Budgets : les DSI sont mal préparés pour réduire intelligemment les coûts
Des organisations insuffisamment affûtées dans leur maîtrise des coûts récurrents. Dans sa dernière synthèse sur les ratios économiques de la DSI, le groupe de conseil Solucom tire les oreilles des directions informatiques qui, par conservatisme, peineraient à faire évoluer leur structure de coûts. Et renvoie les DSI à leurs devoirs de vacances.
Ne pas faire des économies qui hypothèquent le futur. Dans sa récente synthèse sur les ratios économiques, c'est la supplique (plus facile à énoncer qu'à exécuter, il est vrai) que la branche gouvernance des SI de Solucom (l'ex KLC) adresse aux DSI. Le cabinet les enjoint d'améliorer l'efficacité de leurs processus et de leurs infrastructures plutôt que de "couper" brutalement les budgets des nouveaux projets.
Pas si simple toutefois. Car, comme le note Sonia Boittin, directrice associée chez Solucom, depuis la dernière synthèse effectuée par le cabinet en 2005, les grands équilibres économiques de la DSI ont certes évolué, mais moins vite que ne l'anticipait Solucom. « Les coûts de fonctionnement des SI "en l'état" n'ont pas diminué autant que l'on pouvait le prévoir », écrit notamment Sonia Boittin (voir graphique ci-dessus, les flèches indiquant les anticipations de 2005). Qui ajoute : « Même le recours à l'offshore ou les logiciels libres n'ont pas créé de révolution des coûts ».
Des budgets en hausse... mais pour maintenir l'existant
De facto, ce fonctionnement en l'état des SI absorbe 70 % des budgets en moyenne, sensiblement la même chose qu'il y a quatre ans. Si on prend en compte le fait que la part de l'IT dans la dépense des entreprises a augmenté de quelques dixièmes de points, on aboutit donc à un constat sans appel : une bonne part de l'argent dégagé sur les derniers exercices a servi à maintenir les systèmes existants.
In fine, ce constat s'explique par la lenteur relative de la transformation des DSI, à tout le moins par le décalage entre ce que Solucom avait anticipé en 2005 et ce qui s'est réellement produit. Recours à l'infogérance et à l'externalisation applicative globale moindre qu'anticipé ainsi que frilosité en matière de transfert de personnel (en cas d'externalisation) ou de réduction d'effectifs expliquent que les grands ratios économiques n'évoluent que lentement.
Réglementations et ERP alourdissent la maintenance
Au sein de la DSI même, l'équilibre entre études, production et informatique distribuée (postes de travail) reste également relativement stable (respectivement environ 40 %, 30 % et 25 %). Mais, au sein de ces grandes masses (voir graphique ci-dessous), les lignes bougent, note Solucom. "Au sein des études, le poids de la maintenance s’est accru du fait de la charge importante représentée par les ERP d’une part, et par les évolutions imposées par la réglementation d’autre part", écrit ainsi le cabinet.
Côté production, des efforts ont été réalisés sur l'automatisation et l'industrialisation des processus, mais les mises en production pèsent sur le budget. Solucom y voit une "poche de productivité" mal exploitée, du fait de son positionnement à la frontière entre études et production.
Un leitmotiv pour Solucom : la DSI doit réduire ses coûts récurrents (« de 5 à 10 % au moins par an », sic), pour dégager des marges de manœuvre nécessaires aux investissements dans les nouveaux outils ou fonctions. Faute de quoi la direction informatique se transformera en « DSI logistique pourvoyeuse de puissance de traitement banalisée ». Une perspective peu engageante pour des directeurs informatiques soucieux de coller aux métiers des organisations pour ne pas se marginaliser.
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Postes de travail : pour quelques euros de moins Depuis 2005, les efforts des grands comptes en matière de gestion des postes de travail (télédistribution, télédiagnostic) ont payé... Sur la base d'organisations avec 3 000 postes de travail (dont 20 % de portables), Solucom calcule qu'entre 2005 et 2008, la DSI partant de la situation la plus défavorable aura économisé 400 euros par an et par poste. Restent que les minimums établis par Solucom tendent maintenant vers une asymptote. Si Solucom reconnaît le travail fourni en matière d'homogénéité des parcs et des configurations, le cabinet conseille aux DSI de travailler encore sur la maturité des utilisateurs et le contrôle de leurs demandes. |