Satyam va mieux, mais des zones d’ombre demeurent
Neuf mois après l’éclatement du scandale qui a conduit à son rachat par Tech Mahindra, Satyam se porte mieux. Celle qui fut la quatrième SSII indienne vient d’envoyer des signes de rétablissement, notamment sur le front social. Mais le rétablissement semble loin d’être complet.
C’est un signe d’éclaircie : Mahindra Satyam va rétablir la part variable des salaires de 28 000 de ses collaborateurs, à compter ce mois d’octobre. Satyam avait suspendu le versement de la part variable des salaires au mois d’avril pour faire face à ses difficultés financières, une part variable pouvant représenter un bonus de 10 à 30 % du montant de base de la rémunération, en fonction du niveau hiérarchique. Le paiement de la moitié de cette part variable est contractuellement garanti ; celui de la seconde moitié dépend de paramètres tels que la performance de l’entreprise, celle du collaborateur, et celle de sa division.
Toujours sur le front des ressources humaines, Mahindra Satyam a commencé à rappeler des collaborateurs placés, au plus fort de la tourmente, en inter-contrat forcé, le « Virtual Bench » ; près de la moitié des 7500 salariés concernés auraient ainsi retrouvé une activité. Enfin, les 35 000 collaborateurs que compte la SSII devraient profiter d’augmentations de salaires.
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Mais ce n’est pas le seul signe d’éclaircie dans le ciel de Satyam. Outre-Atlantique, la SSII – qui avait été exclue des marchés publics de la Banque Mondiale en 2008 – a vu le cours de son action passer de moins de 1$ le 15 janvier dernier, à près de 7 $ le 9 septembre, portant à plus de 2,1 Md$ sa capitalisation boursière. Un niveau toujours inférieur à celui d’avant le scandale, mais tout de même bien meilleur qu’en début d’année.
Toujours d’importantes zones d’ombre
L’ancien PDG contraint de quitter sa prison dorée |
Ramalinga Raju a été victime d’une crise cardiaque, début septembre. Agé de 55 ans, l’ancien PDG de Satyam à l’origine du scandale a été hospitalisé en soins intensifs. En plus de problèmes cardiovasculaires, les médecins ont diagnostiqué une hépatite C. Ces problèmes de santé devraient retarder la tenue du procès. Le gouvernement indien reste néanmoins déterminé à tourner rapidement la page de cet épisode douloureux pour l’image du pays. Ce transfert à l’hôpital a au moins le mérite de mettre un terme à la polémique relative aux conditions d’emprisonnement de Ramalinga Raju : selon la presse indienne, l’ancien PDG jouirait ainsi « de privilèges spéciaux – d’un nouveau court de badminton à une dose quotidienne de poisson ou de viande ». |
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Par la voix de son ministre des affaires corporates, le gouvernement indien a exprimé, ce samedi 12 septembre, sa volonté d’obtenir un jugement dans un délai d’un an. Le gendarme indien des marchés boursiers (Sebi) a cependant estimé de son côté qu’il faudrait au moins un an pour achever l’enquête.
D’ici là, Mahindra Satyam devra répondre devant la justice américaine des charges déposées à son encontre par le britannique Upaid. Et ce, dès janvier 2010. Upaid réclame 1 Md$ de dommages intérêts pour falsification de documents, fraude et rupture de contrat. Mahindra Satyam fait également l’objet de 13 actions collectives aux Etats-Unis.
Restaurer la confiance des investisseurs |
Derrière l’affaire Satyam, il y a, pour le gouvernement et les multinationales d’origine indienne, la volonté de redorer une image écornée par le scandale. De manière très représentative, la Banque Mondiale et l’International Finance Corporate ont récemment rétrogradé l’Inde à la 133ème place du classement des pays où il fait bon faire des affaires, derrière des voisins tels que le Pakistan (85ème place), le Bangladesh, le Népal ou encore le Sri Lanka. Du coup, le gouvernement communique beaucoup autour d’un dispositif d’alerte avancée visant à lutter contre les fraudes comparables à celle orchestrée par l’ancien PDG de Satyam, sur la base, notamment, de la surveillance attentive des déclarations publiques, des communications financières publiques, etc. Un pilote a déjà été mis en place avec le gendarme indien des marchés boursiers (Sebi) et une cinquante de grandes entreprises du sous-continent. Aucun calendrier précis pour la suite du projet n’a été communiqué pour le moment. |