RockMelt, ou le retour d’Andreessen dans la course aux navigateurs
La montée en puissance du web 2.0, les misères des autorités antitrust faites à Microsoft ou encore le phénomène Firefox ont réouvert le jeu en matière de navigation Internet. Un an après le lancement de Chrome par Google, un autre larron se joint à la fête, promu par Marc Andreessen, pape du segment en son temps, alors qu’il concevait Netscape. RockMelt est encore au stade pré-Alpha, mais son pedigree en fait un candidat à surveiller.
Avec le lancement il y a quasiment un an de Chrome, l’opus de Google, on pensait que la liste des candidats à une place de choix dans la navigation Web était close. Mais un dernier larron semble vouloir damer le pion aux mastodontes du secteur, à commencer par Internet Explorer, le toujours leader navigateur de Microsoft. L’histoire pourrait déclencher une moue dubitative si, derrière le projet RockMelt, ne se cachait pas un acteur historique de cette brique essentielle au web : Marc Andreessen, l’un des deux fondateurs de Netscape, star des navigateurs dans les années 90. Rien d’officiel dans ce soutien jusqu’à présent, mais un faisceau d’indications.
RockMelt est officiellement en développement et est emmené par Eric Vishria et Tim Howes, des ex-Opsware ayant quitté l’éditeur en 2007 au moment de son rachat par HP. Un éditeur qui comptait parmi ses huiles Marc Andreessen. Depuis, ce dernier est resté très présent en tant qu’investisseur dans la Silicon Valley et ses faits et gestes – auréolés du précédent Netscape – sont toujours épiés par les commentateurs du secteur. Il y a quelques semaines il annonçait le lancement de sa propre société de capital risque. Il siège également aux conseils d’administration d’eBay et de Facebook et dirige Ning, son propre service de réseau social. Ce qui tombe plutôt bien puisque, si rien ne filtre des fonctionnalités réelles de RockMelt, la rumeur veut que le futur navigateur soit très orienté vers les réseaux sociaux et pourrait même intégrer en natif un accès privilégié à Facebook. Un peu comme le promeut Google avec Chrome, l’idée semble être de mixer navigation web et accès simplifié à des services en ligne, via l’outil lui même.
Concernant la part prise par Andreessen dans l’aventure RockMelt, et qui contribuerait à renforcer la légitimité du projet, les fondateurs sont muets mais, citant des sources anonymes, le New York Times affirme que l'engagement de l'ex star de Netscape est bien réel.
Le bon timing ?
Ironie de l’histoire, il se pourrait bien qu’Andreessen et l’équipe de RockMelt profitent du trou béant ouvert dans la cuirasse de Microsoft par la Commission européenne. L’éditeur de Windows avait en effet, au-delà des apports fonctionnels, profité à fond de la présence d’IE dans son OS pour l’imposer sur le marché et pousser Netscape vers la sortie. Or, au moins en Europe, Microsoft proposera à compter de la sortie de Windows 7 à l’automne prochain, un choix de navigateurs lors de la première connexion. Le jeu s’avérera alors beaucoup plus ouvert et si Firefox – qui s’appuie à l’origine sur les restes de Netscape - voire Chrome devraient en être les principaux bénéficiaires, rien ne dit qu’un navigateur innovant ne puisse faire son trou à la faveur de la recomposition du marché.