Orange avance ses pions dans le M2M

Ouverture d'un centre dédié, participation active dans la standardisation, industrialisation, Orange Business Services monte d'un cran dans son activité Machine To Machine (M2M). Un segment pour l'heure émergent, mais dont le groupe n'entend pas rater le décollage.

C'est un segment qui, semble-t-il, « ne connait pas la crise » qu'Orange Business Services a décidé de prendre à bras le corps. Sur le marché du Machine To Machine (M2M), ce concept qui consiste à faire dialoguer des objets entre eux via un réseau, l'opérateur télécoms inaugure à Bruxelles un centre international entièrement dédié à ces applications, le International Machine To Machine Center (IMC). C'est sa filiale Mobistar qui en aura les clés. « Il s'agit d'une entité opérationnelle dédiée au M2M qui doit répondre à des besoins spécifiques de clients ayant des activités dans plusieurs pays », explique Anne-Marie Thiollet, directrice marketing M2M et fixe chez Orange Business Services.

Ayant constaté une demande et des besoins croissants sur ce segment, le groupe a décidé de bâtir un centre qui se spécialise auprès des entreprises. Principalement des grands (voire très grands) comptes, « qui souhaitent intégrer de la connectivité M2M dans leur machine et surtout souhaitent les intégrer dans leurs processus de fabrication ». Anne-Marie Thiollet ajoute : « les entreprises manufacturières intègre la connectivité M2M, par exemple pour des services de maintenance à distance ou des appels d'urgence ».

Ce centre viendra renforcer les filiales M2M d'Orange, déjà présentes au niveau local, comme en Grande-Bretagne ou encore en Pologne. Le centre se spécialisant dans des besoins plus globaux et tournés vers les grands clients internationaux manufacturiers ayant des besoins spécifiques. Evidemment les travaux qui en découleront bénéficieront aux entités locales du groupe.

Personnalisation... mais dans de gros volumes

Les prestations que proposera l'IMC iront de l'accompagnement et l'organisation jusqu'au design pur et dur. « Conception, architecture, processus » feront également partis du lot. Un schéma de prestation qui se veut ouvert et flexible selon le projet du client, nuance Anne-Marie Thiollet qui explique que certains clients souhaitent que l'on gère leur projet de bout en bout.
Mais attention, avec un champ d'action limité aux services de communications M2M. Pas de développement d'applications métier, par exemple.

Face à une telle cible - où les projets sont généralement de grande ampleur en terme de volume -, le centre de Bruxelles devra également répondre à deux problématiques : une logique de personnalisation, car le M2M doit coller aux processus métier de l'entreprise, et une logique de volume, liée la fabrication des composants. Le centre devra ainsi s'ancrer dans un mode industriel du M2M, pour satisfaire la demande et ainsi répondre à un niveau de qualité de service, commente Anne-Marie Thiollet.

Une carte SIM plus robuste

Mais l'IMC s'inscrit dans un plan bien plus ambitieux pour le groupe. Orange, pour jouer la carte du M2M sur un marché promis à un bel avenir, compte prendre part au débat auprès des organismes de normalisation en charge de développer les standards de l'Internet des objets. C'est ainsi que l'on retrouve le groupe à la tête d'un comité technique M2M à l'Etsi (European Telecommunications Standards Institute), une nouvelle activité récemment créée par l'organisme de normalisation, comme nous l'indique Walter Wiegel, directeur général de l'Etsi.

 
Compteurs intelligents : Steria pilotera le déploiement
Steria a remporté la mise en place du système de pilotage du déploiement des 35 millions de compteurs communicants Linky. Un vaste projet qui vise, à terme, soit en 2016, le remplacement des compteurs électriques par une nouvelle génération permettant notamment les télé-relevés. Les phases pilotes de ce chantier seront réalisées par la SSII Atos et porteront sur 300 000 compteurs et 7 000 concentrateurs, ainsi que sur les outils logiciels associés. Le projet global est évalué entre 4 et 5 milliards d'euros.
Dans un communiqué, Steria explique que « la mise en production, dans les délais impartis, de la première version de l’application permettant de planifier les interventions de pose, de programmer et suivre l’exécution des travaux préparatoires et de piloter l’avancement du déploiement des compteurs Linky » est aujourd'hui finalisée.
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Parmi leurs travaux, des réflexions autour d'une nouvelle génération de carte SIM dédiée au M2M, avec un fort accent mis sur la robustesse et la solidité. « On se pose la question de la durée de vie de la carte », explique Anne-Marie Thiollet, qui ajoute qu'Orange dispose déjà d'une carte SIM M2M à son catalogue d'offre. Le comité technique de l'Etsi prévoit ainsi d'en épurer les fonctions, pour élaguer celles qui n'ont pas d'utilité dans le cadre du M2M, et de plancher sur un format standard et plus robuste (on parle de travaux sur la résistance à la température, aux chocs et aux vibrations). Un plus pour de grandes entreprises internationales et manufacturières.

La standardisation, une fois établie, doit également ouvrir la porte à la simplification de la chaîne de communications, un point sur lequel « il reste encore des efforts à faire, notamment entre opérateurs, fabricants de modules et fournisseurs de cartes SIM ». La standardisation des interfaces constitue notamment une solution.

Croissance à deux chiffres

Autant d'initiatives et d'investissements qui rafermissent la position d'Orange sur le marché du M2M. Un marché pour l'heure émergent assis sur un « petit » 6 milliards d'euros en 2007 (dans le monde, chiffre IDC), mais avec un potentiel qu'Anne-Marie Thiollet qualifie « d'énorme ». Ce marché connaît actuellement une croissance à deux chiffres par an, constate-t-elle. Logique donc de voir un opérateur, doté d'un bras armé de services aux entreprises, s'y positionner, avec en perspective « de très gros projets en Europe  qui seront poussés par la réglementation, avec notamment la télé-relève des compteurs électriques en France (dont Atos a récupéré la phase pilote du projet de modernisation, ndlr - voir aussi encadré), en Grande-Bretagne et en Espagne ».

Reste que ce développement s'effectuera progressivement selon elle. « Pas avant 10 ans », pour une véritable adoption. Dans cette perspective, les prédictions de l'Idate, qui estiment qu'en 2012, 4 % du chiffre d'affaires des opérateurs proviendra du M2M semblent un brin optimistes.

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