Pixid : la solution progicielle qui veut fédérer l'intérim
C'est une expérience originale née voici plus de quatre ans. Pixid, fruit de la volonté de trois géants du travail temporaire de développer une plate-forme commune de gestion de l'intérim, arrive aujourd'hui, avec plus de 10 000 utilisateurs, à une certaine maturité. Avec un credo inchangé : fluidifier la relation entre donneurs d'ordre et agence d'intérim. Donc réduire les coûts associés.
Né fin 2004 de la volonté de trois grands réseaux de travail temporaire (Adecco, Manpower et Vediorbis) de développer en commun une plate-forme logicielle facilitant la gestion de l'intérim chez les donneurs d'ordre et dans leurs agences, Pixid atteint aujourd'hui l'âge industriel. "On a livré l'ensemble de la chaîne applicative à l'été dernier", explique Etienne Colella, le directeur général. Hasard (malheureux) du calendrier, la fin de ce vaste projet (quatre ans) de développement de toute la chaîne applicative de gestion de l'intérim - de l'expression des besoins à la facturation, en passant par les contrats (voir ci-dessous) et les relevés de mission - intervient au moment où le marché du travail temporaire s'effondre du fait de la crise. "Dès septembre 2008, on a noté une chute importante des volumes. Mais on parvient presque à absorber cette décroissance du marché par l'acquisition de nouveaux clients", explique le dirigeant. En 2008, Pixid a réalisé un chiffre d'affaires de 1,5 million d'euros et envisage des revenus stables cette année.
S'adressant aux agences d'intérim, mais également aux donneurs d'ordre (des grands comptes, mais aussi des PME industrielles), la solution est aujourd'hui déployée sur 1 500 sites côté entreprises et auprès de plus de 4 700 agences d'intérim, membres de 65 réseaux (dont les 10 plus grands). Si Pixid dispose encore de belles opportunités de croissance auprès des entreprises consommatrices de travail temporaire, Etienne Collela estime être proche d'un palier en termes d'agences d'intérim (avec un plafond vers 5 500).
Se rapprocher de fonctions RH
Accessible en version packagée, comme un service intégré au portail RH et désormais sur le Web, la solution est facturée au volume échangé. "Il n'y a pas de frais d'accès à la plate-forme, explique Etienne Collela. Mais la formation, le paramétrage, le déploiement peuvent engendrer des coûts. Comme l'intégration à d'autres éléments du SI, de type outil de Single Sign On (SSO)." Ainsi, les Autoroutes Paris-Rhin-Rhône, qui déploient Pixid sur 60 sites, ont-elles nommé un directeur de projet pour superviser l'implémentation de la solution. Parmi les autres très grands comptes clients, citons Société Générale (intégration à l'intranet), Arcelor (interfaçage avec le SIRH) ou Renault (idem).
Une partie des fonctionnalités récentes de la plate-forme s'adressent directement à ces gros consommateurs d'intérim. Ces derniers disposent maintenant d'une base d'intérimaires, couplée à un système d'évaluation des missions effectuées (voir capture ci-contre). Ce rapprochement avec des fonctions plus RH est un des axes de développement mis en exergue par Etienne Collela. Pixid propose également un moteur de préfacturation, afin de simplifier le contrôle des factures d'intérim. "C'est un sujet très complexe, assure Etienne Collela. Pour les donneurs d'ordre, la plate-forme permet de contrôler le recours à l'intérim, la bonne application des tarifs et de la politique d'entreprise, notamment le fait de ne traiter qu'avec les entreprises de travail temporaires référencées." Selon Etienne Collela, un grand compte comme Renault serait parvenu à économiser 3 % de sa dépense en intérim depuis l'installation de la solution.
Performances : 0,3 s maximum comme temps de réponse
Du côté des entreprises de travail temporaire, la plate-forme réduit les besoins de ressaisie. "Elles doivent par contre gérer les factures qui présentent un écart avec le contrat - les autres étant validées automatiquement par la plate-forme -, mais sont en contrepartie payées plus vite par les donneurs d'ordre". Signalons que Pixid propose aussi l'option de dématérialisation fiscale des factures.
Aujourd'hui au dessus de la barre des 10 000 utilisateurs enregistrés, Pixid est aussi - et peut-être avant tout - un centre de production informatique. Parmi les 22 personnes que compte cette PME - auxquelles s'ajoutent une équipe de développement chez un prestataire au Maroc (Archos) -, la moitié d'entre elles se consacrent d'ailleurs à ce sujet. "Nous travaillons en permanence sur les performances, en modernisant nos infrastructures, en optimisant les traitements ou en effectuant du tuning de nos bases, confirme Etienne Collela. Une application comme la nôtre doit proposer un temps de réponse maximal de 0,3 s. Et si on ne fait rien, les performances se dégradent invariablement". Un point d'autant plus important que les contrats intègrent évidemment des clauses sur les niveaux de service (SLA), associés à des pénalités.
Un datawarehouse pour accélérer les requêtes
Passé à la virtualisation via VMware dès l'été 2007, Pixid avoue commencer à affronter des questions liées à la volumétrie des données qu'il gère, même si cette montée en charge avait été planifiée (comme en témoigne l'investissement total dans la plate-forme : 7 millions d'euros). Et Pixid ne gère encore que moins de 5 % du marché de l'intérim en France.
Courant 2010, la société prévoit d'ailleurs de mettre en place un entrepôt de données (datawarehouse) afin d'accélérer les requêtes sur sa plate-forme. "Renault peut par exemple interroger trois années d'historique", illustre Etienne Collela. L'ère de la start-up est bel et bien révolue.