France Telecom et Deutsche Telekom marient Orange et T-Mobile au Royaume Uni

Les deux opérateurs historiques français et allemand vont fusionner leurs filiales britanniques pour donner naissance au premier opérateur mobile britannique. A la clé, un géant avec 28,4 millions d'abonnés et un jeu de mécano industriel afin de rationaliser les réseaux, les systèmes d'informations et les organisations des deux opérateurs. Une manoeuvre qui ne se fera sans doute pas sans casse sociale.

Après des mois de spéculations et de discussions, les filiales mobiles britanniques de France Télécom et de Deutsche Telekom, T-Mobile UK et Orange UK, vont finalement fusionner pour donner naissance au premier opérateur mobile britannique avec plus de 28,4 millions d'abonnés et 9,4 Md£ de chiffre d'affaires. La nouvelle entité récupérera aussi les activités haut-débit fixe d'Orange au Royaume-Uni soit environ un million d'abonnés à l'ADSL (une activité que l'opérateur n'a pas réussi à développer de façon satisfaisante).
La co-entreprise née de la fusion sera détenue à 50/50 par les deux sociétés mères. Le mariage est bien sûr dépendant de l'aval des autorités de la concurrence européennes, mais les deux opérateurs estiment que la fusion pourrait être opérationnelle en Novembre.

France Télécom et Deutsche Telekom : Une réconciliation sous le signe de la rentabilité

Selon les deux opérateurs, les leçons du passé ont été retenues et les mécanismes de gouvernance sont en place pour éviter tout dissension. Il est vrai que les deux opérateurs ont intérêt à la réussite de l'opération. La rentabilité d'Orange UK s'est dégradée au cours des récentes années et T-Mobile est un boulet financier persistant pour Deutsche Telekom. En mariant le n°3 et le n°4 anglais, les deux opérateurs, espèrent réaliser de substantielles économies et améliorer de façon significative la rentabilité de leurs activités au Royaume-Uni.


Selon Tom Alexander, le PDG d'Orange UK et futur patron de la nouvelle entité, la fusion devrait permettre de dégager des gains de 445 M£ par an en Opex et de 100 M£ en Capex. Un tiers des économies proviendra de la consolidation des fonctions réseaux et IT des deux opérateurs, 1/3 de la consolidation de leurs réseaux de distribution et un tiers d'économies diverses. Le nouvel opérateur devrait notamment rationaliser ses sites radios - du fait du large recouvrement entre les réseau Orange et T-Mobile - et ne conserver que 14 000 à 15 000 sites, contre 23 000 aujourd'hui - 13 000 pour Orange et 10000 pour T-Mobile. Les réseaux de transport et coeurs de réseau des deux opérateurs devraient aussi converger de même que les systèmes informatiques.

Un nouveau nom et quelques questions en suspens

Au cours des 18 prochains mois, le nouvel opérateur devrait continuer à opérer sous les deux marques Orange et T-Mobile, pour ensuite se choisir une nouvelle identité. Le plan de fusion prévoit ainsi un financement pour un « rebranding » de l'opérateur en 2011. Ironiquement la marque Orange, née au Royaume-Uni et adoptée depuis par France Télécom pour la plupart de ses activités dans le monde, pourrait donc disparaître de son pays d'origine...

Mais la recherche d'un nom ne devrait pas être le seul obstacle sur la route du nouvel opérateur. La fusion des deux opérateurs ne devrait pas se faire sans couacs techniques et devrait nécessiter de considérables efforts de planification pour minimiser l'impact sur les clients. Il faudra aussi résoudre l'épineuse question du devenir des activités ADSL d'Orange, dont le développement est au point mort depuis près de deux ans.

La fusion pose aussi de nombreuses questions en matière d'harmonisation des offres à l'international, un chemin sur lequel s'était lancé France Télécom en développant ses offres de convergence fixe-mobile dans ses principaux pays d'implantation. Le nouvel opérateur devra notamment décider si la convergence fixe mobile, fer de lance de la stratégie historique d'Orange reste une priorité.

Des conséquences sociales sans doute importantes

France Télécom et Deutsche Telekom restent discrets sur l'impact humain de cette fusion, mais il est évident à la lecture des données fournies dans les présentations de l'opérateur que l'opération ne sera pas sans conséquences sur l'emploi. Si les effectifs venaient à être réduits à la hauteur des autres paramètres, il faudrait sans doute tabler sur une réduction de 15 à 20% du nombre de salariés (soit 3 000 à 4 000 emplois) du fait de la consolidation des fonctions marketing, techniques et administratives des deux opérateurs. Et c'est sans compter l'impact sur les sous-traitants largement utilisés par Orange au Royaume-Uni.

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