L'été meurtrier des SSII (1/3) : les grands noms disent merci à l'infogérance
On y voit plus clair dans le monde des SSII. Les résultats du premier semestre, que la plupart des sociétés ont publiés dans le courant de l'été, livrent quelques enseignements. D'abord, et ce n'est pas une surprise, l'infogérance sert d'amortisseur aux poids lourd du secteur. Ensuite, le second trimestre a marqué une réel décrochage de l'activité. Si ça ne redémarre pas en septembre...
Le printemps, son joli mois de mai... et ses résultats catastrophiques. Pour expliquer la décroissance - parfois spectaculaire - de leur niveau d'activité, les dirigeants des SSII font le compte des ponts de mai, des congés posés pendant ce mois, etc. Mais le compte n'y est pas : ce seul facteur ne suffit pas à expliquer le violent coup de frein qui a touché certains acteurs entre mars et juin, et dont témoignent les résultats annoncés dans le courant de l'été. Car, pour plusieurs fleurons des services, ce trimestre s'est traduit par un vrai retournement de l'activité, accompagné dans certains cas de décroissances à deux chiffres.
Face à ce constat, la seconde moitié de 2009 apparaît déjà cruciale pour certains acteurs, particulièrement pour les sociétés qui se sont lourdement endettées pour effectuer des acquisitions.
Première partie de notre bilan des résultats semestriels dans les services avec les poids lourds du secteur.
Capgemini ne rassure qu'à moitié
Dans la lignée de son exercice annuel 2008, la première SSII française signe une première moitié d'année 2009 assez solide : à 4,376 milliards d'euros, le chiffre d'affaires ne recule "que" de 2,2 % à taux de change et périmètre constant. En France, le recul atteint tout de même 4,6 %. Comme en 2008, l'activité est portée par la branche outsourcing, la seule en croissance sur un an. Tandis que les services de proximité (Sogeti) et le conseil souffrent particulièrement. Malgré le recours de plus en plus appuyé à ses centres de services offshore - où Cap effectue désormais près d'un recrutement sur deux -, la marge s'érode. A 6,6 %, elle recule d'un point sur un an. Le signe de la pression sur les prix qu'exercent les donneurs d'ordre.
Si la première moitié d'année du baromètre des services à la française rassurent (avec des profits toutefois en forte diminution), les perspectives annoncées par Cap ne laissent pas augurer d'une reprise de l'activité à la rentrée. Dans le communiqué, le groupe explique que son chiffre d’affaires pour le second semestre 2009 devrait "accuser une décrue comprise entre 4 et 6 % (à taux de change et périmètre constants) ce qui conduirait pour l’ensemble de l’exercice 2009 à une contraction de 3 à 4%." Une prévision dans la lignée du second trimestre de la SSII, où la décroissance de l'activité avoisine déjà les 4 %. (plus de détails)
Atos-Origin en léger mieux
Avec un chiffre d'affaires de 2,589 milliards d'euros sur les six premiers mois de l'année, soit un recul de 2,4 % en un an, Atos fait quasiment jeu égal avec Capgemini. En France, la SSII accuse même un recul moindre (1,9 %) que sa concurrente. Si le conseil (- 22,6 %) et l'intégration (- 9,3 %) souffrent beaucoup, l'infogérance et les systèmes de paiement de Atos Worldline sauvent la mise du groupe.
La seconde SSII française est parvenue à protéger sa marge qui est restée inchangée sur un an, à 4,6 %. Sans la faillite de son client Arcandor - pour laquelle Atos a dû passer une charge de 14 millions -, la profitabilité du groupe se serait même un peu améliorée par rapport au niveau de 2008. Première partie de la mission accomplie donc pour la nouvelle équipe dirigeante, emmenée par l'ex ministre des Finances Thierry Breton, qui avait promis une marge stable au premier semestre. Reste maintenant à relever l'autre défi que s'est fixé le groupe : relever sa marge au cours du second semestre, "de 50 à 100 points de base", selon les déclarations du nouveau Pdg de la SSII.
Logica sans trembler
Dans la même veine qu'Atos-Origin, Logica, la SSII anglaise qui a absorbé Unilog, doit sa résistance à la bourrasque économique à ses activités d'infogérance. Sur les six premiers mois de l'année, le groupe a dégagé 2,191 milliards d'euros, soit à périmètre comparable et taux de change constant un tassement de 2 % sur un an. Cette relative stabilité doit tout à la performance des activités d'infogérance, en croissance de 10 % sur un an. La marge opérationnelle du groupe s'accroît sensiblement, passant de 6,7 à 6,8 %.
A 468 millions d'euros, le chiffre d'affaires sur six mois de la filiale française recule d'un petit 2 %. Dans un communiqué, la SSII relève que Logica France enregistre une amélioration de son carnet de commandes, laissant espérer un retour de la croissance au second semestre.
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