Recul historique du CA de Microsoft, plombé par la crise et ses activités en ligne
Un second trimestre consécutif en recul, une baisse des bénéfices qui s’accentue : les temps sont durs pour Microsoft en dépit de marges toujours plus que confortables sur ses produits historiques. Reste que l’activité s’est sérieusement tassée et que la division online – qui enregistre de fortes pertes - demeure dramatiquement faible.
La crise aura finalement eu raison de la croissance de Microsoft, qui n'avait jamais enregistré de recul de son CA depuis son introduction en bourse en 1986. L'éditeur de Redmond a conclu son année fiscale sur un CA en légère baisse et avec un bénéfice en net recul. Le niveau d’activité est toutefois demeuré élevé - vu la sévérité de la crise qui sévit depuis septembre 2008 - avec un chiffre d’affaires de 58,44 milliards de dollars en léger retrait de 3% sur l'ensemble de l'année écoulée. En revanche, si la marge demeure confortable, elle recule plus nettement avec un résultat opérationnel de 20,36 milliards de dollars (-9%) et surtout un résultat net de 14,57 milliards de dollars qui plonge de 18% par rapport à 2008.
Microsoft profite finalement de son exercice décalé (du 1er juillet au 30 juin), qui contribue à masquer les effets d’une crise, qui s’est nettement accentuée en fin d’année 2008. Les résultats du dernier trimestre fiscal montrent ainsi un recul historique pour le numéro un mondial des éditeurs de logiciel. Au T4, le chiffre d’affaire a ainsi plongé de 17% pour s'établir à 13,10 milliards de dollars. Côté résultats, c’est même pire, avec des reculs respectifs de 30% - à 3,99 milliards de dollars – et 29% - à 3,05 milliards de dollars – pour l’opérationnel et le net.
Des résultats plombés par la déprime du marché informatique
En dépit d’une vague de licenciements annoncée en janvier - la première dans l’histoire du groupe - , Microsoft n’a semble-t-il pas réussi à endiguer l’érosion de sa marge. La faute à la déprime du marché des PC et serveurs selon Chris Liddell, directeur financier de Microsoft, qui se félicite tout de même des 750 millions de dollars d’économies trimestrielles enregistrées par Redmond. Ces résultats en demi-teinte poussent l'éditeur à tenter d’oublier la crise en se projetant vers l’avenir. Microsoft a ainsi souligné dans une conférence pour les analystes que les différents produits en cours de finalisation promettent beaucoup, notamment Windows 7, Windows Server 2008 R2 et Bing, l’arme anti-Google tout juste lancée.
Au niveau des différents segments d’activité, un seul peut s’enorgueillir d’avoir progressé durant l’année : celui des logiciels serveurs et des outils de développement (Servers & tools) avec un chiffre d’affaire de 14,12- milliards de dollars (+7,8%). Une bonne performance annuelle qui masque toutefois un recul des ventes au 4ème trimestre…
Une autre division résiste aussi, celle des applications d’entreprises (Microsoft Business Division). Son chiffre d’affaires se maintient à 18,894 milliards de dollars pour un résultats opérationnel de 12,141 milliards de dollars, quasiment identique à celui de l’année précédente.
Derrière, les revenus liés au poste client reculent de 12,8% à 14,712 milliards de dollars. Surtout, ce segment, véritable vache à lait du groupe, voit sa marge se réduire de 4 points tout en demeurant très confortablement à 73,8%. Microsoft est là victime du recul du marché des PC, mais aussi de l'échec de Windows Vista, qui n'a jamais vraiment réussi à séduire les utilisateurs.
Des activités online qui ne décollent pas et plombent les résultats
En fait, Redmond rencontre ses pires difficultés sur le secteur du online, où il perd de l’argent de manière chronique. Sur l’année fiscale 2009, les revenus des activités Online de l'éditeur ont même reculé, alors que Google ou Yahoo ont montré récemment qu’ils arrivaient à tenir le choc. Sur l'ensemble de l'année, le chiffre d’affaire de la division Online Services Business se monte à 3,088 milliards de dollars (-3,9%), mais les pertes doublent pratiquement, à 2,253 milliards de dollars. Microsoft explique avoir investi massivement dans l'infrastructure pour ses activités en ligne. Mais il a également dû acheter massivement de l’audience pour faire face à la course à la puissance imposée par Google. D’où les velléités de rapprochement avec Yahoo, dont l'apport d'audience pourrait permettre à Redmond de livrer une bataille moins déséquilibrée avec le géant qu'est devenu Google