Chorus : après l'Education Nationale, le tandem BearingPoint-Sopra s'adjuge la Défense
Le consortium emmené par BearingPoint vient de remporter le contrat de déploiement du futur progiciel comptable de l'Etat au sein d'un ministère clef : la Défense. Le tandem BearingPoint-Sopra est déjà chargé du même marché au sein de l'Education Nationale. En raison des complexités inhérentes à la Défense, ce second déploiement constitue un test majeur pour le succès du futur ERP comptable de l'Etat.
Et de deux. Après l'Education Nationale en début d'année, le tandem constitué par BearingPoint et Sopra vient de remporter le déploiement du progiciel comptable Chorus au sein d'un autre ministère clef, la Défense, a appris LeMagIT de sources concordantes. D'une taille un peu supérieure à celui de l'Education Nationale - soit 4 000 utilisateurs -, le projet de mise en place de ce progiciel sur base SAP au sein de la Défense a déjà démarré. Le projet touche toutes les composantes du ministère : armées, services et directions, délégation générale pour l'armement et secrétariat général pour l'administration.
"Chorus sera en place au début de 2010, même si c'est douloureux au sein du ministère", a assuré Christian Piotre, secrétaire général pour l’administration du ministère de la Défense lors d'une conférence organisée la semaine dernière par Sopra. Le prestataire qui prendra en charge la formation (lot 4) des utilisateurs de ce ministère n'a, par contre, pas encore été notifié. Au sein de l'Education Nationale, ce marché avait été remporté par Sopra.
Crash test pour Chorus
Cette seconde étape majeure du déploiement de Chorus constitue un test majeur pour la réussite de l'ERP de gestion de la dépense, des recettes non fiscales et de la comptabilité publique. D'abord en raison des volumes financiers gérés par cette administration (50 milliards d'engagements en 2009), mais surtout en raison du profil très spécifique de ce ministère, qui détient 99 % des stocks de l'Etat. Chorus est censé améliorer la "gestion de ces actifs, par la mise en œuvre des règles de comptabilité générale", explique BearingPoint. S'y ajoutent le grand nombre d'applications en place, qui devront être remplacées ou interfacées avec le nouveau cœur comptable, et les impacts sur l'organisation du livre blanc sur la défense.
Le choix du tandem BearingPoint-Sopra n'est pas réellement une surprise, le premier étant bien positionné au sein de ce ministère. Manifestement, les incertitudes qui entourent les activités européennes du cabinet de conseil américain, qui s'est déclaré en février dernier en dépôt de bilan, n'ont pas suffi à hypothéquer les chances du prestataire. En mai, nos confrères des Echos évoquaient la piste d'un rachat de pôle européen, dont l'activité est saine, par les associés du cabinet. Un scénario que confirme aujourd'hui BearingPoint France.
Version 3 : l'échéance sera respectée
En novembre dernier, l'AIFE (Agence pour l’informatique financière de l’Etat) avait sélectionné, dans un accord cadre, les prestataires à même de concourir aux marchés "réels" passés dans un second temps (dits marchés subséquents). Le chantier titanesque de Chorus, estimé entre 150 et 200 millions d'euros, est décomposé en quatre lots : déploiement interministériel (lot 1), assistance au déploiement (lot 2), raccordement technique (lot 3), formation et assistance aux personnels (lot 4). Les lots 2 et 4, qui mettent aux prises les plus grands prestataires de la place, sont les plus âprement disputés.
Rappelons qu'en début d'année, un rapport de la Cour des comptes avait étrillé le plus grand projet informatique de l'Hexagone, et certainement un des plus importants au monde. Pointant du doigt le retard pris par le projet - un an selon l'aveu d'Eric Woerth, le ministre du Budget - des fonctionnalités inférieures aux attentes et le dépassement des budgets, le rapport avait fait du bruit dans le landerneau. Les prestataires impliqués sur le projet l'avaient même jugé extrêmement sévère, estimant que les grands jalons de Chorus étaient tenus par l'AIFE. De facto, dans le courant de l'été et selon des sources concordantes, cette dernière livrera bien la version 3 du progiciel, comme attendu. Un point de passage certes rassurant, mais qui ne suffit pas à lui seul à garantir le succès du projet.
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