Même pendant la crise, les SSII ne font pas rêver les éléves ingénieurs
La France, pays de SSII... en dépit du désamour des jeunes ingénieurs. C’est ce que l’on doit conclure à la lecture de l’étude French Student Survey 2009 d’Universum qui relègue dans les tréfonds du classement des entreprises les plus attirantes les sociétés de services qui accueillent pourtant un gros bataillon d’ingénieurs IT à leur sortie d’école. Un paradoxe lié à une image toujours très noire du travail d'un collaborateur en SSII.
La crise n’y change rien : les SSII n’ont toujours pas la côte auprès des élèves ingénieurs dans le classement annuel établi par le cabinet de recrutement Universum. Pour sa French Student Survey 2009, ce dernier a interrogé 16 971 étudiants issus de 99 grandes écoles (commerce, ingénieur, sciences naturelles / santé). Sur la catégorie ingénieurs – comprenant les spécialistes des systèmes d’information –, la première entreprise IT citée comme destination privilégiée est Google, qui se classe en 5ème position. Loin derrière, Capgemini est la première société de services citée (39ème rang).
Un manque d’attrait donc que le temps de dément pas. Et certainement une déception pour les acteurs du secteur qui comptaient sur la crise financière pour voir revenir dans leur giron des profils de haut niveau, attirés depuis plusieurs années surtout par le monde de la finance. Si, de manière générale, les banques n’ont plus trop le vent en poupe - la première, BNP Paribas, se classe seulement 35ème de la catégorie ingénieurs ! –, ce n’est pas en direction de l’informatique que se tournent les jeunes, mais plutôt de l’environnement. Veolia Environnement se positionne 2ème chez les étudiants ingénieurs (derrière EADS), tandis que, sur cette même population, le groupe GDF Suez – constitué récemment - arrive en 9ème position... là où GDF se situait à la 31ème place et Suez à la 14ème en 2008.
Une image d’usine informatique qui colle à la peau
Pour Julien Peigné – étudiant en dernière année à Supinfo –, rien d’étonnant à la faible présence des SSII dans les choix des étudiants. « La perception dans les écoles, c’est qu’en SSII on est plutôt dans une machine de guerre impersonnelle, plutôt que réellement dans la conception et la réalisation d’un projet. Du coup, les clients finaux séduisent plus. » Pourtant, actuellement en stage chez Exakis (une petite société de services), il se dit très satisfait de cette première expérience et admet : « avant j’avais plutôt des réserves ; j’ai changé d’avis aujourd'hui. » Selon Julien Peigné, « même pour les stages, la plupart des étudiants cherchent à intégrer des clients finaux. Ou alors, dès lors que l’on cherche à se rapprocher des technologies, mêmes les enseignants évoquent plus souvent les grands groupes comme Google ou Microsoft que les sociétés de services. »
Un problème d’identification plus que de carrière
Pourtant, ces dernières ne sont pas avares de leurs efforts pour séduire les profils et – consciente du désamour qui les frappe – s’investissent très en amont, au sein des formations. En vain selon Yann Koch, directeur pour la France de Spring Technology, cabinet de recrutement spécialisé dans l'IT. Il explique : « un jeune diplômé a toujours du mal à se lancer dans une société de services en première intention. Surtout que les premiers temps sont parfois mal vécus : souvent naît un sentiment de manque d’attachement de la SSII à ses salariés. Les jeunes embauchés se sentent alors plus proches en terme d’identité professionnelle du client final pour qui ils travaillent ». Selon cet ancien cadre de SSII, c’est dommage « dans la mesure où, en terme de parcours, une SSII permet de diversifier les projets, les expériences et de travailler pour différents secteurs ».
La crise pourrait cependant conduire à un léger infléchissement dans la mesure où, pour les jeunes diplômés, la priorité redevient de trouver un travail plus que de choisir un débouché parmi une palette de possibilités. Mais, dès qu'un choix existe, « il est assez facile de voir le comportement des jeunes ingénieurs, notamment ceux qui n’ont pas réellement réfléchi en terme de carrière, note Yann Koch. A salaire égal, ils privilégient l’entreprise utilisatrice sur le fournisseur, et dans cette dernière catégorie, leur choix se porte invariablement sur l’éditeur plutôt que sur la SSII. »
Le classement de la French Student Survey 2009
Les acteurs IT classés dans le top 100 de la French Student Survey 2009
Source : Universum