Les entreprises boudent l’iPhone pour les applications métiers
Son entrée dans les entreprises ne suffit pas à faire de l’iPhone un outil professionnel. Malgré quelques applications emblématiques, il peine en effet à devenir une plateforme de développement pour solutions métiers. Un phénomène qui peut, en partie, s’expliquer par certaines limitations imposées par Apple. Pour le reste, c’est le marché qu’il convient de blâmer.
L’entrée de l’iPhone dans les entreprises – notamment par la poche des PDG – ne suffit pas à en faire un outil professionnel. Pour François Chaney, co-fondateur du studio de développement Skrobs, les budgets des entreprises, pour l’iPhone, sont « surtout des budgets communications » : « parfois, on nous appelle parce que l’entreprise veut être sur l’iPhone, mais sans savoir précisément pourquoi ni comment. » Ce qui laisse finalement peu de place aux applications métiers, même si certains éditeurs se sont lancés, outre-Atlantique, sur ce créneau. Une situation que regrette François Chaney : « avec tout ce que permet l’iPhone, il serait vraiment possible de faire de très belles choses. » Mais Apple n’est pas complètement pour rien à cette situation.
Une liberté limitée pour les développeurs
« Il y a deux types de programmes développeurs pour iPhone, le standard et l’entreprise, à 300 $. Avec le second, on peut déployer en interne dans une entreprise. » Mais c’est à l’entreprise cliente, donc, qu’il incombe de souscrire au programme. Sinon, c’est un vrai souci : « le développeur standard est limité à 100 testeurs par an [en utilisant l’identifiant unique du téléphone, NDLR] ; dans une entreprise, le nombre de personnes à enrôler dans le programme de test peut vite monter. Et une fois que la phase est finie, il faut un an pour récupérer chaque place de testeur libérée… Ce n’est vraiment pas pratique pour les développeurs qui veulent travailler en régie ; finalement, le programme de développement d’Apple n’est pas très adapté au développement pour des tiers. »
Mais alors, n’y a-t-il pas moyen de s’appuyer sur le Framework de développement rapide, à la façon d’un 4D, par exemple, pour concevoir des applications légères, façon applet Java [non supporté par l’iPhone, NDLR], à installer indépendamment d’Apple ? Pas gagné : « on peut l’imaginer, mais le problème se pose de la mise en place d’un tel outil dans l’App Store. » En clair, rien ne garantit qu’Apple accepte de distribuer un tel outil… Un souci qui renvoie à la politique du constructeur en terme de validation : « le risque est de passer beaucoup de temps à développer un cadre applicatif de ce type pour le voir ensuite rejeter par Apple. » François Chaney ne crache pas dans la soupe : « sans l’App Store, Skrobs n’existerait pas. Mais c’est parfois un peu fatiguant. Il est arrivé que l’on se fasse refuser une application ; qu’on la re-soumette sans changer une ligne de code et… qu’elle passe. »
Avant tout un support de communication
Au final, donc, l’iPhone semble largement perçu et exploité par les entreprises et les prestataires de services comme un support de communication : « c’est une façon de montrer que l’on est à la pointe. » Et François Chaney de révéler qu’un homme politique de premier plan, aurait récemment commandé une application, et pas pour un service public. « D’autres y viendront sûrement ; certains sont vraiment techno addicts. »