HP-EDS : les managers abordent en ordre dispersé la réduction de salaires
Selon la rumeur, les managers français de HP-EDS auraient largement refusé d’accéder à la demande de leur maison mère de réduire leurs salaires. Et certains d’inviter même leurs collaborateurs à la prudence alors que se profilent de nombreuses suppressions de postes. Un tableau qui tranche avec celui observé dans certains pays, comme la Suisse.
C’est un courriel adressé par une directrice de division de HP pour la Suisse à ses équipes, le 14 juin dernier. Un lecteur du MagIT nous l’a transmis. On peut y lire : « la réduction volontaire de salaire peut être douloureuse, mais c’est la meilleure option selon moi. S’il vous plaît apportez nous votre soutien, ainsi qu’à tous les salariés de HP Suisse qui peuvent rester puisque nous avons trouvé une meilleure solution [que des licenciements, NDLR] La date limite pour les réponses individuelles est le 22 juin. Si vous avez refusé la réduction de salaire volontaire et voulez vous raviser, vous pouvez prendre contact avec le service des ressources humaines. Merci d’agir comme une équipe. »
Cette image de manager engagé aux côtés de sa direction tranche avec celle observée, selon diverses sources syndicales, en France, en Allemagne ou encore en Suède. Et de souligner que si, dans l'Hexagone, « certains managers internationaux mettent la pression sur leurs collaborateurs français », dans l’ensemble, c’est plutôt la prudence qui prime : « la direction française n’a pas encore écrit aux salariés » au sujet de la baisse volontaire de salaires. Une situation qui s’explique aisément selon les syndicats de HP-EDS : « est-il vraiment intelligent de seulement poser la question alors que l’on sait que l’on oriente vers 100 % de refus ? »
La perspective des licenciements
Une logique du refus motivée, sinon renforcée, par la perspective de suppressions de postes qu’une éventuelle baisse des salaires n’empêcherait pas. Les rumeurs font actuellement état d’un projet portant sur 20 % des effectifs français de HP, toutes enseignes confondues. Pour les syndicats, en effet, il ne sert à rien d’accepter les baisses de salaires mais, en plus, il n’y a pas de risque à les refuser. Lors d’une des assemblées générales organisées le 18 juin, un syndicaliste répondant à la question d’un salarié expliquait ainsi : « tu t’expose juste à… ne pas être augmenté (rires dans l’assemblée) ; ne pas avoir de bonus (nouveaux rires dans l’assemblée) ; ou avoir une mauvaise note et, donc, à n’avoir ni augmentation de salaire ni bonus dans un avenir proche… Mais, en même temps, ils ne vont pas mettre des mauvaises notes à tout le monde. »
D’ailleurs, pour ce syndicat, ce n’est pas la situation des personnes en poste chez HP ou EDS qui est la plus préoccupante, mais plutôt celle des nouveaux arrivants, « parfois venus d’entreprises du secteur sans aucune culture de la lutte collective. » Enfin, une baisse éventuelle de salaire aurait forcément un impact sur les indemnités de départ en cas de licenciement, indique le responsable syndical : « les montants relatifs au préavis, aux congés payés et ou aux indemnités chômage seront calculés sur la base du salaire réduit […] Les indemnités de départ légales et conventionnelles seront moins touchées, car établies sur la base des 12 derniers mois de salaire. »
Dénouement cette semaine ?
L’information relative aux suppressions de postes pour la France pourrait tomber cette semaine, le 25 juin, lors d’un comité de groupe. C’est pour informer et mobiliser en amont que les syndicats ont organisé plusieurs assemblées générales le 18 juin, des rassemblements qualifiés de succès avec 400 participants en Ile de France et 300 à Grenoble, « quatre fois plus que précédemment. » D’autres assemblées générales étaient prévues ce lundi 22 juin à Lyon et, ce mardi 23 juin, à Sophia.
Enfin, autre et dernière échéance de la semaine : l’audience devant le TGI de Nanterre dans le cadre du transfert des salariés de la branche services de HP chez EDS France. Ce sera pour le 26 juin. Rappelons que les syndicats s'élèvent contre le choix de la direction de conserver trois entités juridiques en France, ainsi que contre ce transfert de 600 salariés, sous un régime moins favorable.