Les Etats-Unis pourraient interdire les routeurs chinois
La polémique autour des routeurs de coeur de réseau chinois ne cesse de rebondir. La commission du renseignement de la chambre américaine des représentants s’apprêterait ainsi à proposer l’interdiction pure et simple des routeurs signés Huawei et ZTE pour les entreprises et administrations du pays.
Alors que le sénateur français Jean-Marie Bockel défendait encore, vendredi dernier, sa position controversée sur les routeurs de coeur de réseau chinois, en attribuant à l’Anssi la justification technique, le commission du renseignement de la chambre américaine des représentants devrait proposer aujourd’hui que soit interdite l’utilisation de ces routeurs par les administrations et les entreprises américaines.
Cisco rompt ses relations avec ZTE
Parallèlement, nos confrères de Reuters ont appris que Cisco a mis un terme à ses relations commerciales avec ZTE, à la suite d’une enquête interne. Cette enquête de l’équipementier américain concernait des accusation de ventes illégales de matériels Cisco à l’Iran, par le Chinois, en violation d’un embargo international.
En effet, selon Reuters, cette commission parlementaire estime, au terme de 11 mois d’enquête, que le secteur privé devrait être averti du risque d’espionnage qu’elle juge associé à l’utilisation de ces équipements réseau. Interrogé par nos confrères, le porte-parole de Huawei outre-Atlantique (en photo le centre de R&D de Huawei à Shenzhen), William Plummer, a récusé ces affirmations.
Selon lui, les affirmations selon lesquelles les équipements du groupe serait «tout particulièrement vulnérables à des actes de malveillance informatique ignorent les réalités techniques et commerciales et menacent les emplois et l’innovation aux Etats-Unis, sans rien faire pour protéger la sécurité nationale ». De son côté, ZTE a réitéré ses affirmations selon lesquelles il conteste «profondément» être contrôlé ou dirigé par le gouvernement chinois.
Dans son rapport, la commission estime quant à elle que les deux équipementiers ont failli à fournir des informations détaillées sur leurs relations ou leurs interactions réglementaires avec les autorités chinoises. Une question particulièrement sensible compte tenu des investissements présumés des autorités chinoises en matière de cyberespionnage. Le Japon préparerait d’ailleurs la création d’un réseau de cyberdéfense en coopération avec l'Association des Nations du Sud-Est asiatique.
En France, le sénateur Jean-Marie Bockel a pris, en juillet, fermement position en faveur de l’interdiction des routeurs de coeur de réseau chinois. Une proposition qui a généré une forte controverse, en partie alimentée par le fait que le sénateur n’avait pas auditionné Huawei et ZTE avant de se prononcer. Interrogé sur ce sujet vendredi dernier, à Monaco, lors des Assises de la Sécurité, Jean-Marie Bockel a affirmé avoir forgé sa conviction à partir «d’éléments précis, techniques» fournis par l’Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information (Anssi).