IBM mise sur Power 7 pour conforter sa suprématie sur le marché Unix
Big Blue a achevé le développement du Power7, la dernière déclinaison de sa puce serveur. Cette version, dont les caractéristiques techniques sont impressionnantes, devrait faire son apparition dans une nouvelle génération de serveurs, attendue pour le premier semestre 2010.
A l'occasion d'une visite du site d'IBM à Austin, LeMagIT a pu rencontrer Ron Kalla, le responsable du design du Power 7 (en photo ci-dessous), la puce qui doit motoriser la future gamme de serveurs Unix de Big Blue, attendue au premier semestre 2010.
Alors qu'Intel multiplie les retards sur le prochain Itanium (nom de code "Tukwila") et que la roadmap de Sun a été une nouvelle fois chamboulée avec l'annulation des puces UltraSparc RK (Rock), IBM produit ses puces Power avec une régularité d'horloger. Surtout, Big Blue continue à pousser les feux de son architecture et affiche des caractéristiques techniques impressionnantes. De quoi permettre au géant des serveurs de poursuivre sur son impressionnante lancée de gains de parts de marché face à ses concurrents HP et Sun (Big Blue approche désormais la barre des 40 % de parts de marché sur le segment Unix).
Des performances quatre fois supérieures au Power 6
Le Power 7 est un processeur fabriqué en technologie SOI et gravé en 45 nm sur 11 couches de métal. Il dispose de 8 cœurs chacun capable de traiter jusqu'à 4 thread (fils d'exécution) en parallèle. Chaque cœur est épaulé par 256 Ko de cache de niveau 2 dédié et la puce dispose d'un vaste cache partagé de niveau 3 en technologie eDRAM (32 Mo). Chaque processeur dispose de deux contrôleurs mémoire chacun capable de gérer quatre canaux de mémoire DDR-3 (via un étage de buffer). Avec des puces DDR-3 à 1 600 MHz, la bande passante mémoire de chaque processeur devrait ainsi atteindre 100 Go/s. A titre de comparaison, la bande passante mémoire du plus performant des Xeon 5500 d'Intel est de l'ordre de 32 Go/s (si toutefois on se limite à l'usage de la première banque de DIMM, sinon elle s'effondre rapidement et peut retomber à 19 Go/s). Au total, la puce Power 7 embarque 1,2 milliard de transistors et occupe un espace de 567 mm2. Mais, si l'on considère que le cache en technologie eDRAM est bien plus économique en transistors qu'un cache SRAM traditionnel, le Power 7 a en fait l'équivalent de 2,7 milliards de transistors.
Selon Ron Kalla, IBM a fusionné les unités de calcul vectoriel et de calcul en virgule flottante du Power 6 pour donner naissance à une nouvealle unité de calcul dont les performances sont impressionnantes. Malgré la réduction annoncée de fréquence (IBM ne précise pas pour l'instant les plages de fréquences auxquelles sortiront les puces), le Power 7 le plus rapide devrait afficher une performance en virgule flottante près de 8 fois supérieure à celle du Power 6. Globalement, Big Blue indique qu'un Power 7 sera au moins quatre fois plus rapide qu'un Power 6.
Premiers serveurs au premier semestre 2010
IBM devrait proposer ses premiers serveurs à base de Power 7 dans le courant du premier semestre 2010. Comme actuellement, le haut de gamme maison devrait embarquer 32 processeurs en configuration SMP massive (avec une future appellation Power 795 ?). Cette machine devrait être capable de traiter 1024 threads en parallèle.
Big Blue promet une migration en douceur depuis les systèmes Power 6 grâce notamment à la possibilité de déplacer des machines virtuelles des serveurs actuels vers l'hyperviseur des futurs systèmes Power 7. IBM promet aussi des mises à jour des serveurs de milieu de gamme par remplacement des cartes processeur et ce, tout en conservant l'UUID (le numéro de châssis) des machines. Ce qui préserve la possibilité de continuer à amortir comptablement les systèmes existants.
Sur les serveurs Power Systems 595 (rappelons que le nom n'avait pas évolué à l'occasion de la migration entre Power 5 et 6), les clients pourront extraire les actuels "livres processeurs" Power 6 (cartes processeur dans la terminologie IBM) pour les remplacer par leurs équivalents Power 7, sans rien changer d'autre à leurs systèmes. Un mode de compatibilité Power 6, offert dans le Power 7, permet en effet de garantir une mise à jour sans évolution logicielle du serveur. L'opération requérera toutefois un arrêt planifié du système pour le remplacement des livres processeurs et il sera impossible de faire cohabiter dans un même système Power 6 et Power 7.