Négociations chez HP-EDS : pourquoi ça bloque
Ce mardi 7 juillet aurait dû être le point de départ d’une vaste consultation des salariés de HP et d’EDS sur le double projet de licenciements chez le premier et de transferts de salariés vers le second. Cette consultation est aujourd’hui menacée par le refus de la CFDT d’apporter son soutien à un projet qui, s’il comporte des « avancées alléchantes », n’en recèlerait pas moins de « nombreux risques. » Un projet hyper confidentiel que certains syndicats ne semblent pas avoir présenté à leurs adhérents dans toutes ses subtilités.
Les commentaires – déjà plusieurs dizaines – déposés par les salariés de HP-EDS sur le blog de la représentation CFTC depuis l’annonce du rejet, par la CFDT, du projet de protocole d’accord négocié avec la direction de l’entreprise, laissent avant tout transparaître confusion et dépit. Du dépit tout d’abord « parce qu’il y avait déjà beaucoup de choses sur la table », commente un délégué syndical. Et de faire référence à une synthèse des garanties obtenues dont LeMagIT s’est procuré une copie.
Ce document laisse apparaître une harmonisation des statuts entre HP et EDS, sur la base de la convention collective de la métallurgie [EDS relève de celle du Syntec, moins favorable, NDLR] « avec application du chapitre 8 de la Syntec pour EDS » pour les missions, déplacements, et mutations. Surtout, les syndicats ont décroché l’assurance de « négociations communes pour les négociations annuelles obligatoires, l’emploi des séniors, le télétravail, le handicap et la GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et compétences, ndlr) » pour les 3 sociétés du groupe HP en France : HPF, HPCCF et EDS. Autre concession de la direction, attendue celle-là : le recul du nombre global de suppressions de postes dans le cadre du plan social. Il passerait de 1050 à moins de 800, avec des conditions proches de celles du précédent plan social, en 2006.
Un accord à court terme pour la CFDT
Mais ces multiples garanties, présentées comme « alléchantes » par la CFDT, dans une communication à ses adhérents datée de ce lundi 6 juillet, ne sont pas suffisantes pour ce syndicat. Pour la CFDT, « cet accord est globalement préjudiciable aux salariés et recèle de nombreux risques. » Tout d’abord sur l’harmonisation des statuts entre salariés de HP et EDS : le projet d’accord prévoit en effet une négociation « de l’accord d’adaptation des transférés […] à partir de décembre 2009 avec une mise en œuvre en avril 2011. » L’harmonisation pourrait n’être finalement que temporaire, redoute la Confédération.
Et puis il y a cet engagement de la direction de HP à ne pas lancer de nouveau PSE avant 2012 – pour la notification des départs – … « sauf en cas d’acquisition. » Pour la CFDT, « nous aurons très vraisemblablement un autre plan social avant cette échéance. De même, il n’y a aucun engagement de ne pas externaliser une partie des employés d’ici là pour contourner la difficulté, ni de transférer d’autres populations vers EDS ou une autre société du groupe. » Contestant un accord analysé comme de court terme, la CFDT dénonce aussi « un engagement de non-fermeture des principaux sites qui n’est pris que dans le cadre des présents projets de restructuration. »
Des syndicats pieds et poings liés
Surtout, ajoute la CFDT, il y a la « renonciation pour les syndicats et les instances de représentation du personnel à assister les salariés dans un contentieux individuel ou collectif avant, pendant et après le transfert [d’HP vers EDS]. » Une situation qu'un adhérent de la CFDT résume sans détour : « on se retrouve à poils ».
En attendant, l'incertitude est totale quant au devenir du projet d'accord déjà négocié.