IBM ouvre des capacités de cloud public à Montpellier
IBM a annoncé la semaine dernière l'ouverture à Montpellier de capacités d'hébergement de cloud public dans le cadre de son offre SmartCloud Enterprise +. L'ouverture de ces capacités si elle devrait séduire les clients français existants de la société ne lève toutefois pas toutes les incertitudes liées au Patriot Act.
IBM France a annoncé la semaine passée que son datacenter de Montpellier dispose désormais de capacités d’hébergement réservées à son offre de cloud public SmartCloud Entreprise Plus (SCE+). Montpellier rejoint ainsi 6 autres centres cloud IBM répartis dans le monde aux États-Unis (Raleigh, Boulder), en Allemagne, au Japon, à Singapour et au Canada. La France est ainsi le second pays Européen à accueillir des capacités d’hébergement locales pour l’offre SCE+.
L’offre de cloud public SmartCloud Enterprise + permet aux entreprises de bénéficier d’un catalogue de services et d’une grille tarifaire uniques partout dans le monde. Elle propose aussi un très haut niveau de résilience et de sécurité dont l’objectif est de répondre aux exigences des clients d’IBM, mais aussi de répondre aux contraintes réglementaires les plus avancées. SCE + proposé des environnements IaaS partagés ou dédiés sur lesquels les clients peuvent aussi déployer l’offre de PaaS d’IBM ou des applications en mode SaaS. Par exemple, Big Blue propose IBM SmartCloud for SAP, une déclinaison en mode SaaS des solutions applicatives de SAP.
Pour Big Blue, cela va permettre aux clients français et étrangers de localiser dorénavant leurs données en France. IBM rappelle par ailleurs qu’il a investi depuis 2009 en France dans ses capacités de cloud privé et qu’il a déjà mené avec succès de nombreux projets avec ses clients. Cette année, par exemple, Cegid, le premier éditeur français de logiciels de gestion, a choisi d’opérer ses solutions SaaS sur une infrastructure de cloud privé personnalisée fournie par IBM dans l’hexagone. De même l’hébergeur Aspaway, a choisi de s’appuyer sur un Cloud IBM pour répondre aux projets d’hébergement et d’externalisation d’applications en mode SaaS de ses clients.
Une capacité d’hébergement française toujours à portée de main du Patriot Act
« Avec l’ouverture de ce centre Cloud en France, IBM va accompagner les entreprises publiques ou privées françaises dans leur développement national » explique ainsi Alain Bénichou , le président d’IBM France. C’est sans aucun doute ce que Big Blue souhaite et ce que permet techniquement le datacenter de Montpellier.
Il ne fait ainsi aucun doute que les grands clients existants de Big Blue vont se réjouir de pouvoir bénéficier de capacités de cloud public colocalisées dans l’un des datacenters qui héberge déjà leur production informatique. La proximité des infrastructures de cloud public et de cloud privé va ainsi leur permettre de compléter de façon tactique leurs infrastructures de cloud privé existantes et leurs productions informatiques externalisées avec des briques moins coûteuses.
Mais il n’est pas sûr que pour les entreprises publiques, les administrations ou les entreprises des secteurs « sensibles », l’implantation en France de SCE+, change beaucoup les choses. Car cette localisation en France de SCE+ ne résout pas tout. Comme nous l’avait expliqué le directeur des affaires juridiques de Lotus il y a quelques années, lors de Lotusphere, le principal problème reste la portée extraterritoriale du « Patriot Act » qui permet aux agences de sécurité gouvernementales US d’exiger de sociétés américaines et de leurs filiales contrôlées en majorité l’accès à tout type de données qu’elles hébergent et ce quel que soit le pays où ces données sont hébergées. Au vu des pénalités prévues par le Patriot Act en cas de refus, aucune société américaine ne s’est à ce jour opposée à un tel accès.
Le Patriot Act est aujourd’hui la vraie épée de Damoclès qui pèse sur les clients des hébergeurs américains et tant que cette menace juridique ne disparaîtra pas, des secteurs entiers, comme certaines administrations, entreprises publiques et secteurs « sensibles », continueront à éviter les fournisseurs américains pour l’hébergement de leurs infrastructures et de leurs données. Et quelles que soient ses bonnes intentions, IBM ne pourra pas contrer les arguments de ses concurrents européens, tant que le Patriot Act subsistera en l’état…
L’UE, comme la France, l’a d’ailleurs bien compris en tentant d’inciter à l’apparition de capacités de cloud contrôlées par des sociétés à capitaux européens, afin de fournir des capacités de cloud locales à même de rivaliser avec celles des géants américains (c’est l’objet des fonds investis en France dans CloudWatt et dans Numergy, mais aussi dans une kyrielle d’autres projets de Cloud). Cela peut paraître injuste à IBM, mais c’est le prix à payer pour une loi unique en son genre votée à l’ère Bush et toujours appliquée à l’ère Obama…