En plein été, Oracle lâche les développeurs de JRuby
Début août, l'équipe de développement de Jruby, l'implémentation de Ruby dans la JVM, a quitté Oracle (Sun) pour rejoindre une start-up de Cloud Computing spécialisée en Ruby on Rails. Raison invoquée : l'abandon de Sun et le manque de transparence d'Oracle quant à ses intentions.
L'été aura presque passé l'information sous silence. Charles Nutter, Thomas Enebo et Nick Sieger, les piliers de l'équipe qui supervisait les développements de JRuby, l'implémentation de Ruby pour la machine virtuelle Java, ont annoncé début août quitter Sun pour rejoindre Engine Yard, un spécialiste de l'infrastructure Cloud et de l'hébergement reposant sur Ruby On Rails. Sans surprise, c'est le bien le flou artistique qu'entretient Oracle autour de la technologie qui a poussé les deux développeurs à quitter le navire Sun, après deux ans et demi de travaux.
Sur le blog d'Engine Yard, Charles Nutter explique officiellement rejoindre la société pour son expertise en Ruby et parce qu'elle constitue un havre de paix idéal pour le développement et l'évolution de JRuby. Mais ce discours dissimule en fait une des vraies raisons de ces départs : l'absence de roadmap précise concernant de Sun (sous l'ère Oracle) et ainsi que le désengagement du groupe de certains projets logiciels.
Un point souligné par nos confrères de SD Times, qui publient un entretien de Thomas Enebo et de ce même Charles Nutter dans lequel ce dernier s'explique : « l'incertitude de rester chez Sun nous pesait le plus. JRuby est un projet qui avance vite; sans discussion sur son avenir, sans discussion sur son évolution, c'était compliqué. Nous avons donc pensé qu'il était temps de bouger, et Engine Yard était très interessé par l'idée de promouvoir JRuby. Le choix a été difficile. Mais c'est presque comme si Sun nous avait quitté. » L'expression particulièrement claire d'un sentiment d'abandon.
Depuis le rachat de Sun, Oracle est resté muet quant à ses intentions sur certaines technologies développées ou soutenues par la firme. On se rappelle des épisodes autour de MySQL, notamment, la communauté de la base de données Open Source ne connaissant toujours pas ou peu leur sort.
Si la firme de Larry Ellison a toujours justifié l'acquisition du Californien en mettant en avant son intérêt pour tout l'environnement Java, il est étonnant que des projets comme JRuby lui échappent. JRuby constitue bien une passerelle entre deux technologies fortement implantées dans le monde du développement. Ruby, de son côté, connait actuellement une montée en puissance sur le Web. Le cabinet Evans Data revèle que le langage, qui s'engouffre dans la spirale du Saas et des langages de scripting – très en verve -, a enregistré une progression de 40% en un an chez les développeurs nord-américains.
Chez Engine Yard, JRuby, dont la version 1.4 est programmée pour septembre, devrait prendre de l'ampleur. Après s'être concentré sur l'implémentation des versions de Ruby, il s'agit désormais de faire de JRuby un langage de premier ordre pour la JVM [Java Virtual Machine, ndlr], confirme Charles Nutter, toujours sur le blog de la société. Avec pour objectif d'accroitre la communauté en piochant chez les développeurs Java. Une cible essentielle pour le langage, comme nous l'indiquait Laurent Juillard, directeur associé de Nuxos, société en développement et conseil autour du langage, à l'occasion de Paris On Rails 2008.
Au programme, le support de Hibernate (framework Open Source gérant la persistence des données relationnelles) et d'un ensemble de librairies Java comme JAX-RS (développement de services Web reposant sur REST -Representational State Transfer).