Atos-Origin : le tassement s'accentue au troisième trimestre, la réduction des coûts aussi

Le conseil qui dévisse, l'intégration à la peine et l'infogérance qui poursuit sa progression. Les tendances déjà à l'œuvre chez Atos-Origin depuis des mois n'ont fait que se renforcer au cours du troisième trimestre. Les mesures drastiques de réduction des coûts du plan Top de Thierry Breton commencent à porter leurs fruits.

Chez Atos-Origin, les trimestres se suivent et les tendances ne font que s'accentuer. Si l'outsourcing (infogérance, Wordline et BPO médical) progresse de 3,6 % (à 740 millions d'euros, soit 60 % du total), cela ne suffit pas à compenser la chute sévère de l'intégration, l'autre poids lourd dans l'activité de la SSII. A 435 millions d'euros, cette dernière encaisse un -14 % sur un an. Mais aussi -8 % par rapport au second trimestre, lui même très faible. Pour le conseil, en grande difficulté depuis de nombreux trimestres, le recul est encore plus spectaculaire, avec un -34 % sur un an. Dans ces deux activités, les niveaux de baisse enregistrés sont supérieurs à ceux du premier semestre, montrant une nouvelle dégradation de ces activités. A 54 millions d'euros, le conseil ne pèse qu'un peu plus de 4 % du CA total de la firme. Un effritement qui pourrait augurer d'un rapprochement avec la branche intégration, un mouvement déjà à l'œuvre dans d'autres SSII. "Vu la tendance, Atos-Origin est en train de sortir de ce marché", estime Brice Thébaud, analyste chez Aurel BGC. Ces chiffres confirment les tendances entrevues dans les récents résultats d'Accenture, lui aussi plombé par ces segments de son activité.

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Carnet de commandes en berne

Globalement, à 1,23 milliard d'euros, l'activité recule de 5,6 %, soit plus du double de la décroissance enregistrée au premier semestre. Ce recul ne prend pas en compte les cessions d'actifs opérées par la SSII (AEMS Bourse notamment). Les prises de commandes montrent, elles aussi, des signes de faiblesse : le ratio prises de commandes sur facturation tombe à 88 % au troisième trimestre, contre une moyenne de 104 % sur les neuf premiers mois de l'année. Le carnet de commandes recule ainsi légèrement passant de 7,5 milliards à la fin du premier semestre à 7,3 milliards à la fin du troisième trimestre. "Le carnet de commandes, mal orienté, ainsi que l'essouflement de la croissance de Wordline (moins de 1 %, ndlr) font douter, commente Brice Thébaud. Atos-Origin n'est sauvé que par les contrats d'outsourcing signés en Grande-Bretagne (notamment avec le Home Office) et en France (avec Vivendi-Canal+). Reste une question : à quelles conditions Atos a-t-il remporté ces contrats ?".

Ce sont les deux principales géographies du groupe (France et Benelux) qui expliquent, en grande partie, le recul. La première accuse une baisse de 6,3 % (à 258 millions d'euros), tandis que la seconde chute de près de 18 % en un an, en raison "du poids des activités cycliques de conseil et de régie", explique la SSII dans un communiqué. Le Benelux se voit même dépassé par le Royaume-Uni, qui grâce à l'infogérance et au BPO, progresse de plus de 12 %.

2 000 employés en moins depuis la fin 2008

Si l'activité ne semble pas stabilisée - loin s'en faut -, la SSII met en avant les progrès accomplis dans sa maîtrise des coûts, les résultats du plan Top (Total Operational Performance), un programme comprenant une vingtaine de projets d'amélioration des performances,  piloté par Charles Dehelly, le directeur général adjoint de la SSII arrivé dans les bagages du Pdg Thierry Breton. Ainsi, les effectifs du groupe sont passés de près de 51 000 personnes en fin d'année 2008 à environ 48 900 en septembre 2009, via le gel des recrutements (hors jeunes diplômés et offshore). Une façon pour Atos de jouer sur la pyramide des salaires. Dans les pays à bas coût, la SSII est souvent considérée comme en retard sur ses concurrents. Mais le groupe affirme avoir recruté deux cents personnes en Inde au troisième trimestre, sans toutefois préciser la taille de ses effectifs sur le sous-continent.

Autre axe de réduction des coûts : les intercontrats. Essentiellement regroupés dans la branche intégration, ceux-ci sont passés de plus de 1 600 au début 2009 à moins de 1000 à la fin du troisième trimestre. Rappelons que, comme nous l'avions révélé, Atos-Origin a mis en place plusieurs mesures pour réduire ce niveau : réaffectation de salariés travaillant dans l'intégration à la branche infogérance (dans des conditions dénoncées par les syndicats), remplacement de sous-traitants (1 900 en moins sur les neuf premiers mois de l'année), encouragement à passer au temps partiel. Le plan Top intègre encore une vaste restructuration immobilière. Notamment le regroupement des équipes franciliennes à Bezons (95), alors que le groupe entendait d'abord déménager à Montrouge.

Objectif de marge confirmé

Sur le troisième trimestre, la SSII a poursuivi son désendettement. La dette nette s'établit désormais à 293 millions d'euros, 35 millions de moins que trois mois plus tôt. La société maintient le principal objectif fixé par Thierry Breton, son Pdg, lors de son arrivée : une amélioration de la marge qui doit, sur l'ensemble de l'année 2009, être comprise entre 5,3 et 5,8 %. Rappelons qu'avec 4,8 % de marge opérationnelle sur l'année 2008 (hors activités cédées durant l'année), Atos-Origin figurait dans le wagon de queue des grandes SSII hexagonales.

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