Stockage : Fujitsu joue sa propre carte... au détriment des partenariats avec EMC et NetApp ?
A l'instar d'HP, IBM, Sun ou Dell, Fujitsu Technology Solutions, l'ex Fujitsu-Siemens, affiche l'ambition de développer et commercialiser ses propres systèmes de stockage. Traditionnellement partenaire d'EMC et NetApp, le constructeur nippon vient ainsi de présenter une nouvelle offre de baies d'entrée de gamme SAN et annonce déjà, pour le début 2010, l'arrivée de systèmes plus ambitieux, à même de remplacer chez ses clients les systèmes de ses partenaires...
Aujourd'hui plutôt connu dans le monde du stockage comme distributeur et intégrateur des solutions de stockage d'EMC et NetApp - il est le premier intégrateur européen d'EMC -, Fujitsu veut développer en Europe ses propres offres de stockage. La nouvelle stratégie est le fruit de la reprise en main de l'ex-Fujitsu-Siemens par sa maison-mère japonaise, Fujitsu. Elle s'inscrit toutefois dans la continuité de premiers efforts effectués en ce sens par Fujitsu-Siemens. D'ailleurs la responsabilité mondiale de l'activité stockage sera pilotée depuis l'Allemagne, avec comme objectif de réaliser un CA de près de 1,5 Md€ sur l'année fiscale en cours.
Des premiers pas aux résultats mitigés
Depuis un peu plus de quatre ans, le constructeur a patiemment commencé à assembler les premières briques d'une gamme de solutions de stockage conçues en interne, notamment la gamme FibreCAT. Ces solutions ont connu des succès mitigés. L'entrée de gamme SAN/NAS à base de Windows Storage Server 2003 R2, les FibreCAT de la série N, a connu une fin précipitée, largement du fait des faiblesses de l'OS de Microsoft en tant que plate-forme de stockage. En revanche, les baies SAN Fibre Channel/iSCSI FibreCAT SX ont commencé à rencontrer un certain succès chez les clients du groupe. Offrant des capacités allant de 3,6 à 108 To selon les modèles, les baies SX s'appuyaient sur une architecture interne SAS/SATA et offraient tous les services d'une baie de stockage d'entrée de gamme à des tarifs abordables.
Ces baies sont désormais rebaptisées Eternus DX – Eternus étant la marque des systèmes de stockage de Fujitsu au Japon – et subissent une mise à jour bienvenue. Fujitsu lance en fait deux nouvelles baies, les Eternus DX60 et DX80, basées sur une architecture logicielle commune et ne différant que par leurs capacités matérielles. La première est capable de stocker jusqu'à 24 To (moyennant l'usage d'un tiroir d'extension) et se pose en concurrente de baies telles que les DS3200 et 3400 d'IBM ou la MSA2000 de HP. La seconde peut stocker jusqu'à 120 To (avec 9 tiroirs additionnels) et a pour mission de rivaliser avec des baies telles que les DS 4200/4700 de Big Blue ou les EVA 4400 de HP. Les deux modèles disposent au choix d'interfaces FC (Fibre Channel), iSCSI ou SAS et sont supportés sous Windows, Solaris, Linux et VMware.
"Des fonctionnalités uniques pour cette catégorie de systèmes"
Comme l'explique Jean-Luc Dupon, en charge des offres serveurs et stockage chez le constructeur, les Eternus DX intègre des fonctionnalités uniques pour des systèmes dans cette gamme de prix. Fujitsu a ainsi généralisé à tous les modèles le système de protection des caches par des condensateurs en cas de rupture d'alimentation électrique (ex-système FibreCAP, renommé Cache Protector). Fujitsu a également incorporé un système de protection avancée des données à base de Checksum, qui assure l'intégrité des données sur le disque et sur le cache, et a apporté une petite amélioration à son système Raid. En Raid 5, la reconstruction des données sur un disque de spare (de réserve) débute dès la détection d'un incident sur un disque. Le disque incriminé est ainsi remplacé rapidement dans la grappe par le disque de spare, tout en minimisant le risque de perte de données. Fujitsu propose également une fonction de migration de LUN (identifiant d'unité logique) qui permet de déplacer un volume logique vers un autre type de disque ou vers un groupe RAID plus adapté en fonction des contraintes de niveau de service (par exemple pour des raisons de performances).
Selon Jean-Luc Dupon, Fujitsu a également beaucoup travaillé sur la granularité des fonctions de snapshot et de clonage et sur l'intégration avec les outils du marché tels que Backup exec, Netbackup, CA Arcserve ou CA XoSoft. Le catalogue de fonctions des Eternus DX devrait s'enrichir en décembre avec l'arrivée de fonctions de réplication asynchrone, puis en 2010 avec le support du Thin Provisionning.
Une gamme appelée à se développer
Il est à noter que les Eternus DX ne sont que la première brique de l'offre Eternus en Europe. Fujitsu a ainsi décidé de conserver la gamme CentricStor (librairie de bande virtuelle en environnement hétérogène) de Fujitsu-Siemens et de la rebaptiser Eternus CS. CentricStor est notamment utilisé en France par plusieurs grands comptes Mainframe et Unix comme intermédiaire avant sauvegarde sur bandothèque.
La gamme Eternus devrait aussi s'enrichir en milieu et haut de gamme au début d'année 2010 avec l'arrivée en Europe des successeurs des actuels Eternus 4000 et 8000. Fujitsu disposera alors en interne d'une alternative aux Clariion d'EMC - même si Jean-Luc Dupon explique que les partenariats avec EMC et NetApp sont pérennes. Les systèmes Eternus de milieu de gamme devraient aussi être bien adaptés à l'archivage de données du fait de leurs capacités MAID (Massive Array of Idle Disks).
Terminons en signalant qu'un système original de Fujitsu-Siemens ne semble pas avoir survécu à la nouvelle stratégie. À la mi-2008, le constructeur avait dévoilé CentricStor FS, un système NAS à grande échelle en cluster basé sur le système de fichier d'Exanet. CentricStor FS avait à l'époque pour ambition de concurrencer des systèmes comme le HP StorageWorks 9100 Extreme Data Storage (à base de file System Polyserve) ou comme l'EMC Atmos, mais aussi les systèmes en clusters tels que celui d'Isilon, ou les clusters à base de File System Ibrix. Aujourd'hui toute trace de CentricStor FS a disparu du site du constructeur.
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