Innovation : SAP mise sur BO pour faire patienter les utilisateurs
SAP n'a pas réservé de grosses surprises aux nombreux participants de sa conférence utilisateurs européenne, qui se déroule actuellement à Vienne (Autriche). L'éditeur explique juste en avoir fini avec la modernisation de son socle, et être désormais en mesure d'innover rapidement sur le front des processus. En attendant, les utilisateurs doivent se contenter des nouveautés amenées par les ex-BO, l'éditeur de décisionnel racheté en 2008.
Mise à jour le 28 octobre, à 11h50
Certes, la démonstration est brillante. Mais elle n'en reste pas moins une justification répondant à une critique de moins en moins sourde du marché : SAP peine à innover, à définir la nouvelle frontière du transactionnel. Ce mardi 27 octobre au matin, lors de sa conférence utilisateurs à Vienne (TechEd), Jim Hagemann Snabe, membre du conseil d'administration de l'éditeur et responsable du développement de l'ensemble du porte-feuille de produits, a tenté de couper court à ces critiques. En se basant sur l'exemple du succès de l'AppStore, qui repose sur la disponibilité de la 3G, le dirigeant a martelé que "l'innovation rapide a besoin de stabilité".
Une façon d'expliquer la priorité donnée par SAP à la transition de son architecture vers la SOA. "Nous avons passé les 4 ou 5 dernières années à moderniser notre suite, pour la rendre totalement prête pour la SOA. Avec Business Suite 7, nous disposons maintenant de processus métiers de bout en bout. Et nous ne les avons pas achetés, nous les avons construits avec, en tête, la cohérence des données".
Unification des interfaces : la méthode SAP |
200 000. C'est, selon Jim Hagemann Snabe, responsable du développement de l'ensemble du porte-feuille de produits de SAP, le nombre d'écrans que compte la dernière version de l'ERP maison, Business Suite 7. Autant dire qu'unifier l'ensemble des interfaces de cette masse d'écrans n'est pas une mince affaire. Dans un premier temps, dans son dernier ERP, l'éditeur a unifié l'aspect des écrans. "Petit à petit, nous redéfinissons les paradigmes de ces interfaces", a précisé Jim Hagemann Snabe. "Par exemple, sur le module de Talent Management (gestion des compétences), nous avons regroupé dans un seul écran des fonctions auparavant dispersées sur 42. Mais l'important, c'est que c'est le client qui choisit l'interface qu'il souhaite : il peut ainsi préférer conserver ses 42 écrans !" |
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Au tour des processus et des interfaces ?
Bref, selon Jim Hagemann Snabe, les fondations - architecture SOA, interface unifiée (voir encadré) - sont en place pour accélérer sur les deux autres volets de la stratégie maison : la disponibilité d'extensions, permettant d'élargir ou de customiser des processus, et la facilité à consommer l'information, via les fonctions analytiques. D'autant que, selon lui, l'éditeur peut désormais s'appuyer sur les quelque 17 000 clients dans le monde qui ont au moins un système à architecture SOA en œuvre (contre 11 800 il y a un an).
Pour Jim Hagemann Snabe, les équipes de R&D de l'éditeur disposent maintenant d'une base stable pour innover dans des segments permettant aux entreprises de se différencier. Une façon d'avouer tout de même que la migration vers les architectures SOA n'en est en soi pas une... Sans faire aucune annonce, le responsable de toute la stratégie produit de SAP promet de nouvelles extensions des processus en place, soit via des solutions installées sur site (signées SAP ou d'éditeurs tiers) soit via des offres on demand. Un domaine où l'Allemand, même s'il dit ne croire à ce modèle que comme un complément de l'ERP installé sur site, affiche un sérieux retard. Comme déjà annoncé en juin dernier, l'offre se concentre pour l'instant sur quatre modules (CRM, gestion des achats et gestion des émissions de carbone, gestion des dépenses), soit déjà commercialisés, soit en passe de l'être. La stratégie de l'éditeur autour de ce sujet a été reprise en main il y a un an par un ex-Oracle, John Wookey.
Charger les métadonnées, plus pertinent que racheter Sun
En réalité, comme c'est le cas chez l'Allemand depuis quelques mois déjà, les principales nouveautés de ce TechEd reviennent aux ex-équipes de Business Objects. En novembre, sortira la seconde version d'Explorer, le moteur de requêtes connecté à l'entrepôt de données BW. C'est aussi cet outil qui, le premier, exploite ce que SAP appelle la technologie In Memory, consistant à charger en mémoire la cartographie des données de la base, réarrangées en colonnes (s'y ajoutent des techniques de compression pour optimiser l'utilisation de la mémoire). La promesse de temps de réponse améliorés, mais aussi d'une remise en cause des bases de données telle qu'on les connaît aujourd'hui, souligne SAP jamais avare d'une pique contre le grand rival, Oracle.
Car, cette technologie, Jim Hagemann Snabe (en photo ci-contre) promet de l'étendre à l'ERP. "Toute l'industrie ne parle que des optimisations qu'amènerait la consolidation entre infrastructures, SGBD et applications (allusion transparente à la fusion Oracle-Sun, ndlr). Mais la technologie In Memory me paraît bien plus pertinente car elle permet de simplifier drastiquement les applications et la structure des données", a expliqué le dirigeant. Mais sans toutefois donner plus de précision quant à la disponibilité des premières offres : "nous devons d'abord déterminer jusqu'à où nous pouvons aller". In Memory sera en tout cas adopté pour le module d'analyse de Business ByDesign, l'ERP en mode Saas pour PME que l'éditeur tente de pousser sur le marché depuis de nombreux mois... Là encore avec bien des déboires : sorti en version 2.0 en mai dernier, ce produit affiche déjà plus de deux ans de retard sur les objectifs initiaux. Et la discrétion de l'éditeur concernant la diffusion de l'ERP - qui n'est toujours disponible que dans six pays (dont la France) - ne laisse guère à penser que SAP est en train de rattraper son retard.