Chez Nortel Networks, un collectif de grévistes déborde le comité d'entreprise
Une part importante des salariés de Nortel Networks France, qui avait la responsabilité mondiale de la R&D pour les activités GSM de l’équipementier canadien, est entrée en grève ce mardi 7 juillet. Le mouvement a déjà porté ses premiers fruits, mais les revendications restent nombreuses. Des divergences de vue entre personnels grévistes et comité d’entreprise jettent de l'huile sur le feu.
« Vérifiez vos sources auprès du Comité d’entreprise (CE) ; il n’y a pas de grève générale chez Nortel. Seule une partie du personnel est en grève (avec le support de la CTFC) », indiquait, hier, un lecteur du MagIT en commentaire d’un article. Nous nous faisions l’écho de l’appel à la grève générale lancé ce lundi 6 juillet par des salariés de Nortel Networks France se sentant menés en bateau depuis plusieurs mois par leur maison mère ainsi que par l’administrateur judiciaire britannique, Ernst & Young UK. Nous avons donc fait le déplacement sur le site de Châteaufort (Yvelines) pour évaluer la réalité du mouvement au sein de cette société placée en liquidation judiciaire.
Sur place, le délégué syndical CTFC, Christian Berenbach, faisait état, ce mercredi 8 juillet après-midi, de « 230 grévistes mardi pour 680 salariés concernés. » Un chiffre qui peut sembler faible mais s’avère déjà significatif. D’autant plus qu’il faut compter avec les congés que certains peuvent avoir pris, ainsi qu’avec « la direction qui le matin à 10h30 a envoyé un e-mail à tous ceux qui n’étaient pas sur site pour leur dire de ne pas se déplacer. Et, hier soir, ils n’ont pas attendu que l’on ait négocié ; ils ont envoyé un e-mail annonçant que la grève se poursuivait » ce mercredi. Une façon de dissuader les salariés hors du mouvement de la rejoindre en limitant les contacts entre grévistes et non grévistes. Selon nos constatations, plus de 200 employés s'étaient déclarés grévistes ce mercredi. Le piquet de grève réunissait lui quelques dizaines de personnes.
Déjà quelques avancées modestes
Une population sans culture de la revendication |
Pour une large partie des grévistes de Nortel Networks SA, cette grève est une première. Interrogée à l’entrée du site de Châteaufort (Yvelines), une salariée insiste : « nous n'avons pas l’habitude de faire grève. C’est une boîte nord américaine sans culture syndicale. Mais comme on ne pouvait pas s’appuyer sur le comité d’entreprise pour faire grève, nous en sommes venus aux syndicats. » Et un autre d’ajouter : « il y avait peut-être 4 syndiqués… » De quoi expliquer une mobilisation que certains jugent limitée ? Pas uniquement : « il y a toujours une pression de la hiérarchie. Au service financier, ils subissent directement la pression de la direction. C’est difficile pour eux de se déclarer en grève. » Reste que, pour l’heure, « il n’y a pas de tension ni de séparation entre grévistes et non grévistes. » D’autant plus que certains managers, dans les activités de support notamment, afficheraient une solidarité certaine avec leurs collaborateurs grévistes. |
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Pour autant, en l’état, ceux qui se rassemblent sous la bannière du « collectif Nortel France », prévoient de poursuivre le mouvement. Des actions spécifiques sont en cours d’élaboration pour jeudi matin. En milieu d'après-midi, les grévistes se sont ainsi accordés pour bloquer intégralement le site à partir de demain et envisagent de passer la nuit sur place.
La détermination est d’autant plus grande que les grévistes cherchent à obtenir une place à la table des négociations, place que le comité d’entreprise leur refuse jusqu’ici. Selon certains, le CE est effectivement arrivé au bout de sa stratégie et doit laisser s’ouvrir la table des négociations à des forces sans lesquelles certaines avancées n’auraient pas été obtenues : pour un salarié gréviste interrogé sur place, « on les a élus pour qu’ils nous représentent ; la grève n’était pas dans leur stratégie mais plus le temps avançait, plus on a vu qu’ils n’arrivaient pas à obtenir quoi que ce soit. »