainsi, Easynet Global Services affirme, sur la base d’une étude menée auprès de 182 PDG et responsables IT et réseaux en France, au Royaume-Uni, en Belgique, aux Pays-Bas, en Espagne et en Italie (!), que non, la génération Y n’est pas seule en cause dans l’intrusion des applications grand public dans l’environnement de l’entreprise : «la génération Y a tendance à être accusée, mais il ne faut plus seulement se concentrer sur les nouveaux venus en début de carrière. L’ensemble de l’entreprise doit être impliqué, même les postes à responsabilités qui font partie de l’entreprise depuis plusieurs années.» Si pour le fournisseur de services, les chiffres tirés de son panel montrent quelque chose, on peut s’interroger légitimement sur ce qu’ils mettent véritablement en évidence. Toutefois, la conclusion qui en est retirée ne surprendrait guère de nombreux RSSI qui, sur les récentes Assises de la Sécurité, ne manquaient pas, avec une pointe d’ironie grinçante et en réponse aux incantations de Patrick Pailloux, le patron de l’Anssi, de souligner que «le mauvais exemple vient toujours du sommet de la hiérarchie ».