Pandémie de grippe A : début de panique dans l'industrie IT indienne
Après avoir touché le Mexique et forcé les SSII installées sur place à prendre d'importantes mesures de protection, la grippe A/H1N1, dite porcine, menace désormais l'Inde. Le pays semble particulièrement propice à la propagation du virus par mouvement migratoire, notamment en raison de l'importance qu'y joue l'industrie des services informatiques. Une industrie qui a commencé à prendre ses dispositions.
Tout est parti de Pune, cette ville industrielle proche de Mumbai (Bombay), dans l’état du Maharastra. Le 3 août dernier, Devidas Deshpande, journaliste au quotidien local Pune Mirror, alertait LeMagIT : « la grippe porcine vient de faire sa première victime en Inde. Une jeune fille de 14 ans vient d’en décéder à l’hôpital de Jehangir [à Pune] […] elle était sous respirateur depuis le 29 juillet. Pune est la ville la plus touchée d’Inde avec plus de 125 cas recensés depuis lundi. En Inde, on compte 551 cas, dont 149 dans l’état du Maharastra [dont dépendent Pune et Mumbai, NDLR]. La plupart des personnes touchées à Pune sont des étudiants. »
Ce mercredi 12 août, le bilan en Inde est monté à 15 victimes de la grippe A/H1N1, dont 8 pour la seule Pune. Le seuil des 1000 personnes infectées a été franchi. Les autorités sanitaires locales estiment que 1,5 million de personnes devraient être concernées à l’horizon du mois de novembre ; la barre des 10 000 000 devrait être franchie fin 2009. Sur place, c’est un vent de panique qui semble commencer à souffler, au point que le gouvernement indien a pris la peine d’appeler au calme. Nos confrères d’IBN Live rapportent par exemple qu’une femme craignant d’être infectée a préféré suivre les funérailles de son frère… sur Internet. L’Hindustan Times rapporte aussi le cas d’un étudiant de 21 ans qui, suspecté d’être infecté par le virus, se serait enfui de l’hôpital de Naidu, à Pune.
Sur place, les écoles, universités et cinémas multiplexes ont été récemment fermés. Arun Bhardwaj, directeur des activités de l'éditeur de GED Global Graphics Software en Inde, confirme : « mes enfants ne vont pas à l’école ; les bureaux sont ouverts mais d’importantes précautions sont prises. » Ces mesures de fermeture n’auront peut-être pas un impact très important : les centres commerciaux et les multiplexes de Pune voyaient déjà leur activité reculer de 70 % avant que la fermeture ne soit ordonnée, selon nos confrères du Business Standard.
Des situations proches de la panique
Fabrice Caquin, co-fondateur d’Alternative India, une société de sous-traitance en ingénierie lourde basée à Pune, décrit une situation à la limite du surréalisme : « hier soir, nous étions huit copains au restaurant ; on s’est cru aux urgences, tout le staff portait des masques – il y avait 10 à 15 serveurs, 20 clients, 350m2 de terrasse en extérieur… » Certains comportements semblent d’ailleurs incohérents : « maintenant qu’ils portent un masque, certains Indiens pensent qu’ils peuvent aller dans les rues bondées, ne plus se laver les mains et continuer une vie normale… ils pensent ne courir aucun risque puisqu’ils portent des masques. » Pour ses équipes, Fabrice Caquin applique des mesures de prudence classiques : « on ne met plus les pieds dans les centres commerciaux, ni autres endroits populaires ; on fait attention à ce que l’on mange et on fait du sport car la période de mousson fragilise l’organisme. »
Car la grippe porcine est bien là, en Inde. Des cas ont été identifiés à Ahmedabad, à New Delhi – où les masques connaissent un important engouement.
L’industrie IT en première ligne
A Chennai, les industries IT et du BPO (externalisation de processus métier) seraient, selon nos confrères de l’Hindu Business Line, passées en « alerte rouge ». Et le quotidien économique d’évoquer la mise à disposition de médecins et le stockage de masques chirurgicaux, chez l’Américain Perot Systems par exemple, qui aurait rentré plus de 100 000 masques et s’apprêterait à s’équiper d’un scanner thermique.
la SSII Cognizant aurait pris des mesures de restriction des déplacements à l’étranger. A Bangalore, plusieurs SSII ont demandé à leurs collaborateurs ayant récemment voyagé au Mexique, aux Etats-Unis ou en Europe de rester chez eux « quelques jours » avant de revenir au bureau… histoire de vérifier qu’ils n’ont pas été infectés. Une politique de quarantaine recommandée notamment par les autorités municipales de Pune.
Chez Infosys, les collaborateurs installés à Pune ont dû réduire leurs déplacements dans et hors de la ville ; plus généralement, les déplacements entre les différents centres de développement du pays ont été limités.
TCS s’est fendu d’une notice d’information détaillée, de même que Wipro, Accenture ou encore la banque HSBC. Google a fermé pour quelques jours l’une de ses implantations indiennes pour la désinfecter complètement.