Résultats de Sun : service minimum pour décroissance maximum
La direction de Sun aimerait bien que ça se termine. Comprendre que le rachat par Oracle soit consommé. Car, en attendant, l'activité continue de se dégrader. Comme en témoigne le quatrième trimestre fiscal où le constructeur a vu notamment ses ventes de serveurs et de systèmes de stockage s'effondrer.
Pas d'actualisation du site, pas de communiqué, pas de conférence téléphonique. Pour l'annonce des résultats de son quatrième trimestre 2009 (clos fin juin), Sun n'a pas fait de frais. Il faut dire que l'annonce du rachat du constructeur par Oracle, en avril dernier, n'a manifestement pas suffi à rassurer les clients du Californien. A 2,62 milliards de dollars, les ventes s'écroulent de 30 % environ sur un an. Si le niveau d'activité avait déjà été annoncé (juste avant le vote des actionnaires, qui au vu de cet affaissement n'avaient guère de meilleur choix que d'approuver la fusion avec Oracle), Sun dévoile cette fois son résultat net. Le trimestre se conclut sur une perte de 147 millions, témoignant d'une sévère réduction des coûts en interne. Une dégradation d'ensemble qui rend la fusion avec la firme de Larry Ellison d'autant plus urgente. Rappelons que cette opération est encore suspendue à l'approbation de la Commission européenne.
Logiciel : trop petit pour compenser
La décroissance est particulièrement sévère dans l'activité produits (ventes de logiciels et de matériels), qui se replie de 37,9 % sur un an (à 1,48 milliard de dollars). Et, pour le stockage et les serveurs, l'activité décroit également par rapport au trimestre précédent, alors que le T4 est traditionnellement un bon crû pour le constructeur.
Particulièrement touchées, les ventes de serveurs Sparc (gamme Enterprise) et celles de systèmes de stockage sur disques ou sur bandes connaissent des reculs proches de 50 % en un an. Seuls les logiciels (Java et MySQL surtout) surnagent, permettant à cette branche de rester en croissance sur un an (+ 3,6 %). Mais le faible poids du logiciel dans le total - moins de 10 % - ne permet pas à Sun de compenser l'érosion des ventes dans le matériel (voir ci-dessous notre tableau avec l'évolution sur l'ensemble de 2009 des principales gammes de Sun).
De leur côté, les services se contractent de 18 % sur un an. Soit, pour les deux volets de l'activité de Sun, une accentuation des décroissances que connaissent les deux branches de Sun depuis son premier trimestre 2009. Dans son document transmis à la SEC, en plus des effets de la crise, la société reconnaît que "les incertitudes associées à la proposition de rachat d'Oracle" ont eu un impact négatif sur le chiffre d'affaires.
R&D amputée de 10 %
En année pleine, le groupe a engrangé 11,45 milliards de dollars, un recul de 17,5 % par rapport à l'exercice précédent. Les deux divisions de Sun - ventes de produits et services - affichent des décroissances sur les quatre trimestres de l'année 2009. Seule réelle satisfaction pour les actionnaires : le groupe est parvenu à limiter ses frais généraux de façon drastique : ils reculent ainsi de 20 % au quatrième trimestre par rapport à la période comparable de l'exercice 2008. Sun a par contre relativement protégé ses investissements de R&D, ceux-ci ne reculent "que" de 10 % environ sur l'ensemble de l'exercice.
Sur le terrain financier, le groupe affiche une perte de 2,23 milliards lors de l'exercice 2009, il est vrai plombé par des écarts d'acquisition (plus de 1,4 milliard). Du coup, le cash disponible, le trésor de guerre qui avait permis à Sun de passer les précédentes convulsions qu'avait connues le groupe, s'est encore réduit : il se limite désormais à moins de 1,9 milliard, contre près de 2,3 en début d'exercice. Et plus de 3,6 milliards au début de l'année fiscale 2008 du constructeur. Preuve qu'à ce rythme, il y avait, pour le direction du groupe, urgence à trouver un repreneur fortuné. Larry est passé par là.