La crise, Google et l'Open Source ne parviennent pas à mettre Ms Office en danger
Selon Forrester, la suite bureautique Office reste peu menacée par ses concurrents qu'ils soient Open Source ou en mode Saas, comme Google Apps. Plutôt que de détourner les utilisateurs du produit vedette de Microsoft, la crise retarde les migrations vers la dernière version du produit.
Selon une étude de Forrester, malgré le ralentissement économique, la position de Microsoft Office reste peu menacée dans les entreprises. Parmi les 152 entreprises de toutes tailles interrogées par le cabinet d'étude, 92 % emploient Office 2007, 2003 ou une version antérieure. Suivent Google Apps (3,3 %), Sun StarOffice 8 ou 9 (la version payante de la suite Open Source OpenOffice, 2,6 %) et Lotus Symphony (1,9 %).
Poussée par les demandes des métiers ou par l'arrêt du support de leur version, une large part des entreprises sous Office prévoient de migrer vers la dernière mouture du logiciel (Office 2007). Elles sont 14 % à prévoir cette migration sous six mois, et 27 % de plus à envisager ce projet dans l'année qui vient. Pour 26 % des entreprises, cette migration est certes envisagée, mais uniquement à moyen terme (deux ans). Même si cette transition vers Office 2007 se poursuit, elle a été freinée par la crise. Près de quatre entreprises sur dix expliquent que le projet a été ralenti par le contexte économique, tandis que, pour 5,3 % des décideurs interrogés, il a été tout simplement stoppé.
8 entreprises sur 10 ne regardent pas ailleurs
Malgré ces conditions économiques - qui auraient pu être l'occasion pour les DSI de remettre en question ce poste budgétaire -, Forrester note que les projets de migration vers des alternatives à Office restent minoritaires. Plus de 78 % des entreprises interrogées n'ont aucun projet de migrer vers une autre suite bureautique, qu'il s'agisse de solutions traditionnelles en mode client lourd (notamment Open Source) ou de solutions en mode Saas (comme les Google Apps). Et les résultats de l'enquête de Forrester sur la satisfaction des utilisateurs ne devraient pas accélérer le mouvement : près de 30 % des entreprises utilisant des alternatives à Office n'attribuent que la note de 2 à leur solution sur une échelle allant de 1 à 5 (5 signifiant "extrêmement satisfait"). 43 % lui donnant un 3.
Reste que l'aspect fonctionnalités n'est pas le premier motif d'un éventuel abandon d'Office, les comptes s'éloignant plutôt de la suite de Microsoft pour des questions de coûts. D'ailleurs, 62 % des DSI interrogés par Forrester admettent que, s'ils abandonnaient Office, ce serait pour une solution offrant "des coûts de licence moindres pour des fonctionnalités similaires". Cette volonté de réduire le budget bureautique apparaît d'ailleurs comme la motivation première de Valeo, principale référence dans l'Hexagone des Google Apps. Courant mai, l'équipementier automobile a annoncé son projet de migration vers la version payante de cet ensemble d'applications hébergées de bureautique, suite à des tests menés en 2008. 30 000 employés du groupe doivent basculer vers l'édition Premier (commercialisée 50 dollars par utilisateur et par an).
Google promet de faire mieux
Déjà principale alternative à Office selon Forrester, Google Docs, la partie bureautique pure des Apps, devrait connaître d'importants changements dans l'année qui vient. C'est tout au moins la promesse faite par Dave Girouard, le président de la division entreprise de Google, lors d'une conférence sur les technologies organisée cette semaine par Merrill Lynch et Bank of America. Après avoir reconnu l'ampleur du travail que Google devait encore accomplir avant de se hisser au rang de remplaçant d'Office, le dirigeant a expliqué : "dans un an, ces produits seront à des années lumières de là où ils sont aujourd'hui". Pour Dave Girouard, les fonctions Gmail et Calendar sont bien plus avancés que les solutions de bureautique de la firme, ce sont d'ailleurs ces modules qui poussent les DSI à adopter les Apps, selon lui. Le dirigeant s'est toutefois refusé à donner plus de précisions sur ces améliorations à venir.
Signalons que Gmail devrait lui aussi recevoir son lot d'améliorations, notamment destinées à répondre aux attentes des grands comptes. Un connecteur pour les serveurs Blackberry est par exemple en cours de développement. Google a également annoncé récemment Wave, un service collaboratif d'un nouveau genre qui apparaît comme un successeur de Gmail. Mais ce service semble plutôt destiné à des usages grand public, et Google n'a pas précisé s'il connaîtrait une déclinaison professionnelle.
Rappelons enfin que, de son côté, Microsoft travaille à Office 10, la prochaine version de sa suite attendue pour le premier semestre 2010. Tout l'enjeu pour le premier éditeur mondial sera de convaincre ses clients que la nouvelle mouture mérite la migration. Histoire de continuer à les empêcher de regarder avec trop d'insistance dans d'autres directions.