Logiciels et services : la France résiste, mais les défaillances d'entreprises augmentent
A trois mois de la fin de l’exercice, le cabinet Pierre Audoin Consultants affine ses perspectives et dresse un premier bilan de l’horrible année 2009. Des conclusions contrastées avec un marché global en net recul, mais une activité plutôt plus résistante que la moyenne en France. Quelques sociétés sont cependant à bout de souffle et la reprise sera plutôt molle. Les activités d’externalisation devraient le plus en profiter.
L’année 2009 sera définitivement mauvaise en France, mais ce sera souvent pire ailleurs. Pierre Audoin Conseils (PAC) vient de livrer ses derniers chiffres concernant le marché des logiciels et des services. Des chiffres qui confirment qu’il y aura bien décroissance en 2009. Le cabinet estime néanmoins que « même si la fin de l'année reste incertaine, le marché français résiste mieux que ses voisins européens. »
Une résilience face à la crise qui suit finalement celle de l’économie générale. Ainsi, selon PAC, avec une décroissance du marché des logiciels et services informatiques de l'ordre de 1 % en 2009, la France devrait se situer au-dessus de la moyenne européenne (-1,5 %), et en particulier au-dessus de pays comme l'Italie, les Pays-Bas, l'Espagne et les Pays-Bas. C'est aussi mieux que la moyenne mondiale, que PAC évalue à - 1,6 %. Le verdict du cabinet français rejoint d'ailleurs celui de Forrester, qui lui aussi voyait l'Hexagone moins affecté que la plupart de ses voisins.
Chute moins sévère qu'en 2002
Selon PAC, le marché français devrait enregistrer une croissance nulle sur les services informatiques (maintenance matériel, conseil, intégration de systèmes, infogérance, TMA), et une décroissance de près de 4 % sur les produits logiciels (applicatifs, outils et infrastructures). Des chiffres qui jurent comparés à ceux de 2008 (une croissance de 5,3 % dans les services et de 5 % dans l’édition logicielle), mais la chute s’avère finalement moins brutale qu’en 2002, au lendemain de l’explosion de la bulle Internet, tempère PAC.
Parmi les facteurs expliquant ce retournement, PAC cite l'allongement des cycles de décision d'investissement, le gel, voire l'annulation des projets, la réduction des coûts, la redéfinition à la baisse des périmètres de projets... Le cabinet de conseil insiste sur la réduction drastique des coûts, tant au niveau de la valeur globale des contrats que du coût unitaire (TJM dans les services, coût par utilisateur dans le logiciel).
Restent quelques lueurs d’espoirs avec notamment la bonne tenue des SSII, dont PAC estime qu’elles « ont retenu la leçon de la précédente crise et sont mieux armées pour traverser celle-ci », que ce soit à travers l’industrialisation des process, un meilleur positionnement sur le marché ou encore une gestion plus rigoureuse des RH. Une résistance qui aura d’autant plus permis de limiter la casse que « PAC n'anticipe qu'une chute temporaire de la dépense informatique des entreprises, limitée à l'année 2009. »
Si le gros du peloton passe la bourrasque, le cabinet note toutefois une hausse du nombre de défaillances d'entreprises sur la seconde moitié de l'année. Résultat, PAC anticipe un mouvement de consolidation sur les petites et moyennes sociétés du secteur. Des rapprochements qui pourraient être synonymes de casse sociale alors que – l’arrivée sur le marché des jeunes diplômés aidant – les chiffres du chômage des informaticiens sont particulièrement préoccupants depuis deux mois.
2010 : une année de transition
Dans le détail, toutes les activités ne sont pas logées à la même enseigne. Côté conseil et intégration ou encore vente de logiciels, le ralentissement est brutal, avec une chute comprise en 3,6 et 3,8 % sur 2009. PAC explique qu’au contraire « les prestations d'externalisation (infogérance, BPO et TMA) connaissent une croissance significative malgré de fortes pressions sur les prix, grâce à de gros contrats et une très forte activité commerciale sur la TMA et l'infogérance d'infrastructure en particulier. La croissance sur l'ensemble du marché externalisation est attendue à 6 % en 2009. »
Pour 2010, PAC anticipe une reprise faible avec un dégel des projets qui se fait d’ores et déjà sentir. Ce redémarrage devrait se poursuivre graduellement jusqu’à retrouver un rythme plus soutenu en 2011.