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Linux à Munich : le projet pédale dans la choucroute
Après de multiples décalages, le projet de migration des postes de travail de la Ville de Munich vers Linux ne connaîtra de vrais résultats qu'à la mi-2012, nous apprend le quotidien Heise. Des retards à répétition qui font gonfler inévitablement la facture de la migration, décalant au passage les premières retombées financières. De quoi faire réfléchir les autres organisations tentées par l'abandon de Windows...
L'emblème de la migration Linux hoquete. Le très médiatisé projet LiMux, qui vise à basculer les 14 000 postes de travail de la Ville de Munich vers Linux et OpenOffice, a une nouvelle fois été décalé, a révélé le quotidien Heise.de, dans son édition du 24 juin.
« D'ici à la mi-2012, 80 % des 14 000 postes de l'administration de la ville auront migré sur Linux. Et à la fin de cette année, tous les employés de la mairie auront quitté Microsoft Word, Excel et Internet Explorer pour migrer vers les logiciels libres OpenOffice et le navigateur Web Firefox », explique le site Internet qui cite Florian Schießl, le directeur du projet.
2006 : le périmètre du projet déjà réduit
Il s'agit bien d'un énième retard pour un projet - lancé en 2003 – censé aboutir en 2008, échéance initiale fixée par la ville pour la migration de 100 % des postes. Une première alerte en 2006 avait poussé les responsables à revoir leurs prévisions, estimant alors que seuls 80 % des postes basculeraient en 2008. Mais, l'année dernière, un bilan d'étape montrait que seulement 10 % du parc avait migré. Les responsables expliquaient alors énigmatiquement qu'une "grande partie" des postes – fini les ratios - auraient migré en 2009. Fin 2008, nouvelle annonce : cette fois-ci, « la plupart des postes » seulement auront migré... en 2011. Subtilités sémantiques et glissages dans le calendrier... Aujourd'hui, c'est cette dernière date qui a été une nouvelle fois décalée à la mi-2012. Une rallonge sans explication.
Notons que l'ambitieux projet LiMux visait, outre les très douloureux processus de migration, le développement d'un OS dédié, basé sur une distribution Debian. Depuis les origines du projet, la migration complète du parc a souvent été qualifiée d'irréalisable, tant pour des raisons techniques – certaines applications internes ne fonctionnent que sur Windows – que pour des questions de compétences. La migration implique de former le personnel de la ville à Linux.
Plus cher qu'une migration Windows
Avec l'accumulation des retards, le projet du coup perd une partie de sa substance première, qui reposait sur une économie réelle des coûts (en se débarrassant des licences Microsoft). Dans ce même article, Florian Schießl explique qu'aucune économie n'a actuellement été réalisée. Et, avec une mise de 13 millions d'euros, le budget dépasse même celui d'une migration 100 % Windows, de NT4 à Windows XP. Un comble. Cette mise à jour aurait coûté, selon lui, quelque 2 millions d'euros en moins. « La mutation prendra du sens en terme financier seulement après plusieurs années, en évitant le paiement lié au renouvellement des licences », justifie-t-il.
Du coup, les projets qui puisaient leur inspiration dans LiMux pourraient être en proie aux doutes. Open.Amsterdam, par exemple, qui propose de développer une station de travail alternative à Windows – baptisé Standard Open Workstation - pour la déployer les postes de la ville néerlandaise. Lancé en 2007, le projet court sur trois ans et emploie quelque 15 personnes.
Dans le descriptif du projet, il est rappelé que les retombées financières sont bien relatives au volume des postes migrés. Les responsables estiment ainsi que pour « récupérer » les 300 000 euros investis, il leur faudra migrer quelque 700 postes en 5 ans. « Pour parvenir à migrer vers une pleine solution alternative à Microsoft, avec des retombées financières sur une période de 5 ans, 9 500 stations de travail […] doivent être migrés », stipule le rapport. S'ils lorgnent vers la Bavière, les responsables du projets à Amsterdam savent maintenant que la partie est loin d'être gagnée.