Avec le rachat d'Omniture, Adobe vise à donner de nouveaux arguments à Flash
Faire d’une pierre deux coups. C’est l’aspiration qui semble avoir présidé à la décision du rachat annoncé aujourd’hui d’Omniture par Adobe. Avec le portefeuille du spécialiste de l’analyse marketing du trafic Web, le spécialiste de création multimédia peut, en effet, à la fois renforcer la position de ses outils de création dans les agences de marketing en ligne et, dans le même temps, consolider celle de Flash sur le Web, face à des Silverlight et autres JavaFX.
Adobe vient d’annoncer le rachat, pour 1,8 Md$, d’Omniture. Ce dernier est spécialisé dans l’analyse et l’optimisation du trafic Web, pas sur un plan technique mais commercial. Sa solution Online Marketing Suite intègre des applications dédiées à l’acquisition de visiteurs, à leur conversion, à l’analyse du trafic ainsi qu’à celle des résultats de plusieurs canaux de diffusion différents. Le tout fournissant des tableaux de bord et pouvant s’intégrer, côté entreprise, à des outils de CRM, de centre d’appel, de kiosque de service, etc. et, côté Web, à des moteurs de recherche ou à des réseaux de diffusion d’annonces. Omniture propose également des services de conseil, dans le même domaine.
Intégrer les outils d’Omniture
Dans un communiqué, Adobe explique que l’intégration de capacités d’optimisation au sein de ses outils de création de contenus doit permettre aux développeurs et aux annonceurs en ligne « d’industrialiser la création et la fourniture de contenus et d’applications. Cette optimisation permettra aux annonceurs, aux agences publicitaires et aux commerçants en ligne d’obtenir un meilleur retour sur leurs investissements dans des contenus médias numériques tout en améliorant l’expérience de l’utilisateur final. » Rien que ça.
Remporter la bataille du Web
En fait, cette nouvelle acquisition semble, de prime abord, s’inscrire dans la stratégie très volontaire d’Adobe dans le domaine des applications Web riches. Quel que soit le domaine concerné, et quel que soit le public visé. Une façon pour l'éditeur de maintenir Flash à sa place et d’empêcher un Microsoft, notamment, de venir piétiner ses plates-bandes avec Silverlight. Une manière encore de repousser Oracle, qui, avec le rachat de Sun, hérite de JavaFX. En 2008, Adobe a ainsi lancé l’Open Screen Project, donnant un coup de fouet à Flash sur le terrain de la mobilité, des RIA et du poste client. Une façon de viser directement Silverlight et JavaFX.
Mais les applications Internet riches, c’est aussi le commerce et la publicité en ligne. Adobe semble l’avoir bien compris et vouloir s’attacher tout particulièrement à développer et consolider sa présence sur ces terrains. Le rachat de Business Catalyst et de sa filiale GoodBarry, spécialisées dans la création de plateformes de commerce électronique, début septembre, allait clairement dans ce sens. Adobe devrait détailler un peu plus ses intentions lors d’Adobe MAX 2009, sa conférence développeurs, du 4 au 7 octobre à Los Angeles.
Redynamiser le cœur de l'offre |
Pour le troisième trimestre de son exercice fiscal en cours, clos le 28 août, Adobe a réalisé un chiffre d’affaires de près de 700 M$ - soit environ 200 M$ de moins qu’un an plus tôt -, pour un bénéfice net de 167,6 M$ - contre 219,5 M$ l’an passé. Si, dans un communiqué, l’éditeur se satisfait de la « solidité » de ses résultats dans le contexte actuel, le ton serait plus nuancé, en privé. C’est du moins ce qu’indiquent savoir nos confrères de Business Week. Selon eux, la direction d’Adobe trouverait que le cœur de son offre, la Creative Suite, ne recevrait pas tout le succès qu’elle mérite. Et des acquisitions seraient les bienvenues pour porter la croissance. Celle d’Omniture pourrait tout naturellement s’inscrire dans cette logique, en apportant aux agences de communications en ligne une solution complète, depuis la création jusqu’à la négociation des tarifs publicitaires et à la gestion des supports. |