+ 6 % : brutale accélération du nombre d’informaticiens au chômage en juillet
Les chiffres du chômage sont particulièrement mauvais pour les informaticiens. Le mois de juillet a connu la pire croissance du nombre de demandeurs d’emploi depuis le début de la crise. Désormais, plus de 5 % de la profession se retrouve sans emploi. Un taux très élevé pour le Munci qui réclame une action des pouvoirs publics et estime que les jeunes diplômés subissent la crise de plein fouet.
+6,15 % en un mois. Avec 25 900 demandeurs d’emploi de catégorie A – sans emploi donc – au mois de juillet, les professionnels de l’informatique viennent de connaître leur plus forte progression du chômage depuis le début de la crise. Une tendance d’autant plus inquiétante que sur l’ensemble des fonctions, la Dares, en charge des statistiques en matière d'emploi, enregistre sur la période un fort ralentissement de la croissance du nombre de chômeurs, avec "seulement" 10 700 demandeurs d’emploi supplémentaires. 10 % de ces nouveaux chômeurs seraient donc des informaticiens.
Selon, l’organisme statistique du ministère du Travail, « le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi de catégorie A s’établit à 2 535 200 en France métropolitaine fin juillet 2009. Ce nombre augmente par rapport à la fin juin 2009 (+ 0,4 %, soit + 10 700).
Sur un an, il croît de 25,6 % ».
Les jeunes diplômés en première ligne
Cet afflux important qui vient après quelques mois de répit fait passer symboliquement à la profession la barre des 5 % (5,2% exactement) de chômeurs. De quoi faire réagir du côté des associations de salariés. Pour Régis Granarolo, président du Munci (Mouvement pour une union nationale et collégiale des informaticiens), la forte croissance de juillet est une demi-surprise. « Nous observons traditionnellement une hausse du nombre de chômeurs en été dans le secteur. Là, visiblement, ce sont les jeunes diplômés qui trinquent et on assiste également depuis quelques semaines à pas mal de ruptures conventionnelles dans les entreprises. » Habituellement très alertes au moment de chercher à séduire les jeunes diplômés, les SSII sont cet été particulièrement discrètes sur ce front, laissant présager des débuts difficiles pour les promos 2009.
D’autant que, selon Régis Granarolo, « en plus de l’éclatement de la bulle des offres d’emploi et du gel des recrutements, les taux d’intercontrats ont quasiment doublé en moyenne. Du coup on observe des mouvements étranges en interne, comme la multiplication des missions déqualifiantes ».
Alerter les pouvoirs publics
Symboliquement, le Munci s’était fixé une côte d’alerte à 25 000 informaticiens au chômage. Elle est désormais dépassée et l’association professionnelle prévoit de passer à l’offensive. « Nous allons demander aux pouvoirs publics de réagir sur trois points. Tout d’abord, il faut mettre fin provisoirement à l’immigration économique qui concerne quand même quelques milliers de postes dans notre secteur. Dans les services, le taux de plein emploi est assez bas, entre 2 et 3 %, du fait d’une grande fluidité du marché. Là, avec plus de 5 % de chômage, on est loin du compte ». Autre piste que le Munci souhaite voir prendre par le gouvernement, celle de la limitation du recours au offshore. Pour Régis Granarolo « il faut prendre en compte les délocalisations d’activité de services au même titre que celles de l’industrie. L’Etat doit déréférencer des marchés publics – clés dans le secteur – les sociétés qui recourent excessivement à l’offshore. » Enfin, le Munci milite, comme l’ensemble des acteurs du secteur, pour une politique industrielle autour de grands projets à l’échelle européenne afin « de favoriser l’innovation dans le numérique et d’acquérir une plus grande indépendance technologique. »
Entre lueurs d’espoir et risques d’enlisement
Des politiques qui auront du mal à résoudre le problème à court terme. En juillet, au moment où sortaient les chiffres du chômage de juin, Nicolas Sarkozy avait appelé à ne pas sombrer dans le triomphalisme devant le ralentissement déjà important de l’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi. Il se pourrait en effet que le plus dur soit à venir. De l’avis de nombreux analystes, l’automne pourrait être catastrophique. Les effets techniques liés aux radiations seront passés et les nombreux plans de licenciements annoncés depuis plusieurs semaines entreront dans leurs phases actives, poussant des milliers de salariés vers les bureaux du Pôle emploi.
Pour le secteur IT, les signes positifs viennent plutôt de l’étranger avec des études qui commencent à évoquer une réallocation des budgets gelés pour 2010, voire dès la fin de l’année 2009 aux Etats-Unis. Si la théorie du décalage de phase, qui s’applique généralement à la France en matière de cycle économique dans l'IT, joue à plein, il reste probablement encore une année très difficile pour l’emploi dans le secteur.