Dell : « après Perot, attendez-vous à d'autres acquisitions dans les services »
Si le rachat, il y a quelques jours, de la SSII Perot Systems concrétise les ambitions de Dell dans les services, la portée de l'opération reste nord-américaine. Mais, selon un dirigeant européen du constructeur, ce rachat pourrait n'être que le premier d'une série visant à asseoir la crédibilité du Texan sur le marché des services.
Quelques jours après l'annonce du rachat de l'Américain Perot, première offensive d'envergure de Dell dans le monde des SSII, Dolph Westerbos (ci-contre), vice-président pour les solutions et les services du groupe en Europe (toute l'activité hors PC), a précisé la stratégie du constructeur texan dans son virage vers les services. Un virage entamé tardivement alors que HP et plus encore IBM ont déjà accompli leur révolution culturelle. Même si Dell insiste sur le fait que son entité services est déjà plus importante (5 milliards de dollars) que l'activité qu'il rachète (2,8 milliards de dollars).
D'autres acquisitions à prévoir...
"Clairement, l'acquisition de Perot va d'abord bénéficier à nos activités américaines, avec un renfort de poids sur le secteur de la santé et du gouvernement," explique Dolph Westerbos. "Perot Systems n'a qu'une présence limitée en Europe, principalement en Grande-Bretagne. Il ne serait pas surprenant que cette opération soit suivie d'autres acquisitions dans les services, dans d'autres régions du monde". Si Perot est effectivement un acteur significatif aux Etats-Unis - principalement dans le secteur public, et surtout la santé (47 % du CA pour ce seul segment) -, sa présence reste anecdotique en Asie et en Europe. C'est donc sur ces deux continents que Dell pourrait piocher dans son trésor de guerre (10 Md$ avant le rachat de Perot) pour faire de nouvelles emplettes. Avec pour cible notamment, un renforcement dans les services applicatifs, Dell ayant déjà développé son propre portefeuille de services dans l'infrastructures. "C'est une de nos motivations dans le rachat de Perot," ajoute Dolph Westerbos. "Ce dernier réalisé 40 % de son chiffre d'affaires dans l'applicatif".
Dell-Perot : un délit d'initié révélé aux Etats-Unis |
Les autorités américaines ont déposé une plainte hier contre un homme qui, via ses activités chez Perot a appris l'annonce imminente du rachat de la SSII par Dell. Ce Texan en a profité pour s'enrichir de 8,6 millions de dollars. Il a tout simplement acheté des options sur des titres de la SSII avant l'annonce, puis les a revendues après que l'accord ait été rendu public. Rappelons que Dell a proposé un prix de rachat 68 % au-dessus du cours de clôture du titre Perot vendredi dernier. Dans la journée de lundi, l'action de la SSII s'est donc envolée de plus de 60 %. |
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... mais peut être pas le "big deal"
De quoi relancer les spéculations autour d'un Atos-Origin par exemple ? Si l'on interprète les déclarations de Dolph Westerbos, peut-être pas. "Nous arrivons plus tard que d'autres dans le jeu," explique le dirigeant européen. "Mais avec notre stratégie propre, basée surtout sur des services délivrés à distance via un ensemble de technologies". Bâtie notamment via des rachats dans le logiciel (MessageOne, ASAP Software, etc.), cette offre en mode Saas a été baptisée Modular Services par le Texan.
"En rachetant Perot, nous gagnons en crédibilité dans les services, mais nous ne noyons pas notre stratégie par une fusion avec une société de très grande taille", explique Dolph Westerbos. Un coup de griffe pour HP qui a opté pour l'option inverse avec le rachat d'EDS et de ses 140 000 salariés. Bref, une cible importante comme Atos-Origin (50 000 personnes env.) ou Logica (40 000) ne semblent pas entrer dans la stratégie du Texan. Du moins, selon le discours officiel. Une façon aussi pour le constructeur de tranquilliser ses partenaires traditionnels, dont Atos et Cap, avec lequel il collabore sur certains contrats d'outsourcing.