SAP : les services résistent, malgré le recul des ventes de licences

Si l'éditeur de progiciel souffre, ses partenaires intégrateurs et outsourceurs gardent globalement le sourire. Grâce à une TMA en plein boom, le marché des services autour de SAP va rester en croissance même en 2009, selon une étude de Pierre Audoin Consultants. Et ce, malgré la pression sur les prix et l'offshore, qui grignotent cette progression.

Selon une étude de Pierre Audoin Consultants (PAC), les services (conseil, intégration et TMA) autour de SAP restent le premier marché autour d'un applicatif pour les SSII. Dans le monde, ce secteur représente 9 % du total du marché des services (à 27,4 milliards d'euros). Dans ce total, la France pèse 5 % (à 1,4 milliard d'euros), contre 7 % pour la Grande-Bretagne et 17 % pour l'Allemagne. "Malgré des ventes de licences en recul de 30 à 40 % pour l'éditeur, ce segment des services résiste au retournement de tendance", explique Eric Ménard, de PAC. Le cabinet prévoit ainsi que le marché des services SAP en France restera en territoire positif (de 1 à 2 %) en 2009. Avec, pour leaders, Accenture, Capgemini et Logica.

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Une rentrée encourageante
Si le conseil et l'intégration ont connu un tassement en raison de la crise, Eang Ang Ong, associé en charge de la practice SAP chez IBM Global Business Services, se montre optimiste pour la rentrée. "En ce moment, le marché repart très vite. Je pense que les compétences vont de nouveau se raréfier", explique le dirigeant. Pour sa collègue Colette Boon, s'y ajoute la complexité grandissante de l'environnement SAP, tant technique que métier. "Et plus l'environnement du progiciel se complexifie, plus l'offshore gagne du terrain, car c'est là, désormais, que se trouvent les compétences", explique cette spécialiste de l'Application Management autour de SAP.
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De la TMA à l'Application Management

En réalité, cette stabilité du marché autour des services SAP résulte entièrement de la croissance de la TMA (tierce maintenance applicative), qui sert "d'amortisseur". Alors que le conseil et l'intégration connaîtront un recul de 3 % en 2009 selon PAC (et même plus dans les pays aux économies matures), la maintenance externalisée, elle, devrait afficher une croissance comprise entre 8 et 10 %. Pas vraiment une surprise.

"Dans l'environnement SAP, le ticket d'entrée est cher. Une fois le progiciel en place, les entreprises veulent le rentabiliser, explique Eang Ang Ong, associé en charge de la ligne de services SAP chez IBM Global Business Services. De facto, le terme TMA est devenu réducteur, car il n'intègre pas les transformations. Les anglo-saxons parlent désormais d'Application Management, pour décrire le nouveau périmètre de la maintenance". Selon IBM, cette évolution pousse les grands comptes à mettre en place des TMA intégrées au projet et conçues en amont, des prestations souvent captées par l'intégrateur du projet.

Offshore, un phénomène déflationniste

Conséquence : le marché français de la TMA autour de SAP connaîtra une croissance moyenne de 9,1 % sur la période 2009-2013, selon les prévisions de PAC. Il pèsera alors plus d'un tiers du marché des services autour du PGI dans l'Hexagone, contre 28 % en 2008. Une progression rythmée par la conclusion de grands contrats comme ceux signés récemment par SFR, Total, EADS, Schneider ou Renault. Et encore, cette progression est-elle enrayée par la pression sur les prix qu'exercent des donneurs d'ordre de plus en plus avertis et par l'offshore. "Sur la 2ème vague de projets de TMA (des renouvellements de contrats donc, ndlr), on assiste à du cost-cutting pur, explique Eang Ang Ong. Sur les gros appels d'offre de TMA, si la réponse d'un prestataire ne comprend pas de volet offshore, il est débarqué dès le premier tour de la consultation".

 
Migration vers ECC 6.0 : pas de bousculade
10 à 15 % de la base installée passée à ECC 6.0 en 2008. Et 25 à 30 % prévu pour 2009. Les grands comptes ne se bousculent pas pour aller vers la dernière version du PGI. "Beaucoup de ces migrations sont purement techniques, sans volonté d'augmenter le périmètre fonctionnel de la solution. Dans ces cas de figure, le recours à l'offshore est massif et dépasse parfois les 50 %", explique Eang Ang Ong, associé en charge de la practice SAP chez IBM Global Business Services.
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Selon lui, même si les grands comptes tentent encore de masquer - en interne et en externe - ce recours à l'offshore, la délocalisation atteint entre 20 et 40 % des volumes d'une TMA. "La répartition entre équipes offshore et locales n'est pas homogène d'un client à l'autre, précise Eang Ang Ong. Elle varie également en fonction de l'avancement du contrat". Selon PAC, les TMA en offshore pesaient environ 200 millions d'euros en France en 2008. Dont un peu plus de 40 millions pour le seul environnement SAP (soit plus de 10 % du total de l'activité TMA autour du progiciel). Selon Frédéric Giron, directeur des études de PAC, en 2009, la TMA (toutes applications confondues) progressera de 8 à 9 % en chiffre d'affaires en 2009, mais de plus de 15 % en volume. Un écart qui témoigne de la baisse des prix moyens de prestation, baisse notamment due à l'offshore. La confirmation des tendances déjà à l'œuvre en 2008.

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