Choix du navigateur dans Windows 7 : une ruse de Microsoft, selon un groupe de pression
Pour mettre fin à ses différends avec la Commission européenne, concernant les liens qui unissent Internet Explorer à Windows, Microsoft a proposé de donner aux utilisateurs européens le choix d'un autre navigateur au premier lancement d'IE. Insuffisant selon l'ECIS, un groupe de pression réunissant Adobe, IBM, Nokia, Opera, Oracle, Red Hat ou encore Sun. Ce dernier critique l'implémentation de la solution.
Faux semblants ? En acceptant, en juillet dernier, de découpler Internet Explorer (IE) de son futur OS, Windows 7, Microsoft avait, sur le papier, cédé à l'une des principales exigences de la Commission européenne, en conflit avec l'éditeur sur plusieurs sujets, dont celui des liens qui unissent son navigateur à son OS. Mais Redmond va-t-il au bout de ses louables déclarations d'intention ? Non, selon l'European Committee for Interoperable Systems (ECIS), un groupe de pression reconnu par la Commission européenne et comprenant Adobe, Corel, IBM, Nokia, Opera, Oracle, RealNetworks, Red Hat et Sun. Selon cette association qui regroupe pas mal d'adversaires de Redmond, si le premier éditeur mondial a cédé sur la forme - en proposant un écran à choix multiples permettant de télécharger un navigateur alternatif au premier lancement d'IE -, l'implémentation de cette solution laisse à désirer.
Confirmations et boîtes de dialogue "entretenant la confusion"
Cité par le Wall Street Journal qui révèle l'affaire, Thomas Vinje, l'avocat de l'ECIS, explique : "Microsoft a habilement trouvé un moyen d'accepter la suggestion de la Commission consistant à proposer une fenêtre de choix du navigateur (ballot screen), mais a concrétisé cette idée de façon totalement inefficace" pour les utilisateurs. Selon l'ECIS, opter pour un navigateur alternatif depuis la fenêtre proposée par Microsoft aboutit, pour l'utilisateur, à des fenêtres de confirmation et des boîtes de dialogue "inquiétantes et entretenant la confusion". Le "ballot screen" (capture ci-dessous) de Microsoft renferme des liens pour télécharger Firefox (Mozilla), Safari (Apple), Chrome (Google) et Opera (de la société éponyme).
Premières réserves officielles
Condamné en 2004 à amende de 497 millions d'euros - pour des questions d'interopérabilité de ses systèmes -, Microsoft est de nouveau tombé sous le coup d'une enquête de la Commission en janvier 2009 pour les liens unissant IE à Windows. L'UE demandait à l'éditeur de fournir une solution technique pour donner aux consommateurs le choix de leur(s) navigateur(s), une exigence à laquelle Microsoft avait d'abord répondu par l'absurde : la suppression d'Internet Explorer dans Windows en Europe (avec une version dite E). Avant de finalement proposer la solution du ballot screen en juillet dernier.
Dans le courant de l'été, la Commission avait demandé aux autres éditeurs de navigateurs, ainsi qu'à d'autres acteurs de l'industrie, d'apporter leurs commentaires sur la solution proposée par Redmond. Si Mozilla et Opera avaient déjà fait part de leurs remarques, l'ECIS est la première organisation à annoncer publiquement avoir transmis des réserves à la Commission.