Systèmes embarqués : la France se veut le moteur de l'Europe en matière d'innovation
La conférence Embedded Systems Week donne un coup d'éclairage sur le marché des systèmes embarqués en France et de la place qu'il occupe dans l'Europe. Poussé par le pôle de compétitivité Minalogic, ainsi qu'un important tissu industriel, l'embarqué trouve ses lettres de noblesse à Grenoble.
Invisibles mais omniprésents. C'est le sentiment que l'on a lorsqu'on aborde le sujet des systèmes embarqués et que l'on parcourt les allées des conférences Embedded Systems Week et Embedded Linux conference, deux événements, la main dans la main, entièrement dédiés à la cause de l'Embarqué qui se sont déroulés les 15 et 16 octobre dernier à Grenoble. Objectif : profiter de l'élan et de l'expertise de la région en matière de nano-technologies - poussé notamment par le pôle de compétitivité Minalogic - pour promouvoir le marché des systèmes embarqués.
Concrètement, les systèmes embarqués, « sont constitués de puces électroniques sur lesquelles fonctionnent des logiciels dédiés à l'exécution de fonctions spécifiques ; le tout étant destiné à être intégré dans des sous-ensembles, équipements, appareils et produits divers », explique le Syntec Informatique dans son livre blanc sur le sujet, publié en juin 2009.
Il s'agit en fait de « l'autre » informatique, celle invisible que l'on retrouve aussi bien dans les produits grands publics, comme les appareils photos ou les téléphones portables, que celle présente dans les solutions de gestion de chaine de production d'usine – très critique donc – où se croisent les métiers de l'automatisme et de l'informatique.
Aujourd'hui, les systèmes embarqués se trouvent surtout dans les secteurs de l'automobile, de l'avionique et du ferroviaire, assure Laurent Julliard, directeur Groupe de travail EmSoC (Système embarqué sur puces) au sein de Minalogic (voir encadré). « Mais ils restent également au coeur des enjeux sociétaux, comme sur le segment du développement durable ou encore celui de la Santé ». Une mise au vert, finalement, comme pouvait le laisser entrevoir le Forum Ocova en matière d'objets communicants – un maillon indissociable des systèmes embarqués.
« Le projet Santé [vieillissement de la population oblige, NDRL] a réuni 70 sociétés au sein de Minalogic, principalement dans le domaine de l'assistance à la personne, de la chirurgie assistée et dans l'administration de médicaments », ajoute-t-il.
Développement durable automatisé
Schneider Electrics y présentait son projet Homes, qui vise à construire une infrastructure de réseaux et de capteurs sans fil pour bâtiments intelligents. Entièrement contrôlable depuis une interface Web, le système permet d'ajuster le niveau de lumière, de réguler la chaleur, et de régler les capteurs environnementaux ou encore de contrôler les prises électriques. L'ensemble fonctionne grâce un réseau sans fil ZigBee où l'ensemble des appareils et capteurs sont intéropérables. « Il s'agit de fédérer un ensemble d'action autour de la consommation énergétique », explique Jean-Louis Bergerand, responsable Architecture Système et Logiciel chez Schneider Electric.
Encore la gestion de la consommation d'énergie chez la société UXP, dont la solution Micropral Energy, sous forme de boitier, facilite la mise en oeuvre d'applications de contrôle et de régulation de l'efficacité énergétique.
Une région au centre de l'Europe
Cet engouement pour l'embarqué est notamment poussé par la force de la région grenobloise en matière de nano-technologie, insiste-t-il, et le pôle Minalogic fait office de vaisseau amiral, soutenu par d'importants industriels comme ST Micro ou Schneider Electric, ainsi que par des instituts de recherche dont le CNRS et l'Inria.
Et pour cause. Le marché français du système embarqué, s'il reste pour l'heure réduit, tire par le haut l'expertise européenne, affirme Laurent Julliard.
Aujourd'hui, le secteur emploie 220 000 ingénieurs en France et 34 000 créations d'emplois sont prévues d'ici à 2011, dont 19 000 chez les éditeurs et SSII et 15 000 chez les industriels (Source Syntec Informatique). La marché de l'Embarqué a affiché un chiffre d'affaires de 4 milliards d'euros en 2006 et suivi un rythme de croissance de 13% en 2007 et 2008. Avant d'être ramené à 5% en 2009, crise oblige. Quelques 400 éditeurs et 1 700 intégrateurs occupent aujourd'hui le terrain des systèmes embarqués en France.
Cette place centrale, l'Europe a tout a y gagner, explique Joseph Sifakis, directeur de recherche au CNRS, dans un entretien accordé au MagIT. Aujourd'hui le marché reste très fragmenté, compartimenté par un ensemble d'éditeurs qui interviennent sur des niches métier. Un monde sans standardisation, sans méthode d'industrialisation transverse. Et sans gros éditeur qui vient imposer ses solutions.
En découle alors des modes de développement et des critères qui tranchent avec les développements traditionnel, semble dire Joseph Sifakis. Une programmation qui marie sureté et sécurité dans la création d'un logiciel. Ce segment pourrait alors séduire nombre de développeurs en sortie de formation, attirés par l'approche pragmatique des activités industrielles. A mi-chemin entre l'automaticien et l'informaticien.
En savoir plus
Minalogic, les nano-technologies poussent à Grenoble |
Fort de ses 150 membres et 232 projets labellisés, le pôle de compétitivité Minalogic, localisé à Grenoble est le 2e pôle français derrière System@tique, qui est lui en région parisienne. Sa spécialité : les micro-nano technologies et le logiciel embarqué. Les projets labellisés Minalogic couvrent alors les secteurs de la mobilité, de l'efficacité énergétique de la santé et de l'autonomie, rappelle Laurent Julliard, directeur groupe de travail EmSoc (Système embarqué sur puces). Aujourd'hui, Minalogic offre une place à des projets autour du développement durable, de l'efficacité énergétique et de la Santé. Le pôle a par ailleurs ouvert une activité GreenIT il y a 6 mois, histoire de prendre en compte ce nouvel enjeux pour les datacenters. Minalogic s'intéresse également à l'intelligence ambiante, un concept censé émerger d'ici 5 ans et qui vise à rendre les objets réactifs aux changements environnementaux. |